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Cette semaine, le SCFP est en Europe pour participer à une délégation s’opposant à l’accord commercial canado-européen appelé AÉCG (Accord économique et commercial global). Les négociateurs du Canada et de l’Union européenne tiennent une critique huitième ronde de négociations pour conclure un accord commercial exhaustif qui fera grimper les coûts de la santé des Canadiens, en plus de menacer les eaux publiques du Canada, d’accorder de grands pouvoirs aux sociétés et de limiter le contrôle démocratique des municipalités. Blair Redlin et Carol Ferguson du SCFP sont à Bruxelles pour faire pression sur les députés européens, pour rencontrer les syndicats et les représentants de la société civile, ainsi que pour suivre les négociations de près.

Voici un compte-rendu de la première journée des travaux rédigé par Carol Ferguson, agente principale du SCFP, et Blair Redlin, expert du SCFP en politiques commerciales.


Le journal de bord AÉCG du SCFP

Salutations de Bruxelles! Nous voilà au siège de l’Union européenne, dans la ville même où les négociateurs du Canada et de l’Union européenne planchent sur ce que remporteront les uns et les autres dans le cadre de l’Accord économique et commercial global, ou AÉCG, l’entente que plusieurs qualifient de l’étape au-delà de l’ALÉNA.

Si nous sommes ici, c’est à cause des négociations entourant l’AÉCG. Non, nous ne sommes pas invités à la table, mais nous surveillons ce qui s’y passe. Cette semaine, on compte plusieurs centaines d’agents à Bruxelles pour cette huitième ronde de négociations. Certains étaient même sur le même vol que nous depuis Ottawa (eh oui, j’ai essayé d’épier leurs conversations).

L’imposante équipe fédérale est dirigée par le négociateur en chef du Canada : Steve Verheul. Ensuite, chaque province et territoire a envoyé une équipe commerciale, à la demande de l’UE, puisque l’essentiel de ce qui se trouve sur la table de négociation tombe sous juridiction provinciale. Et l’UE refuse de signer un accord si les provinces n’embarquent pas. Évidemment, l’UE a sa propre équipe de négociateurs. Enfin, chaque équipe a ses propres experts.

Au fil des prochains jours, ces négociateurs fixeront de nouvelles règles économiques qui risquent d’avoir un effet durable sur la population et les collectivités canadiennes. Les Canadiens devront-ils débourser 2,8 milliards de dollars de plus chaque année pour leurs médicaments sous ordonnance? Sera-ce la fin du pouvoir des municipalités de dépenser leurs taxes municipales sur des marchandises et des services locaux? Le fédéral inclura-t-il pour la première fois l’eau potable dans un accord commercial? Les provinces mettront-elles pour la première fois sur la table de négociation des services publics comme Hydro-Québec, Ontario Power Generation, NB Power et Manitoba Hydro? Les flottes européennes obtiendront-elles un accès élargi à nos pêcheries?

Nous jouons gros dans l’AÉCG. C’est pourquoi notre délégation est sur place, à Bruxelles, pour partager de l’information avec des syndicats, des parlementaires et des ONG, et les convaincre de s’opposer à l’AÉCG.

Ce matin, nous avons commencé par une visite de Bruxelles à pied organisée par l’Observatoire de l’Europe industrielle, l’Indigenous Environmental Network, le UK Tar Sands Network et le Conseil des Canadiens. Cette promenade avait pour but de souligner le pouvoir du lobby de l’industrie en Europe. Nous avons visité les points chauds du lobbying qui se déroule actuellement à Bruxelles autour des sables bitumineux du Canada, en commençant par la Mission canadienne à l’UE, suivie de l’Ambassade du Royaume-Uni, des bureaux de British Petroleum, de la Commission européenne et du Parlement européen. Saviez-vous que Bruxelles abrite 15 000 lobbyistes, soit 20 lobbyistes par député européen?

À Bruxelles, le gouvernement canadien mène un lobbying vigoureux sur l’AÉCG. Les militants écologistes européens s’inquiètent que le fait que le gouvernement Harper relie les négociations de l’AÉCG aux questions de politique interne de l’UE à propos de la directive sur la qualité des carburants puisse contribuer à affaiblir les politiques environnementales de l’UE pour contrer les changements climatiques. Enfin, les grandes sociétés sont lourdement représentées; d’ailleurs, le Forum sur le commerce Canada-Europe (FORCCE) rencontrait des parlementaires de l’UE aujourd’hui.

Cet après-midi, Blair Redlin du SCFP a rejoint Amélie Nguyen du Réseau québécois sur l’intégration continentale (RQIC) et Stuart Trew du Conseil des Canadiens à Paris, pour une rencontre avec des groupes de la société civile française. Cette réunion organisée par Attac-France et Aitec a réuni 13 participants provenant de divers syndicats et groupes écologistes français, du Seattle to Brussels Network et d’autres groupes.

Après quelques présentations sur diverses facettes de l’AÉCG, l’assemblée a débattu énergiquement d’une stratégie commune, particulièrement d’une coopération plus poussée entre les opposants européens, canadiens et québécois à l’AÉCG, ainsi que de stratégies pour les membres lobbyistes des parlements français et européen.

Entretemps, à Bruxelles, Larry Brown (SNEGSP), Scott Sinclair (CCPA) et moi-même avons rencontré le personnel de la Fédération des syndicats européens des services publics, qui regroupe plus de 210 syndicats indépendants représentant plus de huit millions de travailleurs. La FSESP s’est engagée à protéger la qualité des services publics; elle nous aide beaucoup à soulever des questionnements sur l’AÉCG au sein de l’Union européenne.

La rumeur veut que, contrairement aux attentes, les provinces n’aient pas déposé leurs offres sur les services. Si c’est bien le cas, les négociations prendront encore du retard.

Demain, nous passerons la journée au Parlement européen.

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