La lutte pour les travailleuses et travailleurs après le convoiFiche-ressource de l’Éducation syndicale du SCFP

Introduction

Beaucoup d’entre nous ont été témoins du soi-disant « convoi de la liberté » en personne, en ligne ou par le biais de notre télévision. Et beaucoup d’entre nous peuvent se sentir confus, dépassés ou préoccupés par ce que nous avons vu. Cette fiche-ressource vise à répondre à certaines de ces préoccupations. Elle couvre bon nombre des malentendus et des interrogations les plus courantes sur le convoi.

Nous avons compilé ces réponses après avoir lu des rapports, parlé aux participants du convoi, lu leurs documents en ligne, écouté la police, les citoyens d’Ottawa et parlé avec des membres et alliés racisés ou en quête d’équité. Nous avons également répertorié des ressources fiables pour qui souhaiterait creuser le sujet.

Notre syndicat condamne fermement tout acte de racisme, de haine ou de violence. Nous n’avons aucun terrain d’entente avec les manifestants qui ont utilisé le convoi pour faire avancer ce genre de division.

Cependant, nous sommes d’accord avec de nombreuses personnes qui ont participé au convoi ou qui étaient sympathiques à celui-ci et qui partagent notre inquiétude face à l’inégalité croissante dans notre pays comme dans le monde. Nous partageons également l’inquiétude suscitée par le recul de la classe moyenne et l’incapacité de nombreuses personnes à accéder à des opportunités pour améliorer leur sort et celui de leur famille. Et nous comprenons la frustration que beaucoup ressentent face à des gouvernements qui semblent déconnectés, insensibles aux luttes des travailleuses et des travailleurs.

Comme plusieurs, notre syndicat veut voir tout cela changé par un gouvernement démocratiquement élu qui répond aux défis économiques et sociaux.

Nous espérons que vous trouverez cette ressource utile à votre réflexion sur le convoi et la montée de la droite organisée au Canada.

Nous vivons une période très difficile qui peut être marquée par la peur et l’isolement social. Si vous avez besoin d’aide, veuillez consulter les ressources en santé mentale qui peuvent vous être offertes par votre convention collective.

D’autres ressources externes sont disponibles. 

Questions-réponses

1. Qui était derrière le convoi ?

Le Canadian Anti-Hate Network a documenté les personnes derrière le soi-disant « convoi de la liberté ». Les quatre principaux organisateurs entretiennent des liens avec des organisations qui soutiennent les théories du complot, les mythes sur l’origine de la COVID-19, des groupes politiques séparatistes et ethno nationalistes, le racisme et la suprématie blanche. Ces types d’organisations se situent à l’extrême droite de l’échiquier politique. Beaucoup d’entre elles croient au nationalisme racial exclusif, aux valeurs patriarcales traditionnelles et ont des opinions carrément racistes.

Au début du convoi, les organisateurs ont publié un protocole d’entente (PE) qui énumérait une série d’objectifs politiques. Le problème, c’est que les arguments derrière ces demandes reposaient sur des informations erronées et des données qui ont été démenties. Le convoi, alors qu’il prenait de l’ampleur en route vers Ottawa, a ajouté une demande : la dissolution et le remplacement du gouvernement fédéral.

2. Toutes les personnes impliquées étaient-elles racistes, islamophobes ou antisémites ?

Non. De nombreuses personnes qui ont pris part au convoi protestaient contre les restrictions de santé publique et les exigences en matière de vaccination adoptées par les gouvernements fédéral et provinciaux depuis l’émergence de la COVID-19 au Canada. Bon nombre des personnes qui occupaient Ottawa étaient convaincues que les mesures sanitaires n’étaient rien de plus que des interventions excessives de l’État et des restrictions déraisonnables au choix personnel. Or, ces opinions sont souvent fondées sur la désinformation.

Cela dit, le sentiment de rancune peut être légitime. Le fait que de nombreux organisateurs du convoi étaient issus de groupes d’extrême droite était soit inconnu, soit ignoré par de nombreux participants.

3. La protestation n’est-elle pas un moyen légitime d’influencer le gouvernement ?

Absolument. Le SCFP appuie le droit de manifester et de faire de la désobéissance civile pacifique. Mais l’occupation d’Ottawa n’était ni civile ni pacifique. De nombreux participants au convoi se sont livrés à des comportements perturbateurs, menaçants et violents pendant des semaines. Ottawa est rapidement devenue dangereuse pour les citoyens, en grande partie parce que la police semblait très réticente à appliquer les règlements et à rétablir l’ordre public.

Les choses ont changé après que la police a perquisitionné les domiciles de personnes associées au blocus frontalier à Coutts, en Alberta, où ils ont trouvé une importante cache d’armes. La police a ensuite inculpé quatre personnes pour complot visant à assassiner des membres des forces de l’ordre.

Le mouvement des convois est rapidement passé de la protestation à la violence politique, les organisateurs de l’occupation d’Ottawa mentionnant publiquement qu’ils résisteraient à leur déplacement jusqu’à ce que leurs demandes soient satisfaites.

4. Comment savoir si ce que nous voyons, entendons et lisons dans les médias grand public est digne de confiance ?

Internet est inondé de désinformation. Cela a de profondes répercussions sur la façon dont nous parlons des questions d’actualité. Nous vivons tous, de plus en plus, dans un environnement d’information exposé aux théories du complot et aux « faits alternatifs ». C’est particulièrement vrai sur Internet, où la désinformation a trouvé un terrain fertile.

Notre meilleure réponse est de renforcer notre capacité à évaluer de manière critique ce que nous voyons ou lisons en ligne. Nous pouvons le faire en vérifiant nos sources et en évaluant leur crédibilité.

Par exemple, pour déterminer si un article est digne de confiance, vérifiez sa source. L’article provient-il d’une publication réputée ? S’agit-il d’un reportage ou d’un texte d’opinion ? Existe-t-il d’autres articles provenant de sources fiables qui étayent les informations ? S’il s’agit d’une publication universitaire, a-t-elle été évaluée par d’autres spécialistes du même domaine ?

Une autre stratégie consiste à évaluer la crédibilité d’une personne, d’une déclaration ou d’une allégation sur Internet. L’autrice ou l’auteur possède-t-il une expertise en la matière ? L’allégation est-elle étayée par des données ou des recherches ? L’argument présenté peut-il s’effondrer si on y regarde de plus près ? Il est essentiel d’aborder les informations en ligne avec un œil critique pour maintenir une compréhension commune de la vérité.

5. Que fait-on de la désinformation qui circule déjà, sur les réseaux sociaux par exemple ?

L’amélioration de notre propre éducation aux médias et de l’éducation civique contribuerait à lutter contre la désinformation. Commencez par développer vos compétences critiques en vérifiant la source et en confirmant sa crédibilité. Variez les médias que vous consommez. Consultez les médias progressistes en plus des sources grand public.

L’essentiel est de continuer à renforcer la solidarité dans nos sections locales, nos lieux de travail et nos communautés. La meilleure arme contre les effets corrosifs de la désinformation consiste à continuer à travailler au maintien d’un dialogue de bonne foi basé sur des valeurs partagées. Lorsque nous partageons un cadre social, il est également plus facile de discuter des différences et de résoudre les conflits.

6. Comment contrer les effets polarisants de l’extrême droite et œuvrer pour la solidarité ?

Beaucoup de gens gravitent vers l’extrême droite pour bon nombre des mêmes raisons que nous gravitons vers les syndicats : nous voulons tous un plus grand contrôle sur notre vie. Les élites au pouvoir travaillent très dur pour maintenir leur position sur la classe ouvrière. Les gens se joignent aux syndicats pour repousser la nature d’exploitation du capital et exiger une meilleure société où chacun a la chance de se bâtir une vie décente.

De même, de nombreuses personnes attirées par l’extrême droite se sentent écartées de l’économie, de la politique, des opportunités et de la société. Souvent, elles cherchent un moyen de repousser cette aliénation. Elles voient les riches s’enrichir ; elles voient la classe politique encourager les inégalités et en bénéficier. Les syndicats doivent toujours avoir une place pour accueillir ces gens qui ont été attirés par l’extrême droite ; nous devons leur garder la porte ouverte.

En même temps, nombreux sont ceux qui, à l’extrême droite de la politique de droite, ne partagent pas notre vision d’une société juste. Beaucoup soutiennent des idéologies comme la suprématie blanche et le nationalisme chrétien qui disent que certaines personnes sont meilleures que d’autres. Le SCFP rejette catégoriquement ces idéologies. Il n’y a pas de terrain d’entente à trouver ici. La clé consiste à préconiser des solutions progressistes à nos défis collectifs et à tendre la main à tous nos membres. 

7. Et maintenant ?

Le mouvement syndical doit parler aux individus influencés par l’extrême droite. Nous pouvons y parvenir en répondant aux inquiétudes économiques et politiques des gens, en mettant en évidence des solutions qui aident les travailleurs, et en poursuivant l’éducation et le militantisme contre le racisme. Ces efforts renforceront le mouvement syndical et affaibliront la capacité de l’extrême droite d’influencer nos membres et nos communautés. 

Continuer à apprendre

Organismes importants

Le Canadian Anti-Hate Network contrecarre, surveille et dénonce les mouvements, les groupes et les individus qui font la promotion de la haine au Canada en utilisant tous les outils raisonnables, légaux et éthiques à sa disposition. Informez-vous sur l’extrême droite au antihate.ca (en anglais seulement).

HabiloMédias est un organisme canadien de littératie numérique et médiatique qui aide les personnes de tous âges à acquérir des compétences en pensée critique pour interagir avec les médias en tant que citoyennes et citoyens numériques actifs et informés. Combattez la désinformation et les fausses nouvelles avec leurs outils et ressources au https://habilomedias.ca/faux-que-ca-çesse

Le News Literacy Project est un organisme américain qui fournit des programmes et des ressources pour enseigner, apprendre et partager les capacités nécessaires pour consommer des nouvelles et des informations de manière intelligente et active et avoir une participation équitable à la démocratie. Trouvez des outils et des ressources pour développer votre culture médiatique au newslit.org/for-everyone (en anglais seulement).

Ressources clés

PDF : The Conspiracy Theory Handbook

PDF : La montée de l’extrême-droite au Canada : une analyse féministe

Vidéo : Seven traits of conspiratorial thinking

Vidéo : Comment savoir ce qui est vrai sur Internet ?

Vidéo : How anger, faith and conspiracy theories fueled the trucker convoy (The Fifth Estate sur CBC)

Balado : The convoy is an occupation (Balado Conspirituality). Trouvez d’autres ressources démystifiant les théories du complot et la désinformation au conspirituality.net/ (en anglais seulement).

Retrouvez de nombreuses autres ressources dans cet excellent dossier Google public :

https://docs.google.com/document/d/1QantMT6JeCmeNjcntAkU5KFRJtelAOiph_uxm2RsvI4/edit?usp=sharing

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