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Article d’opinion publiée dans le Calgary Herald le 31 octobre, 2006 par Paul Moist, président national, Syndicat canadien de la fonction publique.

Entre le 18 octobre et le 5 décembre, il y aura eu 32 assemblées publiques partout au pays sur un seul enjeu – les soins de santé. C’est beaucoup d’organisation et de planification pour discuter de quelque chose qui fait partie intégrante de notre vie quotidienne – quelque chose que beaucoup d’entre nous prenons pour acquis. C’est d’autant plus étonnant que, pour sa part, le gouvernement Harper a à peine effleuré le sujet.

Voilà qui est intéressant. Malgré le peu d’attention accordé à la santé par le premier ministre, tous les sondages, qu’ils aient été réalisés par le SES ou le Conseil stratégique, ou par n’importe quel groupe entre les deux, indiquent que les Canadiens accordent une priorité élevée aux soins de santé. Même ici en Alberta, patrie de la « troisième voie », les Albertains tiennent à ce que les soins de santé restent publics et ils ont résisté aux nombreuses tentatives de Ralph Klein pour les privatiser.

Le gouvernement fédéral garde le silence sur la question des soins de santé – mais on ne peut pas en dire autant de l’Institut Fraser. L’Institut Fraser a profité de l’absence du gouvernement fédéral dans le dossier pour décréter que l’enjeu principal des Canadiens en matière de soins de santé est le temps d’attente.

Beaucoup contestent cette opinion.

Sans discussion réfléchie, ouverte et consultative menée par le gouvernement fédéral, beaucoup de gens au pays ont choisi de s’organiser eux-mêmes pour parler de ce qu’ils veulent et ne veulent pas dans leur système de santé. Ici à Calgary, les gens se réuniront le 1er novembre pour discuter des moyens à prendre pour renforcer les soins de santé grâce à des mesures innovatrices mises en œuvre dans le système public. En particulier, l’inclusion des médicaments d’ordonnance dans le régime d’assurance-maladie, la nécessité d’un nombre accru de professionnels de la santé et, oui, même la gestion des listes d’attente feront l’objet de discussions.

À ces assemblées publiques, on proposera notamment que le gouvernement interdise aux médecins de pratiquer à la fois dans le secteur public et dans le secteur privé. Quand un médecin travaille à deux endroits – une clinique privée à but lucratif et un établissement public sans but lucratif – c’est dans le système public que le temps d’attente s’allonge.

Nous ne pouvons plus nous permettre de regarder sans bouger notre système de santé se faire démanteler sous prétexte qu’il coûte trop cher et que les gouvernements doivent en maîtriser les coûts.

Maintenant que nous savons qu’Ottawa nage dans les surplus, il ne s’agit plus de savoir ce que peut se permettre le gouvernement fédéral. La question est nettement devenue « Qu’est-ce que nous ne pouvons plus nous permettre? ». Nous ne pouvons plus nous permettre le silence de notre gouvernement fédéral. Nous ne pouvons plus nous permettre les chicanes incessantes entre les paliers fédéral et provincial pour le financement adéquat et soutenu de notre précieux système de santé. Le gouvernement fédéral ne peut plus se permettre de sous-financer les provinces, les obligeant ainsi à trouver d’autres solutions qui affaiblissent les principes mêmes des soins de santé publics.

Depuis le début, le gouvernement fédéral adopte une attitude de laisser-faire dans une série d’enjeux qui sont de compétence à la fois fédérale et provinciale. Il a renoncé à assumer ses responsabilités dans des dossiers comme la santé. Le silence est d’or, mais il y a des exceptions à la règle. Et notre système national de soins de santé en est une.

Le premier ministre Harper se retrouve dans la position enviable de disposer d’un surplus de 6,7 milliards de dollars accumulé au cours des cinq premiers mois du présent exercice. Ses fonctionnaires considèrent cette manne budgétaire comme une sorte de dilemme politique. Mais le véritable dilemme est moral et éthique, lorsque l’on tient compte des conséquences du non-investissement dans les soins de santé publics. Maintenant, il semble que l’assurance-maladie soit ouverte à la privatisation. Et cela justifie le secret le moins bien gardé d’Ottawa - la braderie du système de soins de santé.