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Salutations de Pretoria, Afrique du Sud

Eh bien, la deuxième journée du congrès triennal du NEHAWU s’est ouverte sur l’annonce qu’il neigeait à Johannesburg!

La consœur Carole Mahelman, de Unison – notre syndicat affilié au R.-U. – me taquinait au sujet de la neige qui me suit jusque dans les pays étrangers. Elle était l’une des invitées internationales à notre congrès de 2005 à Winnipeg, où j’avais accueilli les délégués en leur garantissant que le temps serait superbe toute la semaine. Il avait neigé le mercredi et, depuis, je n’ai plus jamais fait de prévisions météorologiques!

La deuxième journée du congrès du NEHAWU a été très intéressante. En voici quelques faits saillants :

1. La grève des employés du secteur public, qui durait depuis 27 jours, a fait l’objet d’un débat de trois heures. Les dirigeants du NEHAWU ont examiné, avec les plus de 400 délégués, l’entente-cadre obtenue par la coalition de 13 syndicats menée par leur centrale syndicale affiliée, le Congrès des syndicats d’Afrique du Sud (COSATU). Les délégués ont convenu que le leadership du NEHAWU appuierait la signature de l’entente, mettant ainsi fin à la plus longue grève du secteur public de l’histoire de l’Afrique du Sud. L’entente prévoit une hausse salariale de 7,5 % (l’inflation est légèrement inférieure à 6 % en Afrique du Sud). D’importants progrès ont été réalisés aux chapitres de la progression salariale et de l’élimination des échelons. La garantie que quelque 241 000 postes vacants (sur un total de plus de 1 million dans la fonction publique) seront affichés et comblés au cours des 12 prochains mois est une autre percée majeure. Enfin, l’entente comprend une hausse significative de l’allocation au logement. L’Afrique du Sud vit une crise du logement et ces allocations font régulièrement partie des négociations.

Ce qui a été remarquable dans ce débat, c’est l’appui collectif accordé à l’idée que le NEHAWU fait partie d’une solide coalition de syndicats du secteur public et que cette coalition doit agir à l’unisson, qu’elle doit à tout prix rester unie.

L’entente ne répond pas à toutes les exigences des membres, mais c’est grâce à la grève de 27 jours qu’ils ont pu obtenir une partie de ce qu’ils revendiquaient depuis le 1er juin.

Un délégué a affirmé que l’époque où le gouvernement imposait des conventions collectives était révolue (cela s’est produit pendant une grève en 1999).

Le débat était passionné et très éclairé.

De plus, l’accord de principe prévoit que tous les membres congédiés (ils seraient des centaines) seront réintégrés.

L’entente n’est pas encore signée, mais la direction du NEHAWU a reçu le feu vert pour le faire dans le cadre de la coalition.

2. Les congrès du NEHAWU sont très différents des nôtres en ce qui a trait aux débats dans la salle. Une résolution ou un rapport est présenté et la présidence donne la parole aux intervenants, par province. Un intervenant par province. L’Afrique du Sud compte neuf provinces et le format suivant est appliqué :

C’est habituellement (mais pas toujours) le dirigeant de la province qui prend la parole, en utilisant un micro tenu à la main qui est amené dans la salle. Il y a parfois des deuxièmes interventions des provinces, mais elles sont rares.

Lorsque toutes les provinces qui souhaitaient le faire ont parlé, la présidence résume les opinions des délégués et déclare une question adoptée. Si une région ou un délégué n’est pas d’accord avec le résumé, il s’exprime, mais cela n’arrive pas souvent.

C’est un système très différent, mais plutôt fascinant, car on entend le point de vue de toutes les régions et aucune ne domine.

3. En même temps que le congrès du NEHAWU, le parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC), tient une importante conférence d’orientation. L’ANC dirige le pays depuis la fin de l’apartheid, en 1994. Il y a trois groupes partenaires : l’ANC, le COSATU et le Parti communiste d’Afrique du Sud (SACP). Ce sont des entités distinctes, mais leur coalition collabore en ce qui a trait aux candidats et sur d’autres fronts. La coalition est au pouvoir depuis 14 ans. Les relations sont assez tendues, comme je l’ai constaté lors de mon séjour en 2003. Beaucoup de débats, beaucoup de remises en question des décisions du gouvernement, mais très peu de remises en question de l’alliance elle-même.

L’orientation semble reléguée au deuxième rang à la conférence réunissant 1 500 personnes car, dans les médias, c’est la question de la « succession » qui domine.

En effet, la constitution empêche le président Thabo Mbeki (successeur du premier président d’Afrique du Sud, Nelson Mandela) de se faire élire pour un troisième mandat. Et il semble que l’ANC ne s’entende pas sur la méthode à adopter pour assurer la succession. L’ancien vice-président, Jacob Zuma, qui a dû démissionner il y a deux ans après un scandale et des accusations criminelles (dont il a été blanchi) semble être le choix des syndicats pour succéder à M. Mbeki, mais le débat reste très brûlant.

Il prendra la parole au congrès du NEHAWU aujourd’hui.

4. Croyez-le ou non, en plus de chanter (très mal), j’ai participé avec les délégués internationaux à 15 minutes de danse pour ouvrir la séance d’hier après-midi! J’ai peine à exprimer l’effet que ces danses et ces chansons ont sur les débats. Tous les délégués y participent! J’espère que toutes les caméras étaient éteintes pendant cette séance.

En toute solidarité,
Paul