UniversitéSelon une nouvelle étude publiée aujourd’hui par le Centre canadien de politiques alternatives (CCPA), les universités canadiennes dépendent énormément des enseignants à statut précaire sur les campus.

En 2016-2017, les emplois contractuels dans le secteur représentaient la majorité (53,6 pour cent) de toutes les embauches d’enseignants universitaires. L’étude montre que la dépendance aux enseignants contractuels est un élément essentiel du système, et ce, depuis au moins dix ans.

Le rapport, intitulé Universitaires précaires – Les nominations d’enseignants contractuels, la tendance dans les universités canadiennes, est le tout premier aperçu de la dynamique et de la prédominance des emplois contractuels dans les universités canadiennes. Les données ont été obtenues par l’entremise de demandes d’accès à l’information envoyées aux 78 universités canadiennes financées par l’État.

« Nos observations nous amènent à la conclusion que l’importante dépendance aux enseignants contractuels dans les universités canadiennes est un enjeu structurel, non pas une approche temporaire à l’embauche », a affirmé la coauteure de l’étude et recherchiste au SCFP, Chandra Pasma. « Nous savons que cela affecte les travailleurs du secteur et la qualité de l’enseignement que les étudiants reçoivent. »

Voici quelques conclusions clés de l’étude :

  • le travail à temps partiel représentait près de 80 pour cent de toutes les embauches d’enseignants contractuels en 2016-2017;
  • le Québec dépend beaucoup plus des embauches d’enseignants contractuels que toute autre province, avec 61 pour cent. L’Ontario (54 pour cent) et la Colombie-Britannique (55 pour cent) ont également des pourcentages au-dessus de la moyenne nationale (53,6 pour cent);
  • en général, il y a 13 universités au Canada où les embauches contractuelles représentent plus des deux tiers de toutes les embauches;
  • dans tous les domaines d’études, sauf en agriculture et en médecine vétérinaire, les emplois contractuels représentent plus du tiers des embauches.

« De nombreuses excuses sont invoquées pour expliquer la dépendance aux enseignants contractuels : que c’est une mesure de réduction des coûts, que c’est une réponse à la demande d’emplois et à la demande du marché, ou que c’est le choix personnel de professeurs individuels », a ajouté la coauteure du rapport et chercheuse principale en éducation au CCPA, Erika Shaker. « Cependant, les données suggèrent que cette dépendance s’explique davantage par une décision des établissements que par n’importe quoi d’autre. »

Le travail précaire devient la norme, plutôt que l’exception, dans de nombreux secteurs, incluant l’éducation postsecondaire. L’étude démontre sans contredit l’ampleur du problème. Elle identifie également les moteurs de la précarité et propose des recommandations pour l’avenir.