On aura beau présenter comme un bon coup la décision de Doug Ford de rembourser 4 milliards de dollars aux employeurs de l’Ontario, il s’agit en fait d’un faux pas. La Commission de la sécurité professionnelle et de l’assurance contre les accidents du travail (CSPAAT) n’est pas financée par les contribuables; ce sont les employeurs qui paient des primes pour que tout(e) employé(e) qui se blesse au travail reçoive une indemnisation pendant son rétablissement.

Or, la succession de gouvernements conservateurs et libéraux est venue éroder ce système, et donc limiter la portée de la couverture et des indemnités disponibles. Il est temps de renverser cette tendance pour offrir mieux sur ces points, en privilégiant les travailleuses et travailleurs blessés, et non pas les employeurs.

Depuis 2017, la CSPAAT a remis aux employeurs de l’Ontario plus de 8 milliards de dollars sous forme de réductions de taux et de remboursements directs (5,5 milliards depuis 2022). Pendant ce temps, les travailleuses et travailleurs ne reçoivent rien.

Le remboursement de 4 milliards de dollars annoncé en 2025 pourrait être accordé en contrepartie d’une amélioration des mesures préventives ou de la sécurité du personnel, mais non. Il devrait au moins servir à prévenir les mises à pied causées par la guerre commerciale des États-Unis.

Parallèlement, le personnel de la CSPAAT a de moins en moins de ressources pour fournir aux travailleuses et travailleurs blessés de l’Ontario le soutien requis.

« Au lieu de retourner des milliards de dollars aux chefs d’entreprise, le gouvernement Ford devrait étendre la couverture de la CSPAAT au 1,56 million de travailleuses et travailleurs sans couverture. Les 4 milliards pourraient aussi servir à éliminer la médecine de couloir, à mettre fin à la réduction des indemnités versées au personnel blessé ou encore à améliorer grandement la prévention des accidents en Ontario », s’insurge Harry Goslin, président du SCFP 1750-OCEU.

« Les remboursements de la CSPAAT devraient être versés sous une condition : qu’ils contribuent à protéger les emplois de l’Ontario pendant la guerre commerciale. Malheureusement, la politique du gouvernement repose sur l’espoir irréaliste que ces 4 milliards serviront à protéger les travailleuses et travailleurs de la province », renchérit Nicole Francis, déléguée syndicale en chef du SCFP 1750-OCEU.