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Le comté de Prince Edward, en Ontario, a discrètement renoncé à privatiser une nouvelle usine de traitement des eaux usées.

En effet, à la fin de mars, le conseil du comté a rejeté les soumissions présentées par deux entreprises, Corix et EPCOR, invoquant des « coûts d’immobilisations élevés » et des « coûts d’exploitation proposés qui dépassent de loin les coûts d’exploitation publique connus ».

La décision vient renforcer l’argument du SCFP qui soutient que la privatisation de l’exploitation de l’usine équivaut à jeter l’argent dans les toilettes.

Lorsque l’on analyse les soumissions de PPP rejetées, il devient évident que tant Corix qu’EPCOR ont vu le contrat d’exploitation à long terme comme une vache à lait et qu’ils ont utilisé le volet construction de leurs soumissions comme produit d’appel. En fait, à une assemblée publique, les membres d’un comité du comté responsable du projet ont reconnu que les coûts de construction étaient trop faibles, pour des raisons évidentes.

Par contre, les deux entreprises avaient gonflé les coûts d’exploitation annuels. Corix voulait 1,45 million de dollars par année et EPCOR en demandait 1,2 million – deux fois le montant de 625 468 $ estimé par le comté de Prince Edward pour une exploitation publique directe.

L’usine sera donc conçue et construite par le secteur privé, mais sa propriété restera publique. L’exploration de l’option PPP a coûté temps et argent au comté. Chaque entreprise peut recevoir jusqu’à 75 000 $ tout simplement pour sa soumission – un coût de transaction inutile qui augmente encore lorsqu’on y ajoute les honoraires des experts-conseils, les études sur le terrain et d’autres services professionnels (qui ne sont inscrits nulle part dans les livres).

L’usine accuse maintenant un retard d’un an. Pourtant, les membres du conseil avaient fait la sourde oreille lorsque leur propre ingénieur les avait mis en garde contre cette possibilité l’été dernier.

Le dossier montre bien ce qui suit :

  • La privatisation en PPP coûte beaucoup plus cher
  • Les soumissionnaires proposent des prix artificiellement bas, qu’ils haussent ensuite
  • Les PPP entraînent des retards inutiles
  • Les coûts de transaction des PPP sont élevés
  • Le secret qui les entoure empêche l’analyse publique détaillée des PPP

 

Le comté a besoin d’une nouvelle usine pour répondre aux besoins croissants de la région, une populaire destination touristique et de retraite. En avril 2008, le conseil du comté ouvrait la porte à la privatisation par un PPP, après avoir constaté que les coûts de conception et de construction d’une nouvelle usine dépassaient l’estimation de 24 millions de dollars du comté.

La pression en faveur de la privatisation s’est rapidement intensifiée, alimentée par les allégations voulant que le recours à une entreprise privée pour concevoir, construire et exploiter la nouvelle usine permette de réduire les coûts de moitié.

Le même groupe qui vendait l’idée que les PPP font économiser a convaincu le comté de retenir les services de l’expert-conseil en PPP de Vancouver Jonathan Huggett. Le maire et deux conseillers ont ensuite assisté à une conférence vantant les mérites des PPP à Canmore, en Alberta, à laquelle M. Huggett était conférencier. EPCOR, l’une des sociétés qui voulait présenter une soumission, a aussi invité les élus à visiter plusieurs usines de traitement des eaux usées qu’elle exploite en Alberta.

Le SCFP-Ontario a mené une campagne pour bloquer le projet de PPP et garder la nouvelle usine publique.

Le SCFP a rappelé l’expérience de Hamilton et souligné les nombreuses raisons pour lesquelles le comté devait choisir l’option publique.

Plusieurs conseillers se sont rendus à Hamilton pour en apprendre davantage sur les risques de la privatisation du traitement des eaux usées. (Le rapport de 2008 de Hamilton sur l’exploitation publique montre un rendement élevé et des économies importantes pour la quatrième année de suite.)

Le SCFP et ses alliés ont présenté des exposés aux conseillers et l’ingénieur au service du comté a averti qu’un PPP entraînerait des retards qui pourraient mettre en péril l’obtention du financement fédéral et provincial. Irene Harris, une résidente de la région qui représente le SCFP à la Fédération du travail de l’Ontario, en plus d’être secrétaire-trésorière de la Fédération, a joué un rôle très actif dans la communauté et a présenté un exposé très convaincant au conseil.

Mais à l’automne 2008, le comté a décidé d’aller de l’avant et de demander à trois entreprises présélectionnées de présenter des soumissions pour la privatisation de l’usine. En fin de compte, une société a été disqualifiée et les deux autres soumissions ont été rejetées parce que les coûts proposés étaient beaucoup plus élevés que ceux de l’exploitation publique.

La construction de la nouvelle usine devrait commencer en juin.