La panne d’électricité en Ontario est un réveil sérieux. L’échec des plans commerciaux et trop d’enchevêtrements avec le système électrique américain ont montré à la population ontarienne les résultats que le SCFP et d’autres opposants à l’électricité à but lucratif et déréglementée avait prédit depuis longtemps, soit un approvisionnement inadéquat en électricité, d’importantes pannes électriques, des menaces pour la santé et la propriété ainsi que de graves problèmes économiques.
Le gouvernement ontarien a tenté de cacher à l’électorat les dangers de la déréglementation de l’électricité au moyen d’un plafond coûteux et subventionné à même les impôts sur les tarifs qui font que les résidents de l’Ontario paient aux entreprises privées, par la porte arrière, des coûts d’électricité plus élevés. Mais les consommateurs n’oublieront pas que même si un maximum a été imposé temporairement sur les tarifs résidentiels, les conservateurs ontariens ont apporté de nombreux changements radicaux au système d’électricité qui font que la fiabilité et la stabilité de l’énergie électrique sont en péril. Ces changements incluent le démantèlement d’Hydro-Ontario et l’obligation de dépendre d’un marché de l’électricité privatisé pour un nouvel approvisionnement tout en augmentant sérieusement l’intégration au système électrique du nord-est des États-Unis. Ces expériences extrêmes pour ce qui est du marché ont déjà été mises à l’épreuve dans des juridictions comme la Californie et l’Alberta et le résultat est toujours le même : des prix qui montent en flèche, des pénuries sur le plan de l’approvisionnement, des pannes et des maximums coûteux sur les prix qui subventionnent les producteurs d’énergie privée aux frais des contribuables.
Il y a longtemps que l’on aurait dû commencer à rebâtir le système public d’électricité qui, autrefois, faisait l’orgueil de l’Ontario. Bien que nous devrions apprendre des erreurs passées des mégaprojets, l’essentiel est que la production, la transmission et la distribution publiques intégrées verticalement au sein d’une seule société d’État ont bien fonctionné pendant des décennies et continuent de bien fonctionner chez nos voisins du Québec et du Manitoba. Il est temps de mettre fin à des expériences idéologiques avec une ressource et un service aussi essentiels que l’électricité.
La plus importante province canadienne a besoin d’un système d’électricité autosuffisant et public
La cause spécifique à court terme de la toute dernière panne générale qui a frappé l’Ontario et le nord-est des États-Unis semble avoir été des problèmes de transmission qu’a eus une entreprise d’électricité privée en Ohio. La question que bon nombre de personnes se posent est : « Comment un problème local en Ohio a-t-il pu causer des pannes aussi étendues? ». Une partie de la réponse est que le système d’électricité de l’Ontario est maintenant complètement intégré à celui du nord-est des États-Unis. Au contraire du Québec (où Hydro-Québec continue de fournir un service fiable, peu coûteux à titre d’entreprise d’électricité publique qui fournit l’électricité du début de la chaîne de production jusqu’à la fin), la population ontarienne se trouve maintenant à la merci des problèmes qui surviennent dans des États américains éloignés. Les lumières qui brillaient de l’autre côté de la rivière des Outaouais, au Québec, alors qu’une bonne partie de l’Ontario était plongée dans le noir, ont lancé un message au sujet de l’autosuffisance que le gouvernement ontarien ne peut ignorer. Bien qu’il serait imprudent de couper les liens avec le système américain (surtout compte tenu du besoin actuel d’importations américaines), l’Ontario doit commencer à prendre des mesures dès maintenant pour accroître son indépendance sur le plan de l’électricité.
Une première mesure vers l’autosuffisance en matière d’électricité pour l’Ontario serait d’arrêter les projets d’un nouveau « marché commun » de l’électricité dans le nord-est des États-Unis et en Ontario. La nouvelle Northeast Regional Transmission Organization (NERTO) que voit déjà le Northeast Power Coordinating Council (en réponse aux pressions de l’organisme de réglementation de l’électricité de l’administration Bush, la FERC) ne débouchera que sur une plus grande dépendance face au système américain. Si l’Ontario adhère à ce projet d’organisation de transmission régionale, il cédera le contrôle du réseau de transmission provincial à des décideurs aux États-Unis qui n’auront pas de compte à rendre. La panne souligne combien il est important pour l’Ontario de pouvoir contrôler son propre réseau de transmission. La population ontarienne devrait faire preuve de prudence quant à cette proposition.
Les travailleuses et travailleurs du secteur public s’en sortent de manière éclatante
Le SCFP national aimerait aussi reconnaître et féliciter les nombreux travailleurs et travailleuses de l’électricité et des autres services publics qui ont travaillé fort pour rétablir le courant pendant la panne et pour fournir les autres services nécessaires pendant cette situation d’urgence. Que ce soient les employés de l’Ontario Power Generation, d’Hydro One, d’Hydro-Toronto et des autres services publics, ou les travailleuses et travailleurs hospitaliers, les ambulanciers et autres personnels d’urgence, les travailleuses et travailleurs du secteur public de l’Ontario s’en sont sortis avec éclat. S’il fallait une preuve supplémentaire, la panne d’électricité a bien démontré, encore une fois, que les services publics sont le fondement même de la société canadienne.
Pour tout renseignement supplémentaire, veuillez communiquer avec :
La Coalition de l’électricité de l’Ontario
Section locale 1 du SCFP (Hydro-Toronto)
Section locale 500 du SCFP (Hydro-Manitoba)
Section locale 957 du SCFP (Hydro-Québec)
Section locale 998 du SCFP (Hydro-Manitoba)
Syndicat des travailleuses et travailleurs de l’énergie, Section locale 1000 du SCFP (Hydro-Ontario)
Section locale 1500 du SCFP (Hydro-Québec)
Service de recherche
août 2003