Depuis plus de 15 ans, les quatre plus grands syndicats canadiens du secteur public (SCFP, AFPC, STTP et SNEGSP) travaillent de concert avec les organisations populaires et les syndicats de la Colombie pour organiser des échanges de solidarité entre les travailleurs des deux pays.
Les syndicats canadiens ont travaillé fort pour mettre sur pied la Frontlines Initiative (Initiative des premières lignes) afin d’appuyer certains des activistes et organismes les plus militants et les plus vulnérables de Colombie. L’objectif de toutes les délégations qui se rendent en Colombie dans le cadre de cette initiative est de renforcer la solidarité entre les travailleurs canadiens et colombiens du secteur public afin de lutter plus efficacement contre la privatisation des services publics et de soutenir le fragile processus de paix en Colombie.
Une délégation vient de rentrer au Canada après une tournée de deux semaines en Colombie. Les membres de la délégation ont rencontré des travailleurs et des militants dans plusieurs communautés du pays. Deux des organismes hôtes étaient des partenaires du SCFP dans notre lutte pour la justice mondiale, soit NOMADESC, l’Association pour l’enquête et l’action sociale, et SINTRACUAVALLE, un syndicat de travailleurs des services des eaux. La consœur Donna McCarthy, membre de la section locale 5047 du SCFP et présidente du comité des droits de la personne du SCFP de la Nouvelle-Écosse, et Kelti Cameron, la conseillère du SCFP spécialisée en solidarité internationale, faisaient partie de la délégation.
Sur place, les membres de la délégation ont rapidement constaté que la peur de la violence est exacerbée et omniprésente chez les militants, les dirigeants et les citoyens des communautés visitées. Un accord de paix a été signé entre les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC-EP) et le gouvernement colombien, mettant fin à 50 années de conflit armé. Les espoirs que cet accord mette fin à la violence étaient élevés. Malheureusement, nos partenaires estiment que le modèle de développement économique colombien axé sur l’investissement étranger et la privatisation alimente davantage la violence que les conflits armés.
Une semaine avant notre arrivée, un important leader et défenseur des droits de la personne, Temistocles Machado (Don Temis), a été assassiné dans la ville portuaire de Buenaventura. Don Temis a été l’un des leaders de la grève civile de 2017 durant laquelle des centaines de milliers de membres des communautés autochtones et afro-colombiennes sont descendus dans la rue pour protester contre le manque de services publics et la négligence du gouvernement. Pendant 22 jours, ils ont bloqué la plus importante route commerciale de Colombie. Les membres de la délégation ont rencontré les membres du comité de grève. Ils étaient bouleversés par l’assassinat de Machado et craignaient d’être les prochaines victimes. Un représentant du NOMADESC a déclaré : « Souhaitons que la paix ne coûte pas la vie à ceux qui ont survécu à la guerre. »
En Colombie, l’écart entre les riches et les pauvres est saisissant. Le pays a le plus haut taux de pauvreté et d’inégalités en Amérique latine. Le fossé entre la minorité de riches et la majorité de pauvres n’ayant pas accès à des services publics sert de catalyseur pour ceux qui s’opposent au modèle de développement économique en place. SINTRACUAVALLE continue de lutter contre la privatisation de l’eau et de revendiquer l’accès des communautés rurales à leurs propres usines communautaires de traitement des eaux. Ce faisant, les membres du syndicat de travailleurs des services des eaux s’attaquent aux racines des conflits armés et préparent la voie à l’instauration d’une véritable paix dans ce pays.