Hier, un groupe d’experts formé par le gouvernement Ford a confirmé, dans un rapport, ce que le corps professoral et le personnel universitaires répètent depuis longtemps : les universités de l’Ontario sont les moins financées du Canada.
« Le gouvernement n’avait pas besoin de dépenser des dizaines de milliers de dollars pour qu’un panel d’expert(e)s nous dise ce qu’on sait déjà », raille le président du SCFP-Ontario, Fred Hahn. « Le financement de l’État par inscription est nettement inférieur dans les universités ontariennes que partout ailleurs au pays. Résultat, les conditions d’apprentissage se détériorent et la main-d’œuvre a de plus en plus recours aux services sociaux et aux banques alimentaires. »
Selon le groupe, la subvention de fonctionnement par inscription est passée de 8 514 $ en 2008 à 8 350 $ en 2021. Pendant la même période, l’inflation a augmenté de 20 %. Rappelons aussi que le gouvernement Ford a imposé une réduction de 10 % des droits de scolarité en 2019 et qu’il les a gelés depuis. Bien que bénéfiques pour les étudiant(e)s, ces mesures n’ont fait que creuser le gouffre financier des établissements.
« Pourquoi les universités ne sont-elles pas stables financièrement en Ontario ? À cause des compressions imposées par les gouvernements libéraux et conservateurs qui se sont succédé. Et ça n’a rien d’accidentel. C’est une stratégie qui vise à privatiser l’éducation postsecondaire en Ontario, stratégie que le gouvernement Ford a accélérée ces dernières années. »
Le SCFP-Ontario demande au gouvernement provincial de rejeter les recommandations de son groupe d’experts, qui propose de privatiser plus de services et de majorer de beaucoup les droits de scolarité. Ford devrait plutôt rétablir la part provinciale du financement afin de permettre à nos universités d’offrir un enseignement et de mener des recherches de premier ordre, tout en demeurant abordables pour tout le monde.
« Le rapport contient une multitude de recommandations émanant de consultant(e)s privés qui gagnent de l’argent grâce à la sous-traitance et à la privatisation », raconte David Simao, président du comité du secteur universitaire du SCFP-Ontario. « Il est d’accord avec les restrictions salariales qui ont poussé un nombre record de chargés de cours, d’auxiliaires de recherche et d’enseignement et de membres du personnel non enseignant à se tourner vers les banques alimentaires. En retour, cela fait augmenter les coûts des services sociaux, déjà mis à rude épreuve. »
Le rapport appelle également le gouvernement à adopter un modèle de financement basé sur le rendement.
« C’est exactement la mauvaise voie à suivre, corrige M. Simao. La recherche et l’apprentissage permettent de faire d’importantes découvertes. On doit pouvoir prendre des risques sur le plan académique pour réaliser le genre de percées technologiques et philosophiques qui stimulent véritablement l’économie ontarienne. Ce rapport aurait été utile si des étudiant(e)s, des travailleuses ou des travailleurs avaient participé au processus, plutôt que des politicien(ne)s et de coûteux cabinets-conseils. »
En prévision des élections provinciales de 2026, M. Hahn fait part de l’intention du SCFP-Ontario « d’œuvrer en coalition avec les associations étudiantes, le corps enseignant, les syndicats et ses autres alliés du secteur universitaire afin de faire du financement de l’éducation postsecondaire un enjeu électoral. »