Le gouvernement libéral de Dwight Ball pousse inutilement la province vers une récession encore plus prononcée. Prenez l’exemple de l’Alberta, où on a choisi d’aider les citoyens au lieu de s’acharner sur eux.
Les familles terre-neuviennes et labradoriennes ont déjà de la difficulté à joindre les deux bouts. Les licenciements, les gels salariaux, la réduction des services publics et les attaques contre les syndicats ne font qu’aggraver les choses. C’est en période de ralentissement économique que les familles à faible revenu et celles de la classe moyenne ont le plus besoin des services publics.
L’Alberta et Terre-Neuve-et-Labrador sont devenues dépendantes des redevances du secteur des ressources naturelles. Quand le prix du pétrole a chuté, ces redevances ont réduit drastiquement. En 2015, ces deux provinces ont élu un nouveau gouvernement et ces gouvernements ont déposé leur premier budget le même jour : le 14 avril 2016.
Comme quoi un an, ça peut faire toute une différence.
Le budget 2016 du NPD albertain comportait des mesures fiscales progressistes, dont une hausse de deux pour cent de l’impôt des sociétés. En outre, le taux maximal d’imposition est passé de 10 pour cent à 15 pour cent. Aujourd’hui, les revenus additionnels tirés de l’exploitation des ressources naturelles sont versés dans un Fonds du patrimoine.
En santé, l’Alberta met un terme aux coûteuses expériences de privatisation, ramenant les fonds publics dans les services publics. En tout, elle investira 3,5 milliards de dollars sur cinq dans les hôpitaux et les établissements de soins de santé. En éducation, on introduit graduellement la maternelle à temps plein, en plus d’investir dans les garderies et d’imposer un gel des droits de scolarité dans le secteur postsecondaire. Enfin, l’État albertain a ajouté 37 millions de dollars au budget des bibliothèques publiques.
À l’inverse, le budget 2016 de Terre-Neuve-et-Labrador ne contenait que des coupures. Le gouvernement libéral a coupé 260 millions de dollars dans les services publics, 100 millions dans des projets d’immobilisation et de rénovation, 18 pour cent dans l’aide financière aux étudiants, 7,9 millions dans le maintien à domicile et 50 millions dans la santé, en plus de supprimer des centaines d’emplois. Cinquante-quatre bibliothèques rurales sont toujours menacées de fermeture, ce qui entraînerait la perte de 61 emplois occupés majoritairement par des femmes.
La seule chose que le gouvernement terre-neuvien n’a pas coupée, c’est la taxe sur l’essence, qu’il a majorée de 16,5 cents le litre !
Et les résultats ?
L’Alberta devrait profiter de la plus forte croissance économique au pays pour les deux prochaines années, tandis que celle de Terre-Neuve devrait se retrouver tout au bas du palmarès. Selon le Conference Board du Canada, le PIB réel de l’Alberta devrait croître de 2,8 pour cent en 2017, ce qui constitue la plus forte croissance parmi les provinces, alors que l’économie terre-neuvienne « continuera à éprouver des difficultés ».
Le taux de chômage à Terre-Neuve-et-Labrador devrait passer de 13 pour cent à 17 pour cent d’ici 2020, tandis que celui de l’Alberta diminuera de 8 pour cent à 6 pour cent.
Quand on supprime des emplois dans le secteur public, on se trouve à réduire les services publics. Et les stratagèmes de privatisation risqués pour nos services publics font en sorte que le citoyen doit payer plus cher pour en obtenir moins.
Le succès qu’a connu le budget du NPD albertain est la preuve qu’il existe une meilleure solution. Dans son budget, le gouvernement terre-neuvien pourrait adopter des mesures qui prioriseraient les citoyens, qui protégeraient les services publics, qui créeraient de bons emplois et qui stimuleraient l’économie.
Le gouvernement Ball devrait reconnaître que le secteur public est un moteur de croissance économique. Les soins de santé de qualité et l’éducation de qualité sont des secteurs économiques majeurs et non un fardeau pour la société. Le gouvernement devrait aussi revoir son cadre de redevances sur les ressources naturelles et se fixer une cible de 60-40 pour le partage des revenus pétroliers entre l’État et le privé.
Parmi les mesures qui pourraient aider les travailleurs et les familles, mentionnons la création de nouveaux taux d’imposition pour les particuliers pour que les plus gros salaires et les entreprises assument leur juste part ; l’indexation du salaire minimum à la croissance économique, à l’inflation ou aux deux ; et la consolidation de la législation sur la négociation collective.
Espérons, dans notre intérêt à tous, que le prochain budget du gouvernement Ball ne ressemblera en rien au précédent.
Wayne Lucas
Président du SCFP-Terre-Neuve-et-Labrador