Message d'avertissement

Attention : cette page est tirée de nos archives. Il se pourrait que notre site Internet contienne des informations plus récentes sur ce sujet. Pour le savoir, utilisez notre moteur de recherche.

Nous sommes solidaires des actions parallèles se déroulant au Canada et en Amérique latine, le 1 août, en guise de protestation contre l’imposition, aux collectivités, de projets d’extraction des ressources naturelles à grande échelle et tout particulièrement des activités minières industrielles, qui peuvent avoir des effets très négatifs sur le bien-être des populations autochtones et non autochtones.

Le Canada abritant 60 pour cent des sociétés minières cotées en bourse au monde et étant une source importante d’investissement dans le secteur minier de plusieurs pays latino-américains, la promotion agressive de l’industrie minière canadienne réalisée par le gouvernement du Canada est honteuse, particulièrement à la lumière des violations répétées des droits des personnes et des collectivités dans les collectivités touchés par les activités minières. Le gouvernement canadien refuse d’appliquer les contrôles obligatoires sur son industrie minière outre-mer, malgré de nombreuses recommandations à ce sujet (comme la Convention internationale sur l›élimination de toutes les formes de discrimination raciale des Nations unies).

Au récent Sommet des Amériques tenu à Cartagena, en Colombie, le premier ministre Stephen Harper a consacré la majorité de son discours devant les chefs de gouvernement et d’entreprise à promouvoir l’industrie minière canadienne : « L’avenir réserve un accroissement des investissements miniers du Canada à travers les Amériques, chose qui sera bonne pour notre prospérité collective et qui, par conséquent, sera une priorité de notre gouvernement. »

En faisant référence à des lois environnementales que son gouvernement s’affairait alors à vider de leur contenu par le biais du récent projet de loi omnibus sur le budget, Harper a présenté la stabilité des lois et de la réglementation canadiennes, un bas taux d’imposition et la simplification des évaluations environnementales comme des éléments nécessaires afin d’attirer les investissements étrangers canadiens dans la région. Avec cynisme, il a mentionné l’importance des sciences dans les résultats des études environnementales, tandis qu’au pays, il muselle les scientifiques travaillant pour l’État et les congédie massivement.

Faisant fi de la prolifération des conflits dans plusieurs sites miniers détenus par des sociétés canadiennes, de l’Argentine au Mexique, le premier ministre a de plus souligné dans son discours que le Canada consacre maintenant une partie de son budget d’aide au développement à l’étranger à la création de partenariats entre les ONG et les sociétés minières. Pourtant, il existe des preuves solides confirmant que les activités minières à grande échelle ont tendance à saper le développement durable et à compromettre l’avenir des collectivités touchées.

En fait, ces communautés sont sapées non seulement par les projets miniers, mais par la forme même du cadre juridique qui, selon Harper, devrait rester stable et dont le Canada fait la promotion, avec l’aide de groupes financiers internationaux comme la Banque mondiale et des gouvernements étrangers.

Rappelons qu’en Colombie, où Harper a prononcé son discours et où près d’une douzaine de manifestations sont prévues pour le 1 août, le Canada a fourni du soutien technique dans l’élaboration de l’actuelle loi sur les mines qui a eu pour effet d’ouvrir le secteur minier du pays aux investissements étrangers. Les investisseurs canadiens comptent parmi les principaux bénéficiaires de ces réformes; ils sont aussi en bonne position pour profiter encore plus du nouvel Accord de libre-échange canado-colombien, qui consolide les droits des entreprises sans protéger les collectivités et l’environnement. De plus, bien qu’il ait accepté de produire un rapport annuel sur les droits de la personne à l’entrée en vigueur de cet accord, le gouvernement canadien a confirmé les soupçons voulant que cette mesure ne fût que de la poudre aux yeux pour permettre l’adoption de l’accord par le parlement. En effet, ce printemps, il a publié un document de dix-huit pages ne comportant pas une seule ligne sur les droits de la personne. Selon les groupes de la société civile colombienne, leur gouvernement n’a rien publié non plus.

Entretemps, la Colombie demeure le pays où il est le plus dangereux d’être syndicaliste. Elle affiche le plus haut taux de déplacements internes au monde; dans les régions riches en ressources minières, on compte un nombre stupéfiant de violations des droits de la personne. Les menaces à l’égard des défenseurs des droits de la personne étaient en hausse en 2011, surtout celles contre les leaders des communautés déplacées et les personnes demandant à récupérer les terres dont ils ont été dépouillés à tort, principalement par des groupes paramilitaires. En outre, l’octroi aveugle de concessions minières a entraîné encore plus d’insécurité et de conflits, puisque celles-ci empiètent souvent sur des aires naturelles protégées, d’importantes sources d’eau, des territoires appartenant aux autochtones et aux peuples afro-colombiens et des terres consacrées à l’agriculture ou aux activités minières artisanales ou à petite échelle.

Dans un tel contexte où les lois favorisent les sociétés minières, où le gouvernement canadien et l’industrie canadienne exigent des politiques publiques rigides qui protègent leurs intérêts dans les Amériques au détriment de la démocratie, des droits de la personne et de l’environnement, les promesses de responsabilité sociale volontaire de l’entreprise privée sonnent creux et ont l’odeur d’un terrible deux poids, deux mesures. Aucune société minière canadienne n’accepterait un cadre volontaire qui régirait son accès à l’eau et aux terres dans le cadre de ses activités commerciales. Or, les paysans autochtones et les populations rurales et urbaines de l’Argentine jusqu’au Mexique découvrent que les mesures qui protègent leurs terres, leur eau et leurs vies passent trop souvent après celles qui protègent l’investissement privé. D’ailleurs, lorsque ces personnes dénoncent la situation, elles sont souvent victimes de répression, de criminalisation, de menaces et d’attaques.

Cette action illustre l’opposition collective aux politiques corporatistes de l’industrie extractive et du gouvernement canadien. Elle annonce la constitution d’un mouvement hémisphérique de plus en plus coordonné qui accuse cette industrie d’abus systématiques.

En ce Jour d’action continentale contre la méga-extraction canadienne des ressources naturelles, nous exhortons les Canadiennes et les Canadiens à s’informer sur les pratiques injustes des minières et leurs effets sur les communautés canadiennes et étrangères, pratiques auxquelles participent trop souvent des sociétés canadiennes, des sociétés auxquelles nous sommes nombreux à participer sans le savoir par le biais de régimes collectifs d’épargne publics et privés. De plus, un trop grand nombre de nos institutions publiques, dont les universités publiques et le Musée canadien de la nature à Ottawa, se privatisent de plus en plus et font aveuglément la promotion des sociétés minières canadiennes et des chefs d’entreprises figurant parmi leurs donateurs (dont les dons sont déductibles d’impôt, évidemment). Il faut faire preuve d’une solidarité plus forte; il faut remettre en question nos placements et s’en dessaisir. Il faut aussi reprendre possession de nos établissements publics, pour le bien de la population.

Plus important encore, il faut exiger du gouvernement canadien : qu’il respecte et défende les droits de la personne et les droits des collectivités, y compris le droit des peuples autochtones au consentement libre, préalable et éclairé, conformément à la Déclaration des droits des peuples autochtones de l’ONU et à la jurisprudence internationale, ainsi que le droit à l’eau et le droit à un environnement sain et sécuritaire; qu’il réglemente les activités des sociétés canadiennes dans le secteur extractif; qu’il respecte et prône la fin de l’aide au développement à l’étranger pour les sociétés minières afin de promouvoir les partenariats entre la société civile et l’industrie minière; qu’il cesse de fournir du soutien politique et économique aux sociétés accusées de violations des droits de la personne et de dommages environnementaux; qu’il assure aux non-citoyens des recours devant les tribunaux canadiens pour les torts qu’ils subissent en raison des activités étrangères de sociétés canadiennes; enfin, qu’il cesse de négocier des accords bilatéraux de libre-échange et d’investissement qui placent les droits des sociétés au-dessus des droits de la population, des travailleurs et de l’environnement.