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Avez-vous déjà souhaité remonter le temps et retrouver votre jeunesse ? En voyant les conditions que l’on réserve aux jeunes travailleurs, vous hésiteriez peut-être. Bardés de diplômes, sous-employés, sous-payés et exploités, les jeunes d’aujourd’hui sont la première génération dont le niveau de vie pourrait être inférieur à celui de leurs parents.

Une étude sur les jeunes travailleurs réalisée par le Congrès du travail du Canada en juillet 2005 dresse un portrait plutôt sombre de leur situation. Le chômage chez les jeunes est très élevé depuis le milieu des années 70. Il n’a jamais été inférieur à 11 pour cent et a atteint un sommet de 17,3 pour cent en 1992. Un chômeur sur trois au Canada est jeune (à des fins de statistique, un jeune travailleur est habituellement âgé de 15 à 24 ans, mais, au syndicat, le terme désigne les personnes de moins de 30 ans).

Comme on pouvait s’y attendre, le taux de chômage est encore plus élevé chez les jeunes autochtones et chez les jeunes de couleur. Toutefois, depuis le début des années 90, les jeunes femmes connaissent un taux de chômage systématiquement moins élevé que les jeunes hommes.

Même avec un emploi, il peut être difficile de joindre les deux bouts. La paie nette des jeunes travailleurs a chuté à moins de 80 pour cent de ce qu’elle était il y a 20 ans, même si leur niveau d’études a grimpé (en même temps que la dette étudiante).

Ce ne sont là que quelques-unes des raisons pour lesquelles les jeunes ont besoin de syndicats forts. Mais les syndicats canadiens ont tout autant besoin des jeunes. Le SCFP reconnaît l’importance du rôle joué par les jeunes dans la revitalisation du syndicat à tous les niveaux.

« Nous devons être pertinents pour ces travailleurs », soutient Michelle Day, co-présidente du Groupe de travail national des jeunes du SCFP. Mme Day, 28 ans, est aidesoignante et membre du SCFP 408 à Lethbridge, en Alberta.

« Si nous ne commençons pas à faire participer plus de jeunes au mouvement syndical, nous serons privés de leadership d’ici 20 ans, souligne Mme Day. Et si nous laissons disparaître les emplois publics occupés par des jeunes travailleurs, il n’y a aura plus de syndicat à diriger de toute façon. »

Ses inquiétudes sont justifiées. Bien sûr, le taux de syndicalisation chez les jeunes travailleurs du secteur public est beaucoup plus élevé que pour le secteur privé, mais plus de la moitié des jeunes travailleurs de la fonction publique occupent maintenant des postes non syndiqués. Et ils occupent ces postes inférieurs plus longtemps.

Mais ce qui est encore plus troublant, c’est qu’il y a moins d’emplois du secteur public qui s’offrent aux jeunes travailleurs. Moins de 6 pour cent des jeunes travailleurs trouvent du travail dans le secteur public. Chaque emploi du secteur public éliminé par la réduction des effectifs – et même par attrition – est un emploi qu’un jeune travailleur n’occupera jamais.

Cette situation nuit particulièrement aux jeunes femmes. « Le taux de syndicalisation est constamment plus élevé chez les jeunes hommes que chez les jeunes femmes, par rapport au taux de syndicalisation global du Canada, qui est maintenant presque exactement le même pour les hommes et pour les femmes, à un peu plus de 30 pour cent, selon l’étude du CTC. Cette différence entre les sexes reflète le fait que les jeunes sont moins susceptibles que les travailleurs plus âgés de trouver un emploi dans le secteur public, très syndiqué et majoritairement féminin. »

La privatisation est une autre menace qui pèse sur les jeunes travailleurs. Bon nombre des emplois qu’ils occupent par tradition – éducatrices de garderies, sauveteurs, préposés à l’aménagement des parcs – ont été frappés de façon disproportionnée par la privatisation. Des emplois déjà précaires le sont devenus davantage, sans parler de la désyndicalisation et de l’absence de syndicalisation.

La solution, selon Jordan Iannone, est la même que pour les autres cas de privatisation des services publics : si on ne peut pas empêcher la vente, il faut suivre le travail. M. Iannone a travaillé comme membre-organisateur pour le SCFP. Il a coordonné une campagne de syndicalisation à une piscine privée de Surrey, en C.-B., où les sauveteurs gagnaient moins que dans les piscines publiques.

Malgré les avantages financiers et protecteurs évidents de la syndicalisation pour les jeunes travailleurs, les recruter peut représenter tout un défi, selon M. Iannone. Les jeunes travailleurs, surtout s’ils sont encore aux études, occupent souvent des emplois saisonniers, occasionnels ou à temps partiel et les méthodes normales de recrutement ne fonctionnent pas toujours pour eux.

« Non seulement le roulement est-il important, ce qui rend difficile le recrutement et la communication avec les membres, mais les défis qui se posent sont particuliers, ajoute-t-il. Par exemple, pour les mineurs, il faut non seulement les convaincre de signer une carte, il faut aussi convaincre leurs parents, qui doivent donner leur consentement. Aussi, parce qu’ils sont nouveaux dans le milieu du travail, les jeunes sont souvent beaucoup plus facilement intimidés par leurs employeurs. »

En outre, les organisateurs reconnaissent que beaucoup de jeunes trouvent les syndicats vieux jeu. Les syndicats, c’est pour les autres, pas pour eux.

Pour aider à relever ces défis, le SCFP national a récemment approuvé un programme de parrainage qui permet à un jeune membre de chaque province de suivre une formation de membre-organisateur. Pour Michelle Day, cette mesure est un pas dans la bonne direction. Mais elle croit que les syndicats doivent d’abord trouver de jeunes membres qui peuvent prendre en charge des campagnes de recrutement et les encourager et les soutenir dans leur travail.

Là encore, la nature transitoire des emplois occupés par les jeunes travailleurs rend cette entreprise problématique. Certaines sections locales du SCFP ont réussi à surmonter ces obstacles et trouvent des façons de communiquer avec les jeunes travailleurs. L’année dernière, l’Association d’Ottawa- Carleton pour personnes ayant une déficience intellectuelle a décidé d’offrir un cours d’orientation à ses nouveaux employés. Le SCFP 1521, qui représente le personnel de l’organisation, a pris contact avec l’employeur et a négocié du temps pour offrir une orientation syndicale dans le cadre de cette formation.

« Nous avons préparé un exposé d’une demi-heure qui explique tout ce qu’ils doivent absolument savoir sur l’appartenance à un syndicat et à notre section locale, raconte Anne Cole, 28 ans, conseillère en développement et membre de l’exécutif du SCFP 1521. Les nouveaux membres du personnel occasionnel et de relève ont ainsi pu mettre un visage au syndicat, ce qui facilite leur contact avec nous lorsqu’ils ont des problèmes. »

D’autres sections locales ont offert le cours « Connaissez vos droits », un atelier de trois heures qui aide les jeunes travailleurs et ceux qui sont nouveaux au syndicat à comprendre les droits que leur confère leur convention collective. Ken Hawkins, un membre-organisateur qui enseigne le cours depuis plusieurs années en Colombie-Britannique, soutient qu’en le gardant court et dynamique, il demeure intéressant et pertinent.

« En fait, beaucoup de jeunes et de nouveaux travailleurs veulent connaître les règles et ils ne peuvent pas obtenir cette information ailleurs, ajoute M. Hawkins, 30 ans.

Mais le plus difficile est souvent de communiquer avec ces personnes. Trop de sections locales ne savent pas où sont leurs jeunes travailleurs. » M. Hawkins est chef adjoint des sauveteurs à Surrey et membre du SCFP 402.

Michelle Day souligne qu’il ne suffit pas de trouver les jeunes travailleurs. Comme pour tous les groupes en recherche d’égalité, ces membres doivent se sentir respectés et valorisés. Sinon, ils iront investir leur loyauté, leur énergie et leur engagement ailleurs. Après tout, comme beaucoup de secteurs, les syndicats doivent faire des efforts pour susciter l’intérêt des jeunes Canadiens. « Même lorsque vous savez qui sont vos jeunes travailleurs et qu’eux savent qui vous êtes, vous devez trouver celles et ceux qui sont prêts à jouer un rôle au syndicat, et leur offrir du soutien pour qu’ils acquièrent les compétences nécessaires pour l’avenir », poursuit Mme Day.

« Aidez-les à trouver des occasions de formation syndicale, pensez à eux d’abord lorsque vous devez remplacer un délégué syndical ou un membre de l’exécutif et encouragez-les à jouer un rôle actif au syndicat, suggère-t-elle. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons évoluer. »

Écrivez à youngworkers@cupe.ca ou visitez www.youngworkers.cupe.ca pour en savoir plus sur les programmes mentionnés ci-haut.