En 1992, 20 000 membres du SCFP au Nouveau-Brunswick ont débrayé pendant huit jours pour forcer le gouvernement à respecter leurs contrats.

Simon Ouellette | Service des communications

Les unes après les autres, les unités de négociation provinciales sont avisées par la Commission du travail du Nouveau-Brunswick que les pourparlers sont dans une impasse. Après des années de discussions infructueuses, il est en effet clair que les négociations avec la province ne mènent nulle part. Dans ce contexte, l’intransigeance du premier ministre Blaine Higgs pousse d’importantes sections locales du SCFP vers la grève.

Avant Noël, au milieu de la deuxième vague de COVID-19, Blaine Higgs a ordonné un gel des salaires pour les employé(e)s du secteur public suivi de trois ans d’augmentations d’un pour cent. Six mois plus tard, le premier ministre maintient le cap et la collision avec le secteur public semble inévitable.

Des sections locales importantes, y compris celles des ministères des Transports et du Tourisme (section locale 1190), des services correctionnels (section locale 1251), du collège communautaire anglophone (section locale 5017), du ministère du Développement social (section locale 1418) et du personnel de soutien en éducation (section locale 2745), sont arrivées à cette impasse officielle. Pour ces 8000 membres, la prochaine étape est le vote de grève.

Les négociations avec d’autres sections locales importantes du SCFP, comme le personnel de la santé de la section locale 1252, les chauffeuses et chauffeurs d’autobus scolaires, et le personnel d’entretien et de garde de la section locale 1253, n’ont pas porté leurs fruits non plus. Ce n’est qu’une question de temps avant que ces deux sections locales, qui représentent près de 12 500 membres, ne se retrouvent dans une impasse elles aussi.

Blaine Higgs joue une dangereuse partie de poker s’il croit que les travailleuses et travailleurs essentiels qui se sont battus contre le COVID-19 vont simplement céder sous la pression plutôt que de s’unir pour faire la grève, peut-être même une grève massive à l’échelle provinciale.

Les journalistes, de la progressiste NB Media Coop au Telegraph Journal des Irving, ont déjà établi des parallèles avec la grève générale de 1992, où les membres du SCFP ont illégalement débrayé en masse et ont gagné.

C’est la première fois depuis 1992 que toutes les sections locales provinciales ont vu leurs calendriers de négociation s’aligner pour permettre une véritable négociation coordonnée. Plus des deux tiers de l’ensemble des 20 000 membres du SCFP de la province sont maintenant dans cette situation. Par rapport à 1992, le public réalise davantage l’importance des services publics. Grâce à leur dévouement et leurs sacrifices, les travailleuses et travailleurs ont prévenu l’effondrement de notre système durant la pandémie. Le public est aussi conscient de la gravité de la crise de recrutement et de rétention du personnel dans la plupart des secteurs, et il comprend que garder les salaires les plus bas au Canada n’est pas une stratégie gagnante pour nos communautés.

En ne promettant rien à tout le monde, le premier ministre a réuni tous les ingrédients nécessaires pour susciter une réponse massive et solidaire de la part du personnel du secteur public. D’autres syndicats du secteur public, comme la Fédération des enseignants du Nouveau-Brunswick, l’AFPC, l’IPFPC, les infirmières et infirmiers et de nombreux autres ont reçu la même offre insultante. Nous ne sommes pas seuls.

Pour paraphraser Joe Ettor, un ancien organisateur syndical : « Si les travailleuses et travailleurs du Nouveau-Brunswick veulent gagner, ils n’ont qu’à reconnaître le pouvoir de leur solidarité. Ils n’ont qu’à croiser les bras et la province s’arrêtera. Unis, ils sont plus puissants, les mains dans les poches, que tous les patrons, tous les gouvernements et toutes les lois spéciales. »