Bonjour,
En tant que président de l’Ontario Compensation Employees Union, et fier membre du SCFP, je représente plus de 3 600 personnes employées par la Commission de la sécurité professionnelle et de l’assurance contre les accidents du travail (CSPAAT).
Le personnel de la CSPAAT est au service des travailleuses et travailleurs, de leurs familles et des employeurs de l’Ontario. La Commission fournit une indemnisation en cas de perte de revenus, ainsi que des prestations et une couverture de soins de santé aux personnes admissibles souffrant d’une maladie ou blessure professionnelle.
Avant d’être élu pour représenter ce groupe qui travaille d’arrache-pied, j’ai moi-même travaillé comme gestionnaire de cas. Je devais m’assurer que les travailleuses et travailleurs victimes d’un accident et leurs proches recevaient le soutien nécessaire. C’est la partie visible que les gens connaissent de la CSPAAT.
À l’âge de 19 ans, j’ai perdu la moitié de mon ouïe à cause d’un incident traumatisant survenu dans une usine. J’ai alors compris qu’en cas de blessure, les travailleuses et travailleurs ont besoin d’une personne consciencieuse qui veille à leurs intérêts. Mes collègues et moi servons fièrement les travailleuses et travailleurs de l’Ontario qui ont subi un accident.
Je me trouve en ce moment dans une position où aucun président de syndicat ne souhaite se trouver : obligé d’annoncer qu’on devra peut-être se retirer de notre lieu de travail et interrompre les services essentiels qu’on offre dans la province.
On ne le prend pas à la légère. Mes collègues se réveillent le matin en pensant aux besoins des travailleuses et travailleurs de l’Ontario victimes d’un accident, et continuent d’y penser même une fois leur journée de travail terminée.
Les personnes qu’on sert ne sont pas seulement des noms et des dossiers médicaux. Elles sont réelles, elles ont été gravement blessées ou exposées à une maladie au travail. Dans certains cas, elles ont même perdu la vie. Ces personnes et leurs familles ont besoin de notre aide pour traverser ce qui peut être l’une des périodes les plus difficiles de leur existence.
On prend cette responsabilité très au sérieux.
Mais on est nous aussi des travailleuses et travailleurs. Et on a besoin nous aussi de soutien.
Heureusement, notre organisation a un surplus budgétaire et aucune dette non provisionnée. La CSPAAT n’est pas financée par les contribuables. L’argent provient uniquement des employeurs de l’Ontario. Nos négociations n’ont AUCUNE répercussion sur le budget de la province.
Je demande au gouvernement Ford, de même qu’au président-directeur général et au conseil d’administration de la CSPAAT de faire leur travail et de mettre les négociations sur la bonne voie. De faire ce qui est juste et bon pour leur main-d’œuvre, pour l’organisation et pour la population qui reçoit les services.
Trop de mes collègues sont à bout de souffle en raison d’une surcharge de travail et d’un environnement de travail toxique, une situation qui a été confirmée par une enquête réalisée par un tiers.
Lorsque les personnes qui fournissent des services essentiels à la population sont en difficulté, les services en souffrent inévitablement. Je sais qu’on peut faire mieux. On doit faire mieux!
On a besoin de toute urgence de ressources et d’investissements dans la formation pour bonifier la prestation des services. Lorsque ce sera fait, le bien-être du personnel s’améliorera également.
La CSPAAT existe depuis plus de 100 ans et n’a jamais été en grève auparavant. Mais les choses vont tellement mal que mes collègues ont fait une démonstration de force en votant en faveur de la grève à 96 %, avec un taux de participation de plus de 85 %. Si on doit en venir à une grève légale, on le fera.
La décision du syndicat de faire la grève dépendra de ce qui se passera dans les prochains jours de négociation. C’est la direction qui a déposé une demande surprise de résiliation de la convention collective. Notre équipe a obtenu une prolongation des négociations jusqu’au 21 mai. On travaillera avec détermination pour parvenir à un accord équitable pour nos membres, mais pour y arriver, on a besoin d’un partenaire disposé à s’asseoir à la table de négociation.
La CSPAAT rêve en couleurs si elle pense qu’on acceptera un accord qui prévoit des réductions des effectifs par l’employeur, qui ne s’attaque pas au problème très réel et systémique de la surcharge de travail ainsi qu’à la microgestion, et qui ne propose pas de rémunération équitable. La baisse de moral du personnel de la CSPAAT ne se réglera pas juste en récupérant certaines dispositions dans notre convention collective. C’est pourtant ce que la CSPAAT tente de faire.
Les travailleuses et travailleurs ont trop souvent vu les cadres justifier leurs propres augmentations et primes. Ce sont les travailleuses et travailleurs qui subissent les effets de l’inflation. On ne devrait jamais demander à personne de faire plus avec moins.
Si la CSPAAT est incapable de présenter une offre respectueuse qui répond à nos besoins, on n’aura pas d’autre choix que de déclencher une grève légale.
On ne veut pas en arriver là. Rien n’est plus inquiétant que les possibles incidences de nos moyens de pression sur les travailleuses et travailleurs qui ont eu un accident et comptent sur notre soutien. On fera de notre mieux pour en atténuer les répercussions, mais on ne peut pas permettre à la CSPAAT d’exploiter notre compassion envers les travailleuses et travailleurs blessés pour nous imposer une entente qui nous ferait encore reculer. On sait que ce n’est pas ce que veulent les Ontariens et Ontariennes.
On fera tout ce qu’il faut pour obtenir gain de cause. On a des alliés extraordinaires dans toute la province. On espère que la CSPAAT entendra raison et empêchera que cela se produise.
En toute solidarité,
Harry Goslin