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Cest notre programme social le plus prTcieux. Cest aussi celui qui risque le plus dOtre dTmantelT et vendu a des entreprises privTes. Les incursions du secteur privT dans le systFme de santT du Canada sont de plus en plus frTquentes. Le dTclin du financement public et de la rTglementation des soins de santT ouvre la voie aux propriTtaires dTtablissements de soins de santT privTs et a but lucratif qui veulent offrir et assurer ces services. Et le diagnostic est clair: si des intTrOts privTs font main basse sur lassurance-maladie, un systFme a but lucratif covteux de style amTricain, avec ses flagrantes inTgalitTs et son inefficacitT, remplacera sous peu notre systFme de soins de santT.

Lassurance-maladie manque systTmatiquement de financement. Depuis 1986, les gouvernements fTdTraux ont TliminT plus de 36 milliards de dollars des transferts aux provinces en matiFre de santT. Dans tout le pays, plus de 30 pour cent des lits dh(pitaux ont disparu depuis quelques annTes, les patients sont renvoyTs chez eux plus rapidement et les Ttablissements privTs offrent leurs services aux riches patients qui ne veulent pas attendre. Chaque jour qui passe voit disparaetre peu a peu luniversalitT de notre systFme de soins de santT et la menace dun systFme a deux vitesses grandit.

La santT occupe une place immense dans lTconomie canadienne, par ses dTpenses de plus de 80 milliards de dollars en 1998. Ce secteur est aussi extrOmement prTcieux pour les Canadiennes et Canadiens et se retrouve toujours au premier rang dans tous les sondages sur les prioritTs sociales. Au moins 84 pour cent des rTpondantes et rTpondants dun sondage rTcent ont dit que laccFs Tgal et la qualitT sont les aspects les plus importants du systFme de santT du Canada. Pourtant, ce systFme est menacT. La part de ces 80 milliards de dollars assumTe par le secteur public est denviron 55,7 milliards, ou 70 pour cent. Les 30 pour cent qui restent, ou 24,3 milliards, sont assumTs par le secteur privT. + mesure que les dTpenses publiques diminuent, a cause des rTductions de financement et de services, les dTpenses privTes augmentent pour remplir le vide, et celles-ci ont augmentT de 127 pour cent depuis 1975.

La menace la plus Tvidente se trouve a Calgary, o une sociTtT appelTe Health Resources Group veut convertir une clinique privTe en h(pital complFtement privT. Les plans de HRG ont soulevT une opposition retentissante. Un sondage rTvTlait que plus des deux tiers des Albertaines et Albertains interrogTs pensent que la crTation de lh(pital marquerait le dTbut de la fin des soins de santT publics universels. Sous la pression publique grandissante, le gouvernement albertain a retardT ladoption dune loi qui aurait accordT au gouvernement toute la latitude voulue pour approuver la crTation dh(pitaux privTs a but lucratif. Les compressions dans le financement public ont facilitT la naissance de la clinique privTe de HRG, qui est situTe dans laile dun h(pital fermT a cause des compressions imposTes par le gouvernement. Cette situation se reproduira ailleurs dans le pays, a mesure que les h(pitaux se fusionneront et fermeront leurs portes, crTant ainsi des pTnuries de lits, des listes dattente plus longues et, en bout de ligne, plus de dTcFs.

Les avantages des soins de santT publics sont Tvidents pour la plupart des Canadiennes et Canadiens, qui nont qua regarder du c(tT des +tats-Unis pour constater les rTsultats dTsastreux dun systFme de santT a deux vitesses. La plupart des AmTricaines et AmTricains comptent sur les HMO, ou organisations de la santT. Ces compagnies dassurance-maladie maximisent leurs profits en fournissant quelques services au plus grand nombre de gens possible. Plus de 43 millions dAmTricaines et AmTricains nont aucune assurance-maladie. Des millions dautres ont une couverture si minime quune maladie grave les acculerait a la faillite. Des centaines de millions de dollars sont gaspillTs en publicitT, en recouvrement de factures et en frais dadministration, dans un systFme affligT par les fraudes et la corruption. Une Ttude menTe en 1998 par la facultT de mTdecine de Harvard concluait que les fraudes a grande Tchelle sont devenues routiniFres+.

Pourtant, les entreprises privTes continuent, sur de nombreux fronts, de faire pression pour convertir lassurance-maladie en un systFme a lamTricaine. Lune des caractTristiques principales du systFme amTricain est une immense couche de gestionnaires, dadministrateurs et de comptables intermTdiaires. Parce quil na pas cette inutile bureaucratie, le systFme canadien est de loin supTrieur au systFme amTricain sur le plan de lefficacitT. Par exemple, le service de facturation de lh(pital gTnTral de 900 lits du Massachusetts emploie plus de 350 personnes. Le mOme service a lh(pital de Toronto, a peu prFs de la mOme taille, ne compte que 17 personnes. En 1994, les frais dadministration totaux des h(pitaux amTricains sTlevaient a 26 pour cent de leur budget, tandis que ceux des h(pitaux canadiens nTtaient que de 10,4 pour cent.

Un systFme a payeur unique permet aussi aux employeurs canadiens de rTaliser des Tconomies considTrables. Les sociTtTs amTricaines consacrent en moyenne 8,7 pour cent de leur masse salariale aux cotisations a des rTgimes dassurance-maladie, comparativement au 1,4 pour cent que doivent dTbourser les employeurs canadiens pour financer lassurance-maladie ici. Les employeurs canadiens Tconomisent aussi grGce a laccFs a une main-doeuvre en santT et a un systFme efficace. Les frais dadministration du systFme de santT canadien paraissent a peine: moins de un pour cent du revenu total. Mais ceux des sociTtTs a but lucratif amTricaines sont en moyenne de 14 pour cent.

Les soins a domicile sont un morceau de plus en plus important du casse-tOte de la santT. Les patients sont renvoyTs chez eux plus rapidement et plus malades, et ils dTpendent donc de plus en plus des soins a domicile pour leur convalescence. Les dTpenses publiques consacrTes aux soins a domicile ont plus que doublT depuis sept ans. Cela signifie un taux de croissance annuelle de 11 pour cent. Et les exploitants privTs a but lucratif cherchent a se rTserver une part du marchT des soins a domicile.

En Ontario, les fonds publics consacrTs aux soins a domicile sont rationnTs par le biais des Centres daccFs aux soins communautaires, qui font chuter temporairement les prix en faisant la guerre des soumissions entre les prestataires de services. Ce processus dappel doffres entraene la disparition des petites entreprises sans but lucratif au profit de sociTtTs gTantes, qui peuvent prTsenter des soumissions plus basses mOme si elles doivent pour cela absorber une perte pour Tliminer leurs concurrents.

Mais ces soumissions plus basses ne sont pas une garantie de qualitT dans les soins de santT. Et lexpTrience des +tats-Unis montre que les soins a domicile a but lucratif peuvent finir par covter beaucoup plus cher au public. Le U.S. General Accounting Office estime que 25 pour cent de tous les organismes de soins a domicile, dont la majoritT sont a but lucratif, fraudent lassurance-maladie.

Les services de soins a domicile incluent les soins infirmiers et les soins de soutien, la thTrapie et lentretien mTnager. Ces services sont a la piFce et varient beaucoup dune province a lautre. AprFs une Ttude approfondie de deux ans, le Forum national sur la santT concluait que les soins a domicile devaient Otre intTgrTs au systFme de santT public du Canada. Les Canadiennes et Canadiens ont besoin dun systFme national de soins a domicile, basT sur les mOmes principes que ceux de la Loi canadienne sur la santT et avec un financement public garanti. Lautre solution est un systFme de soins a domicile fragmentT, non rTglementT et inaccessible.

La clT de tout systFme national de soins a domicile est une nouvelle approche en matiFre de mTdicaments dordonnance. Les lois actuelles en matiFre de brevets ont permis aux multinationales pharmaceutiques de contr(ler lapprovisionnement et de faire ainsi augmenter les frais dh(pitaux et dassurance, tout en se rTservant dTnormes profits. Les covts inutilement TlevTs des mTdicaments sont de plus en plus prToccupants, au moment o les patients qui sont renvoyTs prTmaturTment a la maison doivent en assumer les covts, ce qui naurait pas TtT le cas sils Ttaient restTs a lh(pital.

Les soins de santT directs ne sont que lun des domaines convoitTs par les privatiseurs. Les services de soutien sont une industrie de plusieurs milliards de dollars, qui peut permettre aux entreprises a but lucratif de faire des profits immenses grGce a la sous-traitance et a la privatisation. + des fins de rTduction des covts, les services de buanderie, de nettoyage et dalimentation, qui constituent une partie essentielle dun systFme de santT efficace, sont parmi les premiers a Otre abandonnTs. Mais il est de plus en plus Tvident que, loin dOtre une solution, la privatisation des services de soutien est souvent beaucoup plus covteuse et moins efficace.

Les systFmes dalimentation centralisTs, qui sont en train de faire leur apparition un peu partout au Canada, se sont avTrTs une solution+ covteuse et trFs infTrieure. Partout au Canada, les services dalimentation des institutions sont donnTs en sous-traitance pour Tliminer des emplois des h(pitaux et des centres daccueil locaux. Les nouvelles cuisines produisent souvent une nourriture de qualitT beaucoup moindre, malgrT les belles promesses qui accompagnaient le baratin de vente des processus de congTlation et de rTchauffement. On se plaint beaucoup de leur manque de souplesse et de variTtT, surtout dans les Ttablissements de soins prolongTs.

Lampleur de la sous-traitance est aussi prToccupante dans dautres domaines, dont les laboratoires et autres services de diagnostic. Toutes les Ttudes rTvFlent que les laboratoires privTs covtent plus cher au public. En Colombie-Britannique, la recherche indique que le retour au secteur public de tous les tests en laboratoire permettrait dTconomiser jusqua 25 millions de dollars par annTe.

Les sociTtTs gTantes comme Laidlaw reluquent les services ambulanciers, o existe dTja un mTli-mTlo de fonds publics et privTs. La encore, lexpTrience amTricaine est rTvTlatrice. Des informations en provenance du dTpartement amTricain de la SantT nous apprennent que les services ambulanciers a but lucratif sont truffTs de problFmes, comme la mauvaise qualitT du service, des covts qui grimpent en flFche, de la fraude, lTpuisement du personnel et des taux de roulement TlevTs. Aux +tats-Unis, le covt moyen dun appel est de 500 $ ; il nest que de 200 $ en Ontario.

En matiFre de soins de santT, le retrait du gouvernement fTdTral du financement des soins de santT sTtend au-dela des compressions, jusque dans le domaine de la rTglementation. Le rTtrTcissement du r(le de la Direction gTnTrale de la santT du Canada soulFve de nombreuses inquiTtudes quant a la salubritT de la nourriture, ainsi qua la rigueur des essais effectuTs sur les mTdicaments et a leur approbation. Les changements proposTs a la DGS Tlimineront des contr(les nTcessaires qui, depuis des dTcennies, sont partie intTgrante dun systFme de santT efficace. Le gouvernement veut retirer a la DGS son r(le de rTglementation, en traitant les entreprises comme des clients+ et en leur permettant de sauto-rTglementer+ une tendance dangereuse dans une industrie dont la prToccupation principale est de lancer de nouveaux produits sur le marchT.

Le secteur de linformation en santT, o limportance dun petit nombre de sociTtTs privTes devient inquiTtante, est aussi menacT. Linformation en santT peut servir a suivre, a traiter et a prTvenir la maladie. Cette information peut faire partie dun systFme responsable et efficace, mais uniquement si elle est contr(lTe par un organisme public et dans lintTrOt public. Les entreprises qui assument ladministration de linformation en santT ont accFs a une quantitT dinformation sans prTcTdent, ce qui menace le droit a la vie privTe ; de plus, ces informations peuvent aussi servir a des fins discutables, comme campagnes de marketing ciblTes.

Depuis que le gouvernement a privatisT le systFme national dinformation en santT, il y a cinq ans, les rTfTrences et les limites ont TtT remplacTes par une approche plus globale en matiFre dinformation en santT. LInstitut en information de la santT (CIHI), une entreprise canadienne privTe a but lucratif, assume des r(les qui incombaient autrefois a SantT Canada et a Statistique Canada. En plus davoir moins de comptes a rendre, la CIHI est financT en majeure partie par des sociTtTs qui sont intTressTes a ce que le contr(le de la santT soit privT. Pourtant, la CIHI contr(le et fatonne linformation dont auront besoin les lTgislateurs et le public pour planifier lavenir de lassurance-maladie.

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