Mark Hancock | Président national

Trop de familles canadiennes ont de la difficulté à payer le loyer et l’épicerie. Le nombre de personnes vivant d’un chèque de paie à l’autre augmente, tout comme le nombre de personnes qui se demandent si on cessera un jour de les escroquer. À juste titre, ils se demandent pourquoi, après deux ans et demi de pandémie, on a l’impression que nos gouvernements nous abandonnent pendant une crise de l’inflation comme celle-ci, sans précédent depuis des décennies. 

Les travailleuses et travailleurs ne sont pas à l’origine de cette crise. Mais il est clair que nous en payons le prix et que les jeunes sont encore plus durement touchés. 

Pendant ce temps, les gouvernements regardent ailleurs ; ils font comme s’ils étaient impuissants à lutter contre l’inflation et à palier ses effets écrasants sur la classe ouvrière. 

Cela dit, il y a des gens qui prospèrent en ces temps d’inflation. 

En 2021, les chaînes d’épicerie comme Loblaws ont vu leur bénéfice brut bondir de 21 % même si leurs dépenses n’ont augmenté que de 13 %. Et pendant que les Canadiennes et Canadiens se faisaient arnaquer à la pompe, les plus grands producteurs de pétrole du Canada enregistraient des profits record, jusqu’à 10 fois supérieurs à ce qu’ils gagnaient l’an dernier. 

Et il n’y a pas que le secteur privé qui profite de l’inflation : les gouvernements aussi. 

Grâce à l’inflation, les gouvernements provinciaux du Canada ont engrangé 76 milliards de dollars de revenus de plus que prévu en 2021. En comparaison, cette année-là, l’Ontario a consacré 69 milliards de dollars au système de santé. Ce n’est pas des pinottes. 

Autrement dit, nos dirigeant(e)s politiques disposent d’outils et de ressources pour atténuer les effets de l’inflation sur les travailleuses et travailleurs. Jusqu’à présent, ils ont choisi de ne pas les utiliser. Cela doit changer. 

Tous les paliers de gouvernement doivent se lever et intervenir. 

Par exemple, le gouvernement fédéral pourrait freiner les profits corporatifs en instaurant un impôt sur les bénéfices excédentaires. Le Royaume-Uni, dont le gouvernement conservateur n’est pas exactement un exemple de politique sociale-démocrate, a récemment mis en place un tel impôt pour le secteur pétrolier et gazier. Rien ne nous empêche de faire la même chose. 

Un autre moyen par lequel les gouvernements peuvent rendre la vie plus abordable consiste à prendre la manne que lui apporte l’inflation et l’investir dans les services publics universels. 

Des moyens de transport collectif abordables et fiables permettent aux gens d’économiser de l’argent lorsque le prix de l’essence explose. Des services éducatifs à la petite enfance abordables permettent aux enfants de s’épanouir et aux familles de joindre les deux bouts. 

Notre système de soins est au bord de l’effondrement à cause d’années de sous-financement et de manque de personnel. Le moment est venu d’investir dans le recrutement et la rétention des gens qui s’occupent de nous et de nos proches lorsque nous sommes malades ou devenons vieux. 

De nouvelles données de Statistique Canada prouvent qu’on ne vit pas une pénurie de travailleurs et de travailleuses, mais une pénurie d’emplois durables, de conditions de travail et de salaires décents. 

Les travailleuses et travailleurs sont fatigués et en ont marre. Nous avons dû lutter seuls contre les pires impacts de la pandémie sur notre santé et notre bien-être. Et on nous laisse lutter seuls contre les difficultés économiques qui en résultent. C’est tout simplement inacceptable. 

Nos gouvernements devraient se battre pour nous, pas contre nous. Mais, comme nous le constatons de plus en plus au Canada et partout dans le monde, les travailleurs et travailleuses n’attendront pas que les gouvernements les traitent équitablement. Nous sommes prêts à nous organiser, à négocier et à lutter pour ce que nous méritons. Et ce sont nos jeunes membres qui sont en tête du combat