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 INTRODUCTION

Alors que tout le pays regardait, incrédule, le Conseil municipal de Toronto a voté dans une proportion de 32 à 24, plus tôt, ce mois-ci, pour transporter par chemin de fer des millions de tonnes de déchets à 587 kilomètres au nord, à la mine Adams, près de Kirkland Lake (Ontario). Les opposants à ce programme peu populaire de 20 ans ont promis de poursuivre la lutte lors des prochaines élections municipales à Toronto et d’obtenir l’intervention du gouvernement fédéral pour renverser la décision. La population de Toronto sait que c’est mal pour la Ville de se débarrasser de ses déchets dans le nord, surtout depuis que les citoyens du nord, Autochtones et non-Autochones, ont dit très clairement qu’ils ne voulaient pas de nos déchets. La décision du Conseil de Toronto de transporter les déchets par chemin de fer n’a aucun sens, ni sur le plan de l’environnement pas plus que d’un point de vue purement économique. Quant à une planification municipale acceptable, une telle mesure ne peut être ni expliquée ni appuyée en toute logique. Le SCFP est le principal syndicat canadien qui représente les employées et employés municipaux dans tout le Canada. Dans le cadre de son mandat d’offrir des services plus larges, il traite régulièrement de la question des déchets. Le SCFP a rencontré régulièrement les représentantes et représentants de la Ville de Toronto pour discuter du dossier des déchets et il a présenté des douzaines de mémoires et d’études sur le sujet. Certaines de ses idées et suggestions pour la cueillette, le traitement et le recyclage des déchets ont été adoptées à Toronto, mais toujours morceau par morceau, de manière trop restreinte et en réaction à autre chose. La quantité de déchets que nous recyclons maintenant et que nous détournons des sites d’enfouissement à Toronto est des plus inadéquate et loin des normes acceptables. La classe politique de Toronto, malgré des avertissements, s’est permis d’être tenue en otage et d’être l’objet de pressions extérieures dont l’intérêt personnel est lié au déchargement des déchets non traités de Toronto et d’éviter toute solution de rechange plus saine. Dans les pages qui suivent, nous résumons notre point de vue sur la crise des déchets à Toronto. Nous regardons tout d’abord ce qui se pointe derrière les manchettes, l’importante société liée à la mine Adams et la principale question politique qui alimente le débat. Puis nous examinons rapidement le système actuel de gestion des déchets de Toronto, les quantités de déchets traités et la manière dont ils sont traités. Enfin, nous décrivons les différents volets d’un programme de rechange complet pour Toronto

LA CRISE DES DÉCHETS DE TORONTO – CE QUI SE CACHE DERRIÈRE LES MANCHETTES

La mine Adams, une immense fosse à ciel ouvert, sera exploitée par une filiale entièrement canadienne de la société Waste Management Inc.(WMI) de Houston (Texas). Ce n’est pas la première fois que Toronto a été tenue en otage par cette société agressive de gestion des déchets. En 1983, les représentantes et représentants de la Communauté urbaine de Toronto ont combattu avec succès la dernière tentative de WMI pour prendre le contrôle des déchets de Toronto. La société WMI, le plus important conglomérat/holding de gestion des déchets, est bien connue par les analystes de l’industrie des déchets pour ses pratiques environnementales et commerciales peu scrupuleuses. En fait, c’est le Microsoft des déchets, mais elle ne produit rien qui a une valeur durable et elle est aux prises, régulièrement, avec des activités illégales et nuisibles. En juin dernier (2000), la société a été accusée de fraude par la Commission des valeurs mobilières des États-Unis pour avoir faussement représenté et gonflé artificiellement la valeur de ses actions. Les hauts dirigeants de la société ont vendu pour des millions de dollars d’actions avant que l’information financière révisée ait été rendue publique et que le cours des actions diminue. En Octobre 1998, la société WMI et trois sociétés parentes ont été inculpées, en Californie, de 23 accusations de fraude criminelle. Les accusations faisaient suite à un autre stratagème de transport par chemin de fer des déchets des comtés d’Orange et de San Diego, en Californie, vers un site d’enfouissement dans le désert du Mojave. Dans un recours collectif pour fixation des prix contre Waste Management Inc., les plaignants ont montré que WMI (en collaboration avec la deuxième société de gestion des déchets en importance du continent, Browning Ferris Industries) avait développé un programme de comptabilité complexe pour tenter d’établir des prix d’éviction monopolistiques dans plusieurs endroits différents. Plus près d’ici, à Stouffville (Ontario), WMI a détruit un des plus vieux tabous connus du monde civilisé : ne jetez pas de déchets dangereux là où les gens mangent ou boivent. On estime que 60 millions de gallons de déchets industriels ont été déchargés dans un site d’enfouissement de la société WMI sis au-dessus de deux nappes souterraines d’approvisionnement en eau. Des preuves de fausses couches, de malformations congénitales et de cancers ont été présentés avant que la société n’ait été obligée de fermer le site. Il est tout simplement inexcusable que Toronto songe maintenant à envoyer ses déchets à la mine Adams. Au début des années 1980, suivant une campagne lancée par notre syndicat et à la suite des révélations publiques au sujet de WMI, la classe politique de la Communauté urbaine de Toronto a été convaincue de contourner et de rejeter la dernière demande de WMI pour obtenir le contrôle des déchets de Toronto. Adoptant une stratégie d’acquisition agressive et de paiements versés aux politiciennes et politiciens locaux et provinciaux, WMI avait réussi à obtenir le contrôle du site d’enfouissement de Keele Valley, le site d’enfouissement le plus important du continent, situé tout juste au nord de Toronto. La Communauté urbaine de Toronto commençait à manquer d’espace d’enfouissement et WMI croyait avoir suffisamment d’appuis politiques pour obtenir le contrôle des déchets de Toronto. Mais elle avait mal calculé. Appliquant des tactiques de négociation musclées, en 1983, le président et directeur général de la Communauté urbaine de Toronto ont réussi à convaincre WMI qu’il en était de ses meilleurs intérêts de modifier ses plans et de vendre le site d’enfouissement de Keele Valley à la Communauté urbaine de Toronto. Le site a été acheté pour 40 millions de dollars. C’est ainsi que les contribuables de la Communauté urbaine ont économisé des centaines de milliers de dollars en manque à gagner en recettes fiscales pendant les vingt dernières années. Le tout a été bien documenté. De nombreuses autres villes en Amérique du Nord n’ont pas eu autant de chance. Waste Management Inc. a empoché des centaines de milliards de revenus d’impôt précieux des municipalités en prenant le contrôle des sites d’enfouissement lucratifs puis en défendant l’utilisation de ses sites d’enfouissement comme la meilleure façon de se débarrasser des déchets solides des municipalités. Les sites d’enfouissement ressemblent aux puits de pétrole à l’envers; plus vous y mettez des déchets, plus vous faites de l’argent. Les marges de profit de la cueillette des redevances de déversement payées pour décharger les déchets dans un site d’enfouissement sont exceptionnellement élevées et atteignent souvent les 80 à 90 pour cent. La population paie aussi d’autres façons. Le déchargement et l’enfouissement des déchets sont incompatibles avec l’introduction de programmes de réduction et de recyclage des déchets écologiques et viables économiquement. En conséquence, les systèmes d’eau sont pollués, l’air est vicié et la planète se réchauffe de plus en plus. En d’autres mots, notre qualité de vie se détériore. Alors que les consultants spécialisés dans la gestion des déchets ont tendance à utiliser des termes techniques, il est assez facile de comprendre les éléments fondamentaux de l’industrie. À terme, vous arrivez à la nécessité de faire un choix simple, et profondément important. Soit que vous jetiez vos déchets (ou pire encore, que vous les incinériez), ou vous en faites la cueillette, les traitez, réduisez, recyclez et les commercialisez comme une ressource ou un bien public. Si une ville paie pour se débarrasser de ses déchets en les déchargeant dans un site d’enfouissement de quelqu’un d’autre, elle perd l’effet de levier pour contrôler où les déchets iront et comment ils seront traités. Dans le jargon de l’industrie, vous perdez le contrôle du débit. De plus, si la ville paie des redevances de déversement pour ses déchets, elle n’a pas le revenu (ni le facteur d’encouragement) requis pour mettre en œuvre un programme de gestion intégrée des déchets pour réduire, recycler et commercialiser les déchets comme une ressource viable sur le plan environnemental. Au lieu de voir les déchets comme un bien public avec un potentiel de revenu, ils sont perçus comme un fardeau qui est imposé à des citoyens vulnérables. Ainsi, encore une fois, la société WMI essaie de contrôler et de jeter les déchets de Toronto. Cette société et le consortium dont elle fait partie ont le soutien actif du gouvernement provincial. Le premier ministre Harris appuie personnellement l’utilisation de la mine Adams. Il dit que les préoccupations au sujet des problèmes environnementaux possibles sont ridicules. Le gouvernement Harris a sérieusement affaibli la loi provinciale sur l’évaluation environnementale des déchets solides, rendant plus facile la création du site d’enfouissement. Le gouvernement provincial a fait pression sur les villes pour qu’elles privatisent la gestion des déchets et renoncent à la responsabilité de ce service municipal essentiel. Enfin, le gouvernement Harris a imposé une date limite, fixée à 2002 dans le cas de Toronto, pour la fermeture de la décharge de Keele Valley, espérant éliminer la flexibilité requise par Toronto pour adopter une solution environnementale à sa crise des déchets. Cela a également précipité le demande, par quelques politiciennes et politiciens municipaux puissants, pour une décision rapide et risquée pour le transport des déchets par chemin de fer. Il est difficile de ne pas penser à Walkerton. En effet, si on commence à transporter nos déchets par chemin de fer vers la mine Adams, ce qui est maintenant prévu pour 2002, WMI aura remporté la victoire. Comme la nuit vient après le jour, WMI aura le plein contrôle de la mine Adams. Les déchets des autres municipalités seront déchargés inévitablement dans ces gouffres. Un terrible précédent aura été créé pour enfouir encore plus de déchets dans le nord. La société WMI fera de très bons profits. Les citoyennes et citoyens du nord seront les perdants. Et Toronto aura renoncé à ses propres intérêts personnels.

L’alternative écologique

Mais il existe une alternative possible. Le conseil municipal nouvellement élu peut refuser d’envoyer les déchets vers le nord et il peut rapidement implanter un programme public de gestion des déchets complet et intégré qui réduit et recycle nos déchets. Il peut éliminer la nécessité du transport par chemin de fer. Les études ont été faites. Le programme est à la mesure de nos moyens. La technologie est disponible. Tout ce qui manque c’est la volonté civique et politique requises pour son adoption et sa mise en œuvre. Toronto peut faire ce qu’elle aurait dû faire il y a plus de dix ans, travailler sérieusement pour réduire et recycler en toute sécurité et de manière intelligente ses déchets et briser les liens de dépendance sur des options nuisibles.

LE SYSTÈME ACTUEL DES DÉCHETS DE TORONTO

Toronto produit énormément de déchets. La population de la ville génère un peu plus d’un million de tonnes de déchets par année. La même quantité de déchets, à peu de chose près, est cueillie par des entrepreneurs privés dans les secteurs industriels et commerciaux de Toronto. De plus, la Ville est responsable des déchets des agences, conseils, commissions et services municipaux qui représentent 200 000 tonnes de déchets additionnels. La grande partie des déchets de Toronto, ainsi que ceux des régions d’York et de Durham, est enfouie dans la décharge qui appartient à la Ville et qui est exploitée par elle, le site de Keele Valley. En 1999, 1 497 414 tonnes de déchets ont été déchargés à Keele Valley. Le reste (322 626 tonnes), surtout des déchets industriels et commerciaux, a été transporté par camion, en vertu d’un contrat donné par la Ville de Toronto, vers une décharge au Michigan. La Ville a adopté cette politique pour prolonger la vie de Keele Valley en attendant d’évaluer les possibilités futures. Au total, 1 820 039 tonnes de déchets ont été déchargés dans des sites d’enfouissement en 1999. Toronto, avec l’aide de ses citoyennes et citoyens, a introduit des programmes de recyclage importants dans le secteur des déchets résidentiels. Quelque 25 pour cent des déchets résidentiels sont détournés des sites d’enfouissement à l’aide des boîtes bleues, du compostage des feuilles et des déchets de jardinage, du compostage dans les cours arrière et d’autres petits programmes de recyclage. Par contre, Toronto a systématiquement manqué les objectifs fixés pour le recyclage et le détournement des déchets. Ainsi, en 1991, la Division des déchets de la Communauté urbaine de Toronto a établi un objectif de 30 pour cent pour 1992 et de 60 pour cent d’ici l’an 2000. L’atteinte de ces objectifs a été minée, à terme, alors qu’on recherchait de nouvelles décharges, que des problèmes de juridiction sont apparus et que la Communauté urbaine de Toronto n’a pas mis en œuvre un programme de réduction complet des déchets. Depuis la création de la nouvelle Ville de Toronto, la quantité de déchets détournés des sites d’enfouissement n’a presque pas changé, tournant autour des 24 à 25 pour cent des déchets résidentiels. La réduction et le recyclage dans le secteur industriel, commercial et institutionnel, maintenant dominé par les entreprises privées, sont primaires et beaucoup plus faibles. L’objectif officiel de détournement des déchets de la ville est maintenant fixé à 50 pour cent pour 2006. La Division de la gestion des déchets solides de Toronto est responsable de la cueillette, du transport, du traitement, du compostage et de la mise au rebut des déchets municipaux et du secteur privé ainsi que des déchets domestiques dangereux. Malheureusement, la division fait l’objet de pressions politiques externes et elle n’a pas eu les ressources nécessaires pour remplir son mandat comme il se doit. Le budget global de Toronto est de 5,6 milliards de dollars; le budget d’exploitation annuel pour le programme de gestion des déchets de la Ville est de quelque 135 millions. De ce total, 59 millions représentent des revenus à recevoir (provenant surtout de la décharge de Keele Valley), donnant un montant net de 79 millions de dollars pour les programmes de déchets actuels. Pour une ville de la taille de Toronto, c’est un montant trop faible. Le personnel responsable des déchets solides de Toronto a appuyé une approche plus systémique à la réduction des déchets. Ses études indiquent que la Ville pourrait atteindre un objectif de 50 pour cent de détournement, à un coût évalué entre 8,4 et 28 millions de dollars, dépendant du système adopté. Son analyse montre que le coût annuel pour atteindre 75 pour cent de détournement des déchets serait entre 19,7 et 53,7 millions de dollars. Les deux séries de chiffres sont moins coûteuses que les chiffres liés au transport par chemin de fer. Par contre, les représentants de la Division des travaux publics savent que ces objectifs ne seront jamais atteints si on avalise le projet de transport des déchets par chemin de fer. L’argent nécessaire pour atteindre ces objectifs aura été dépensé en dehors de la Ville. De plus, on aura perdu le facteur d’encouragement pour prendre une décision ferme. Cela contribue à expliquer les raisons pour lesquelles dans son rapport le plus récent, le Comité des travaux publics de la Ville ne fait que recommander quelque petits projets pilotes donnés à contrat et d’autres études et consultations. De manière significative, le Comité des travaux publics de Toronto et le personnel technique responsable des déchets solides avaient recommandé de ne pas utiliser la mine Adams. Bien qu’ils aient été limités dans leur recherche et leur accès à des options dictées par le marché pour l’élimination des déchets de Toronto, ils ont recommandé de prolonger la durée de la décharge de Keele Valley et d’avoir une combinaison de petits contrats d’élimination comme la meilleure solution pour Toronto. À leur avis, cette option fournissait à Toronto la « plus grande flexibilité pour les possibilités de gestion des déchets à court terme, rendant ainsi disponible des volumes de déchets importants qui peuvent être détournés de l’élimination et gérés par le détournement et les nouvelles technologies ». Ils ont écrit que cela donnait à Toronto « l’impact financier le plus favorable des quatre options examinées ». La plupart des membres du conseil municipal ont rejeté l’avis de leurs propres conseillères et conseillers. Nous croyons que ces mêmes politiciennes et politiciens connaissent aussi très bien les conséquences désastreuses possibles pour l’environnement de l’option de la mine Adams. On a offert à la Ville des intérêts financiers dans l’entreprise qui est maintenant propriétaire de la mine Adams. La Ville a refusé étant donné qu’elle aurait été placée dans une situation de responsabilité et un membre du conseil d’administration « aurait été sujet à une responsabilité personnelle… pour prévenir tout déchargement illégal de contaminants et il aurait pu être nommé personnellement en vertu d’une ordonnance de nettoyage. La possibilité d’une condamnation aurait existé. »

ÉLÉMENTS D’UN PROGRAMME COMPLET DE RÉDUCTION DES DÉCHETS

Toronto peut atteindre un taux de 75 pour cent de réduction/détournement des déchets et dire non au transport par chemin de fer vers le nord. Pour atteindre ce but, il faut une politique officielle saine, une économie responsable et un engagement réel face à l’environnement.

Leadership public

Le seul élément le plus important nécessaire pour résoudre la crise des déchets de Toronto est un leadership public par les politiciens élus engagés face à un programme de gestion des déchets intégré, complet et public. Un programme de gestion complet des déchets est la seule façon de procéder. Les pressions normales en termes de concurrence sont grandement absentes dans le secteur privé de la gestion des déchets, et c’est à cause des caractéristiques particulières de l’industrie de la gestion des déchets, ce que les économistes appellent un monopole naturel. La Ville de Toronto prendra le contrôle ou ce sera les conglomérats de la gestion des déchets. La planification à la pièce des éléments individuels du cycle des déchets ne fonctionne pas parce que les éléments sont liés intégralement. La réduction a des effets sur le besoin de sites d’enfouissement. Les options de mise au rebut sont liées à la cueillette, à la réduction, à la réutilisation, au recyclage, à la récupération et à la commercialisation des différentes parties du courant des déchets. Le leadership du secteur public signifie voir les déchets solides comme un bien public qui appartient à la population et évitant l’utilisation de décharges inutiles et malsaines appartenant au secteur privé. Cela signifie traiter les déchets afin de les rendre aussi inoffensifs que possible et utiliser le matériel recyclé pour aider à obtenir les revenus nécessaires aux programmes et services de gestion des déchets de grande qualité pour les municipalités.

Conserver la flexibilité de l’élimination

La capacité suffisante des décharges (sans utiliser la mine Adams) a été identifiée par le Processus de ressources des déchets solides que la Ville vient de compléter. La capacité d’enfouissement existe autant pour recevoir les déchets solides produits par la Communauté urbaine de Toronto alors que la Ville met en œuvre un système amélioré de réduction et de détournement des déchets. La Ville a besoin de conserver la flexibilité en matière d’enfouissement afin d’avoir la capacité et le temps d’aller de l’avant de manière décisive et stratégique.

Renforcer les programmes des secteurs résidentiels

Le programme actuel (et couronné de succès) des boîtes de recyclage de Toronto doit être renforcé. Les articles maintenant dérivés, comme les contenants de peintures et les diffuseurs d’aérosols, devraient être ajoutés aux programmes de recyclage de la Ville. De plus, les opérations relatives aux déchets de feuilles et de jardins devraient être renforcés substantiellement et la Ville devrait commencer à recycler les déchets organiques de cuisine. La cueillette de matériels recyclables des résidences multifamiliales représente le segment le moins développé du programme de recyclage des déchets résidentiels de la Ville. La cueillette des articles recyclables des résidences multifamiliales (y compris les appartements) devrait être traitée comme une priorité immédiate.

Introduire la cueillette des conteneurs de la Ville dans le secteur commercial, industriel et institutionnel

La cueillette des conteneurs est la forme la plus mécanisée de cueillette des déchets. La Ville a permis au secteur privé de dominer complètement ce secteur, bien qu’il soit le plus rentable de tous les grands services de cueillette des déchets, avec les entreprises privées obtenant un rapport de bénéfice/recettes autour de 20 à 40 pour cent. Les déchets dans ces secteurs (qui forment au moins la moitié des déchets solides générés par la Ville) sont également beaucoup plus homogènes que les déchets résidentiels et offrent des récompenses financières plus grande quand ils sont recyclés et commercialisés. Il y a très peu de recyclage dans ce secteur. En effet, la Ville paie une entreprise privée environ 50 $ la tonne pour transporter plus de 250 000 tonnes par année dans ce secteur vers une décharge au Michigan. Les municipalités canadiennes qui sont entrées dans le secteur commercial, industriel et institutionnel ont fait des profits en récupérant pleinement les coûts directs, les coûts d’exploitation fixes et les coûts administratifs et généraux. L’expérience indique que les clientes et clients des conteneurs cherchent un service fiable à un prix compétitif. Ils veulent un service « sans problème ». La Ville devrait offrir ce service pour faciliter la réduction des déchets, économiser de l’argent sur l’enfouissement, offrir aux entreprises un choix qui leur est maintenant refusé et aider à compenser pour les coûts des autres éléments du système de gestion des déchets.

Adopter une gestion à deux courants, le recyclage des déchets mouillés et secs, pour en arriver à une réduction de 75 pour cent

Le SCFP a proposé un système à deux courants, le recyclage des déchets mouillés et secs, pour la Ville de Toronto. Les coûts généraux et la documentation technique ont été donnés à la Ville. L’Alliance pour l’environnement de Toronto appuie la proposition. C’est un modèle qui contrôle notre flot de déchets et le garde en régie, comme il se doit. Le système de gestion des déchets mouillés et secs a été conçu pour accepter tous les déchets du système de cueillette municipal actuel, ainsi que les déchets des agences, conseils, commissions et services de la Ville. Sept installations pour le traitement des déchets mouillés et secs traiteront quelque 750 000 tonnes de déchets secs (comme le papier, le carton, le plastique et l’aluminium) et 350 000 tonnes de déchets mouillés (les déchets de jardins et des aliments) par année. Le système peut aussi traiter les déchets additionnels des secteurs industriel, commercial et institutionnel ainsi que les déchets municipaux de la région du Toronto métropolitain en augmentant les heures d’ouverture de l’installation ou en construisant d’autres installations. Les déchets mouillés et secs sont effectivement cueillis par des véhicules qui contiennent deux compartiments distincts. Nous avons choisi le système parce qu’il est simple, commode pour la population et pour les entreprises et parce qu’il maximise le détournement et la récupération des déchets. Il crée aussi des emplois utiles à Toronto sur le plan social. Par comparaison avec le transport des déchets par train vers le nord, ce système permettra à la Ville d’économiser plus de 600 millions de dollars pendant la période de planification des 20 prochaines années. Le taux de détournement général pour les installations de traitement des déchets mouillés et secs est de 72 pour cent. Quand on combine le tout aux programmes de compostage dans les cours arrière et de compostage des déchets de jardin actuels de la Ville, celle-ci atteindra un taux de détournement global de 75 pour cent. La Ville a commandé des analyses extérieures de notre proposition. Une bonne partie de ce qui a été présenté a été jugé comme étant exact. Le Comité des travaux publics de la Ville a reconnu qu’un taux élevé de détournement des déchets peut être obtenu avec ce système. Les inquiétudes les plus graves qui ont été soulevées étaient les suivantes : les autres municipalités n’ont pas utilisé le système pour les déchets multifamiliaux et commerciaux (nous croyons que le système peut gérer ces déchets); à la Ville de Guelph, où le système est utilisé. La population est moins diversifiée sur le plan ethnique et linguistique (nous sommes convaincus que toute la population de Toronto participera volontiers au programme); de plus, jusqu’à ce que le système soit adopté à Toronto, il sera impossible de déterminer si les projections de revenu pour les produits recyclés sont exactes. (C’est un problème inhérent à tous les projets. Nous avons utilisé les données actuelles du marché.)

Éducation et engagement de la population

L’éducation et la participation de la population sont importantes pour le succès de tout programme de gestion des déchets d’une municipalité. Le programme actuel de la Ville devrait incorporer l’information sur notre système de gestion des déchets mouillés et secs et les autres nouveaux éléments du système de gestion des déchets de Toronto. Les citoyennes et citoyens de Toronto ont montré qu’ils étaient prêt à collaborer. La participation de la population dans tout programme de recyclage utile augmentera sérieusement en réponse à la solution basée à Toronto pour la crise des déchets.

Créer un système de commercialisation des déchets de Toronto

Une commercialisation active est une partie essentielle de tout système de gestion moderne des déchets. La commercialisation des produits recyclés permettra d’atteindre les objectifs en termes de revenu et la Ville de Toronto bénéficiera pleinement de ses économies d’échelle. La Ville devrait avoir ses propres économistes et spécialistes en marketing.

Établir un Centre d’excellence de la gestion des déchets

Avec une population de 2,4 millions de gens, Toronto est la plus importante ville du Canada. La bonne gestion de nos déchets est essentielle si les engagements environnementaux du Canada, sur le plan national et international, doivent être respectés. La recherche et le développement continus et l’information sur les nouvelles méthodes pour la réduction et le recyclage des déchets devraient faire partie du mandat du programme de gestion des déchets de Toronto. La création d’un centre d’excellence de la gestion des déchets, qui peut puiser à même les meilleurs esprits et les idées disponibles, aidera Toronto à atteindre ses objectifs sur le plan environnemental. La Ville sera aussi un exemple positif pour les villes dans tout le Canada et autour du monde.

 Financement

L’information disponible sur l’évaluation des coûts (préparée par le personnel de la Ville et d’autres) montre qu’une approche systématique à la réduction et au recyclage des déchets municipaux est moins coûteuse que le transport par chemin de fer et l’enfouissement sanitaire. Il y aura des coûts accrus à court terme, mais au cours du cycle de planification à moyen et à long termes, la Ville fera des économie. La réduction de la dépendance de Toronto face aux sites d’enfouissements du secteur privé et la commercialisation des matériaux recyclés compenseront pour une bonne partie des nouveaux coûts. Toronto devra accroître le budget de sa Division de la gestion des déchets mais on peut approcher immédiatement les gouvernements fédéral et provincial pour obtenir des fonds pour l’infrastructure et autres. Les fonds sont disponibles et nous sommes convaincus qu’au moins un (ou peut-être les deux) niveau de gouvernement appuiera les demandes de Toronto. S’il le faisait, cela représenterait la bonne décision politique.

 Conclusion

On sait depuis longtemps qu’il n’y a pas de solution miracle au problème de la gestion des déchets. L’incinération produit des toxines mortelles et a d’importants effets négatifs sur l’environnement. Et les décharges sûres n’existent pas. Le bon sens nous dit que nous devons traiter nos propres déchets et ne pas imposer le fardeau de nos déchets à d’autres. La réponse réside dans un programme de réduction des déchets responsable, avec tous les matériaux qui peuvent être réutilisés et recyclés détournés du courant des déchets. Le 13 novembre, nous aurons la possibilité d’élire les membres du Conseil municipal qui diront non au transport des déchets par train vers le nord et oui à un programme de gestion intégrée des déchets. Ce faisant, nous voterons pour un programme qui avantagera la population de Toronto et qui défendra la réputation de la Ville.

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