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Il y a un an et demi, tous les employés syndiqués du Journal de Québec avaient accepté de reconduire la convention collective pour un an en partenariat avec l’employeur qui faisait face à un concurrent, Le Soleil, qui passait au format tabloïd pour mieux le concurrencer.

Depuis la fondation du Journal de Québec en 1967, aucune journée n’avait été perdue en raison d’un conflit de travail.

Pendant cette année 2006 (et début 2007), l’employeur a embauché 14 cadres supplémentaires, monté une salle de presse fantôme au 3e étage du Toronto Sun et mis en place un service de petites annonces à Kanata, en banlieue d’Ottawa. Pendant les négociations, il a changé des serrures, installé de nouvelles caméras, recruté des agents de sécurité, congédié les informaticiens, etc.

Dans cette négociation, où 252 salariés sont en conflit au Journal de Québec, c’est l’employeur qui tente d’imposer des reculs dans l’ensemble des conditions de travail. Pour ce faire, l’employeur a forcé le jeu et déclenché un lock-out. Son but : arracher une foule de concessions aux employés qui, pour leur part, n’avaient même pas adopté de mandat de grève, ni exercé le moindre moyen de pression.


 Rappel

Les groupes Bureau et Rédaction ont d’abord été mis en lock-out le 22 avril 2007, au matin. Plus tard, en soirée la même journée, en solidarité, les employés de l’imprimerie ont voté la grève immédiate à 97 %.

Aucun piquet de grève n’a été érigé par les syndiqués.

Depuis le 24 avril, les employés en conflit publient cinq jours semaine et distribuent aux coins des rues 40 000 exemplaires du MédiaMatinQuébec, un quotidien gratuit, pour rappeler leur cause à la population de Québec. C’est leur moyen de pression principal.

Les 252 salariés sont regroupés au sein de trois syndicats, tous SCFP : Bureau (68), Imprimerie (115) et Rédaction (69). Au moment du déclenchement du conflit, le Journal de Québec dégageait des profits nets annuels d’environ 25 millions de dollars.

Rappelons que le tirage du Journal de Québec était en progression constante depuis les 5 dernières années, tout comme les revenus publicitaires depuis les 10 dernières années.  Au moment de déclencher le lock-out, cette progression se poursuivait. Selon les données de l’Audit Bureau of Circulations, organisme spécialisé dans l›évaluation de la distribution des quotidiens partout sur le continent nord-américain, le tirage du Journal de Québec (lundi au vendredi pour les quotidiens de plus de 100 000 exemplaires), a connu la plus forte progression au Canada, soit 2,5 %, pour la période de six mois se terminant le 31 mars 2007. Par comparaison, le Journal de Montréal a connu une progression de 0,2 % pour la même période.
État des négociations et principaux enjeux
au Journal de Québec



Pour les trois groupes

La semaine de travail normale est de 32 heures en 4 jours. La semaine de 4 jours est la norme dans les autres grands journaux francophones au Québec (La Presse, Le Soleil, Journal de Montréal). L’employeur exige la semaine de 37½ heures en 5 jours, sans compensation, soit un recul salarial de plus de 17 %.  

Salaires : L’employeur offre 2,5 % annuellement sur trois ans. (Les syndicats réclament 3 % annuellement. Aucune discussion n’a eu lieu sur ce point.)

Pour les assurances-groupes, l’employeur demande d’augmenter de 600 % la part payée par les salariés.

L’employeur demande de justifier les absences maladie par un billet du médecin dès la première journée.



Groupe Bureau - SCFP 2808 – 68 membres

L’employeur veut éliminer de la convention les restrictions actuelles sur la sous-traitance. Il demande des modifications sur la sécurité d’emploi pour permettre l’abolition des postes suite à la sous-traitance ou à une centralisation des services. Ces modifications feraient en sorte que 39 personnes sur 68 perdraient leur emploi, soit 57 % des effectifs.

L’employeur demande la fermeture du service des annonces classées dans les trois mois de la signature de la nouvelle convention. Pendant les négociations, après son dépôt initial, il a annoncé la disparition des informaticiens. (Note: Depuis l’annonce du lock-out, c’est à Kanata (Ontario) qu’on répond aux personnes qui veulent placer une petite annonce dans le Journal de Québec.)

L’employeur propose un programme de rachat des emplois éliminés. Mais pour les employés de moins de 16 ans d’ancienneté, ce programme est inférieur aux dispositions actuelles de la convention collective. Les employés à temps partiel et temporaires ne peuvent obtenir de compensation. Tels que déposés, les textes de l’employeur pourraient entraîner la quasi-disparition du groupe Bureau.

L’employeur veut régler l’équité salariale à 4 % de la masse salariale 2006 des bureaux comme règlement du 21 novembre 2001 (ce qui est contraire à la loi).

Le syndicat demande de discuter de l’organisation du travail en ce qui concerne les petites annonces. Il veut maximiser l’utilisation du personnel, revoir les conditions de travail des temporaires, établir une liste de rappel et modifier leur progression salariale. À toutes ces demandes, l’employeur répond par le refus ou en disant que ces demandes sont couvertes par ses propositions.


Groupe Imprimerie - SCFP 1872- 115 membres

L’employeur annonce qu’il procédera à un investissement de deux millions de dollars pour optimiser le travail à ses presses. Ce changement technologique entraîne une réduction des effectifs.

L’employeur demande d’éliminer la notion de « départ hâtif ». (Note : Le journal est imprimé la nuit. Quand le travail est complété, les employés sont présentement autorisés à quitter le travail. C’est un incitatif à sortir rapidement le journal.)

L’employeur demande de transférer, de l’Imprimerie à la Rédaction, la mise en page des pages rédactionnelles. L’employeur refuse toutefois que les employés affectés à ce travail soient transférés à la Rédaction.

L’employeur demande de modifier la convention pour permettre la sous-traitance pour une partie du Journal de Québec ou pour l’un ou l’autre de ses cahiers, sans restriction.

L’employeur demande d’établir d’autres conditions de travail et de rémunération lors de travaux commerciaux qui pourraient être réalisés grâce au nouvel équipement. La baisse de salaire serait de l’ordre de 30 %.

L’employeur propose un programme de rachat des emplois éliminés. Mais pour les employés de moins de 16 ans d’ancienneté, ce programme est inférieur aux dispositions actuelles de la convention collective. Les employés réguliers à temps partiel, les temporaires et les occasionnels ne peuvent obtenir de compensation.

L’ensemble de ces modifications entraînerait la perte de 31 postes réguliers sur 75 présentement, c’est-à-dire 41 % du personnel régulier.

Le syndicat demande de convenir des modalités d’application des changements technologiques.

Le syndicat demande que, lorsqu’un syndiqué assume le travail d’un cadre, il soit remplacé. L’employeur refuse.

Le syndicat demande l’installation de systèmes de climatisation et d’humidification aux départements des presses et de l’expédition. L’employeur refuse.

Le syndicat demande de réévaluer le travail des employés sur appel. L’employeur promet un ajout de vacances pour les temporaires de plus de 10 ans d’ancienneté (applicable à deux personnes seulement).

Le syndicat demande l’augmentation des primes. Ce sujet n’a pas été discuté.


Rédaction (journalistes et photographes) - SCFP 1450 – 69 membres

L’employeur demande la fusion des pupitres sports et général. (Définition : Chef de pupitre : sous l’autorité du rédacteur en chef, personne responsable du contenu et de la forme du journal.)

L’employeur demande de permettre le repiquage intégral des pages en provenance de l’un ou l’autre des journaux de Quebecor Media.

Ces deux premières demandes, et celle de la semaine de 5 jours, entraînent une réduction des effectifs et une réduction du plancher d’emploi. L’employeur ne comblerait pas les postes actuellement vacants.

L’employeur demande de modifier la convention pour permettre le multi-plaforme et la reprise du contenu du Journal de Québec dans tous les autres médias de Quebecor (Internet, télé, etc.). Il demande aux journalistes d’utiliser tout moyen technique mis à leur disposition par l’employeur (caméra vidéo, table de montage, appareil-photo, enregistrements sonores, etc.) pour recueillir les informations sous différentes formes ou supports pour ensuite les diffuser dans les différents médias de Quebecor. 

L’employeur demande d’abolir la majoration de 25 % appliquée sur les paies de vacances.

L’employeur demande de transférer, de l’Imprimerie à la Rédaction, la mise en page des pages rédactionnelles. L’employeur ne donne aucune indication sur le nombre de postes affectés par ce transfert, ni non plus si les titulaires actuels (membres du syndicat de l’Imprimerie) pourront continuer d’occuper ces fonctions.

L’employeur annonce la création d’un « centre d’excellence » pour la couverture politique provinciale et fédérale pour les journaux francophones de Sun Media, sans expliquer ce que cela signifie et les conséquences pour les membres. Par la suite, l’employeur a indiqué qu’il n’avait pas à apporter de modifications à la convention pour procéder. Le syndicat s’interroge sur les intentions réelles de l’employeur à cet égard.

Le syndicat demande une prime pour les employés dont les horaires sont appelés à varier, demande un meilleur encadrement du recours aux collaborateurs et aux autres sources d’information pour maximiser l’implication des travailleurs syndiqués, demande plus de consultation lorsqu’un ou plusieurs de ses membres sont sollicités par l’employeur, demande une mise à jour des équipements photographiques et informatiques. À toutes ces demandes, l’employeur répond par le refus.

Le syndicat réclame l’augmentation des primes et allocations.

Le syndicat demande d’établir une liste de rappel, de revoir l’utilisation et les conditions de travail des temporaires. L’employeur ne veut discuter qu’au cas par cas. Le syndicat, lui, veut régler le fonctionnement.

N.B. Ce texte a été préparé dans le but d’informer les membres du SCFP des principaux enjeux du conflit en cours au Journal de Québec. Il s’agit d’un résumé. On doit le considérer comme tel et non pas comme un dépôt quelconque aux fins des négociations en cours. 14 septembre 2007