Aujourd’hui, le ministère de l’Éducation a annoncé la mise sur pied d’un projet pilote pour les enfants autistes. Selon les travailleurs scolaires affiliés au SCFP-Ontario, certains aspects du projet sont inquiétants pour l’avenir de l’accessibilité de l’éducation publique.
Terri Preston, présidente du Comité de coordination des conseils scolaires au SCFP-Ontario : « Nous représentons 13 000 aides-éducateurs qui travaillent fort, avec l’aide des autres travailleurs scolaires et des parents, au développement et à la prestation de programmes éducatifs personnalisés, afin d’aider les élèves ayant des besoins particuliers, y compris ceux qui sont autistes. Ces travailleurs craignent toute initiative qui ouvre les portes à la privatisation de ces services cruciaux dans nos écoles. »
Dans son annonce, le gouvernement décrit un projet pilote qui expérimentera avec la présence d’exploitants privés qui prodigueront une « thérapie » par analyse comportementale appliquée (ACA) dans onze conseils scolaires ontariens. Ils travailleront directement avec les élèves autistes sur les heures de classe.
« Les parents d’enfants ayant des besoins particuliers, y compris les enfants autistes, ont absolument le droit de s’attendre à ce que leur enfant reçoive les services dont il a besoin à l’école, des services entièrement financés et prodigués par l’État, rappelle le président du SCFP-Ontario, Fred Hahn. Ils ne devraient pas avoir à trouver du financement externe, à trouver un fournisseur privé ou à payer des frais de leur poche pour assurer la réussite scolaire de leur enfant. Ça, c’est la responsabilité de l’État. Et l’État, au lieu d’abdiquer son rôle aux mains d’exploitants privés, devrait financer adéquatement les services requis par les enfants ayant des besoins particuliers. »
En Ontario, on critique depuis longtemps le financement des services pédagogiques aux élèves ayant des besoins particuliers. Celui-ci ne répond pas aux besoins complexes et variables des élèves. Les conseils scolaires ontariens rapportent souvent dépenser plus dans les services à ces élèves que ce que leur fournit l’État.
« Nous, travailleurs scolaires, raconte Mme Preston, savons ce dont ces élèves ont besoin : plus de soutien de la part du personnel de première ligne. C’est pourquoi nous avons négocié, dans le cadre des pourparlers sur le prolongement de la convention collective, une enveloppe de 52 millions de dollars sur deux ans pour ajouter du personnel qui travaillera avec les élèves ayant des besoins particuliers. Or, malgré cet argent frais obtenu à l’arraché, il faut en faire plus pour combler les besoins complexes de cette catégorie d’élèves. Il faut que l’État revoie, enfin, sa formule de financement. »
Depuis que le gouvernement conservateur de Mike Harris a coupé dans le budget de l’éducation, il y a plus de 20 ans, les experts réclament une nouvelle formule de financement. Avant leur retour au pouvoir, en 2003, les Libéraux ontariens s’étaient engagés à revoir la formule, mais ils ne sont jamais passés à l’acte. Un réexamen de la formule, y compris du financement des services de soutien aux élèves ayant des besoins particuliers, s’impose.
Le projet pilote annoncé par le ministère de l’Éducation prévoit aussi d’accroître l’accès à la formation en thérapie ACA pour les aides-éducateurs de dix-huit conseils scolaires ontariens.
« Bon nombre d’entre nous ont déjà une formation ACA ou intègrent les principes de l’ACA à leurs interventions auprès des élèves, explique Laura Walton, aide-éducatrice et vice-présidente du Comité de coordination des conseils scolaires au SCFP-Ontario. Les aides-éducateurs mettent constamment à jour leurs compétences et leurs connaissances, à leurs propres frais dans bien des cas. Ainsi, toute occasion de suivre une formation financée par l’État est la bienvenue. Nous réclamions au gouvernement d’offrir des occasions de perfectionnement professionnel, y compris en ACA, aux aides-éducateurs et à tous les travailleurs scolaires qui cherchent à combler les besoins complexes de nos élèves. »
Le SCFP-Ontario représente 260 000 travailleurs dans la province, dont plus de 60 000 travailleurs scolaires répartis dans les quatre systèmes scolaires ontariens.