Person speaking with their doctor using video chatLe ministère de la Santé procède à un examen de l’avenir des soins de santé virtuels en Saskatchewan. Le SCFP 5430 craint que cela n’ouvre la voie à d’autres privatisations.

« L’élargissement du rôle des soins de santé virtuels présente de nombreux avantages, mais il est essentiel que le gouvernement de la Saskatchewan veille à ce que les soins virtuels soient pleinement intégrés à notre système de santé public », explique Bashir Jalloh, président du SCFP 5430 et technologue en médecine nucléaire. « Compte tenu des antécédents de ce gouvernement, nous craignons que cela n’ouvre la porte à de nouvelles privatisations. »

Il existe un vide législatif en ce qui a trait aux soins virtuels et les sociétés à but lucratif ont utilisé la pandémie pour s’ancrer dans le système de santé du Canada. Dans de nombreux cas, ces sociétés fournissent des services virtuels par le biais d’assurances privées et d’arrangements de rémunération à l’acte pour les patientes et patients non assurés.

Le SCFP attire l’attention sur Maple de Toronto, un des plus importants intervenants dans le domaine des soins virtuels, qui exploite une clinique de santé virtuelle en Saskatchewan. L’accès est couvert par des prestataires d’assurance maladie privés et la rémunération à l’acte. Maple entretient des liens avec Shoppers Drug Mart/Pharmaprix, qui en détient au moins vingt pour cent.

« La prestation de services virtuels par des entreprises privées comme Maple sape les fondements de la Loi canadienne sur la santé, qui exige que les services médicalement nécessaires fournis par des médecins soient couverts par les régimes d’assurance maladie provinciaux, ajoute M. Jalloh. Au fond, les entreprises de soins virtuels à but lucratif qui facturent la consultation au patient créent un système de santé à deux vitesses en permettant aux personnes bien nanties de payer pour obtenir des soins plus rapidement. »

Dans un rapport publié en décembre 2020, la vérificatrice générale de l’Ontario, Bonnie Lysyk, a exprimé un certain nombre de préoccupations concernant la prolifération des soins virtuels privés depuis le début de la pandémie. Elle y identifiait la faible surveillance, par le ministère de la Santé, des visites et de la facturation déraisonnables, la sécurité des données et le risque pour la vie privée des patientes et patients, ainsi que les inégalités d’accès étant donné que beaucoup de gens n’ont pas la capacité de payer.

« Les soins virtuels ne remplacent pas les visites en personne à un médecin de famille ou d’autres fournisseurs de soins de santé, poursuit Bashir Jalloh. De nombreuses personnes, y compris les personnes âgées, à faible revenu ou vivant dans une communauté à faible bande passante Internet, ont de la difficulté à accéder à un rendez-vous. Le gouvernement de la Saskatchewan doit garder ces inégalités à l’esprit en déterminant le rôle des soins virtuels dans notre système de santé. »

Le SCFP veut également s’assurer que toute politique concernant les soins virtuels fera de la sécurité des renseignements une priorité absolue.

« Les soins virtuels ne sont pas une panacée, prévient M. Jalloh. Ils ne régleront pas les problèmes de recrutement et de maintien en poste auxquels le système de santé de la Saskatchewan fait face. Et ils ne résoudront pas les problèmes de charge de travail écrasante auxquels de nombreux fournisseurs de soins de santé sont confrontés chaque jour. Les soins virtuels ne sont qu’une pièce du puzzle. Le gouvernement de la Saskatchewan doit les utiliser pour renforcer notre système de santé public, et non comme une autre occasion de poursuivre la privatisation du système. »

Le SCFP 5430 représente plus de 13 000 prestataires de soins de santé de première ligne à travers la Saskatchewan.