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Commentaire de Paul Moist

Les maires des grandes villes du Canada se réunissent aujourdhui à Toronto. Ils veulent mettre au point une stratégie qui assurera les ressources voulues pour répondre aux besoins pressants de nos villes et qui fera éclore le potentiel économique et social de nos centres urbains.

La semaine prochaine, ce sont les premiers ministres qui se rencontreront et le premier discours du Trône de Paul Martin suivra le 2 février. Le moment est donc bien choisi pour élaborer cette stratégie.

Depuis des années, il est évident que les villes ont besoin de revenus plus importants et dun accès sûr à des sources de revenus constantes et croissantes pour répondre aux demandes des entreprises et des résidentes et résidents locaux. Les revenus créés par limpôt foncier, les frais dutilisation et les billets de stationnement ne suffiront jamais.

Paul Martin a promis de sattaquer au problème. Il comprend bien le rôle crucial que jouent les services municipaux dans la satisfaction des besoins sociaux, la croissance de notre économie et la protection de notre environnement. Il sait que si les villes ne peuvent compter que sur les sources de revenus habituelles, linfrastructure urbaine continuera de se détériorer et les personnes âgées et les familles avec de jeunes enfants continueront de payer plus que leur juste part.

Pourtant, les maires ont de bonnes raisons de douter de la sincérité de lengagement de Paul Martin envers leur cause. Les compressions budgétaires quil a imposées lorsquil était ministre des Finances ont aidé à créer le carcan dans lequel ils se trouvent. Et maintenant, après leur avoir promis une partie de la taxe fédérale sur lessence pour les routes et les transports en commun, M. Martin recule. Un rabais sur la TPS, bien que souhaitable et nécessaire, ne remplace pas une part assurée dune source de revenus croissante.

En outre, il y a peu despoir que les premiers ministres, lorsquils rencontreront M. Martin au cours du mois, défendent la cause des villes. Avec raison, les premiers ministres exigeront plus dargent du trésor fédéral pour la santé. Mais leurs demandes en matière déquité fiscale sonnent faux lorsquils refusent daccorder leur juste part aux gouvernements municipaux.

Les premiers ministres semblent penser quil faut absolument un gagnant et un perdant. Chaque sou qui va à nos villes est un sou quon leur enlève. Et tout pouvoir confié aux villes est une menace à leur propre pouvoir.

Franchement, la plupart des Canadiennes et des Canadiens en ont assez de la politicaillerie et de la mesquinerie. Nous en avons assez du jeu des blâmes et des chicanes intergouvernementales. Nous voulons de véritables solutions à des problèmes urgents des solutions qui répondent à la réalité du XXIe siècle plutôt quaux contraintes constitutionnelles du XIXe siècle.

Nous voulons que le niveau de gouvernement qui est le mieux à même de fournir un service public soit celui qui dispose des ressources voulues pour financer ce service et quil soit tenu de rendre compte de la qualité, de la sécurité et de loptimisation des ressources.

Pour cela, il faudra repenser globalement notre système fiscal, afin de savoir qui impose et qui dépense. Entre-temps, nos villes doivent obtenir un transfert de fonds significatif du gouvernement fédéral. Ce transfert inclut une part généreuse de la taxe sur lessence, lexemption de la TPS et un financement fédéral direct destiné à linfrastructure publique, à des logements à coût abordable et à de bons transports en commun.

La Fédération des municipalités canadiennes estime à 60 milliards de dollars le déficit actuel en infrastructure. Pour le combler, il faudrait un investissement annuel de 6 milliards de dollars, partagé équitablement par tous les niveaux de gouvernement. En outre, il faut un investissement fédéral de 2 milliards de dollars par année sur trois ans pour construire de nouveaux logements et rénover les unités existantes.

Pour éviter davoir à dépenser pour ces priorités publiques et dautres, le ministre des Finances Ralph Goodale se lance de nouveau à lassaut de la dette gouvernementale. Mais comme le sait toute personne qui a déjà eu une hypothèque, une dette engagée pour acheter un actif peut être un très bon investissement.

Il y a longtemps que le gouvernement fédéral aurait dû investir massivement dans la santé, le bien-être et la capacité concurrentielle de nos villes. Les maires des grandes villes ont toutes les raisons de talonner Paul Martin et dexiger quil réalise le « nouveau pacte » promis pour les villes. Ils ont également raison de critiquer les élues et élus provinciaux qui ne respectent pas leurs promesses.

En fin de compte, les maires assureront la croissance des villes non par leurs paroles, mais bien par leurs gestes. En ouvrant une nouvelle ère de coopération entre les grandes villes du Canada, ils peuvent trouver des solutions innovatrices aux problèmes daujourdhui.

Par exemple, ils pourraient mettre en commun leurs besoins en capital et émettre collectivement des obligations municipales. Entre eux, ils ont une excellente cote de crédit et des avoirs considérables. En agissant ensemble, ils pourraient offrir des obligations à des taux dintérêt intéressants et se servir des régimes de retraite publics pour assurer une partie des capitaux dinvestissement dont ils ont si désespérément besoin.

Ils peuvent aussi accélérer la recherche de solutions à dautres problèmes urbains logement, transport, déchets, sécurité publique en échangeant des exemples de nombreux services publics innovateurs offerts dans différentes collectivités par des employées et employés municipaux qui sefforcent de répondre aux besoins de leurs communautés.

Lorsquils se réuniront à Toronto, les maires des grandes villes doivent savoir quils ont lappui de leurs collectivités et celui des Canadiennes et des Canadiens dun bout à lautre du pays pour entreprendre une réforme qui renforcera nos villes et les services publics qui sont la base de notre prospérité et de notre qualité de vie.