Plusieurs technologies émergentes, dont l’intelligence artificielle (IA), menacent directement la vie privée et les droits fondamentaux des travailleurs et des citoyens. Le Commissariat à la protection de la vie privée (CPVP) du Canada consulte présentement sur une liste de propositions pour encadrer l’IA. Le SCFP y a présenté un mémoire qui soulève d’importantes préoccupations, surtout pour les travailleurs des secteurs sous compétence fédérale.
C’est une initiative importante compte tenu de l’expansion de l’IA dans plusieurs milieux de travail et collectivités où nos membres travaillent et vivent. Les membres du SCFP, notamment ceux qui évoluent dans le secteur portuaire et celui des communications, subissent déjà les impacts de l’IA.
Les gouvernements doivent répondre aux préoccupations relatives à la protection de la vie privée en lien avec la marchandisation des données, l’intelligence artificielle et l’apprentissage automatique. Cet enjeu est encore plus crucial à la lumière des dangereuses violations des droits à la confidentialité des données commises par certaines entreprises peu scrupuleuses. Le SCFP estime qu’il faut adopter une approche axée sur les droits : les données personnelles devraient être protégées en tant qu’extension du droit à la vie privée.
Le SCFP encourage le CPVP à prévoir des mécanismes pour encadrer l’utilisation de l’IA sur les lieux de travail, ainsi que la collecte, le stockage et l’utilisation des données qu’elle entraîne. Le CPVP devrait exiger une analyse détaillée des répercussions potentielles sur la vie privée, en particulier lorsque des tâches liées aux technologies Internet (TI) sont sous-traitées à des tiers. Il est essentiel que les travailleurs et leurs représentants syndicaux possèdent le droit de donner ou non leur consentement préalable et éclairé à la collecte, à l’utilisation ou à la divulgation de toutes leurs données.
Le CPVP devrait aussi se pencher sur les situations où les employeurs utilisent l’IA pour évaluer ou surveiller leurs employés ou des employés potentiels. Par exemple, le recours à l’IA dans la gestion des ressources humaines suscite déjà des inquiétudes en ce qui concerne certaines pratiques discriminatoires.
« Les travailleurs et le public doivent pouvoir donner leur consentement éclairé avant que des systèmes décisionnels automatisés ne soient mis en place », souligne le mémoire du SCFP. « Les travailleurs, leurs représentants syndicaux et le public ont besoin de savoir comment et pourquoi leurs données sont collectées, stockées et utilisées. Certains ensembles de données de masse sont déjà utilisés d’une manière qui viole les droits fondamentaux et le droit à la vie privée des individus. »