Elise RichardDieppe, Nouveau-Brunswick
SCFP 2745-09

« La bibliothèque, c’est le cœur de notre école. »

J’ai toujours aimé lire des livres! C’est l’idée de partager ma passion de la lecture avec les élèves qui m’a attirée vers le travail en bibliothèque. Ma partie préférée du travail, c’est de dénicher des nouveaux livres, surtout des nouveaux mangas (des bandes dessinées et romans illustrés japonais), qui sont très populaires chez les élèves. Je me tiens au courant de ce qui est tendance chez les jeunes, pour que la collection de notre bibliothèque reste actuelle et attrayante.

Je travaille dans le domaine de l’éducation au Nouveau-Brunswick depuis trois décennies. Avant de travailler en bibliothèque, j’ai été aide-enseignante pendant 23 ans. Aujourd’hui, je fais partie du personnel de la bibliothèque d’une école francophone qui accueille des élèves de la 6e à la 8e année, depuis que l’école a ouvert ses portes en 2018. Je suis aussi vice-présidente régionale de ma section locale, et par le passé, j’ai été secrétaire-trésorière de mon unité, et membre du Comité national sur les bibliothèques.

Je me souviens qu’à son ouverture, la bibliothèque avait des chaises en plastique dures et inconfortables. Un comité de parents a offert des fonds qu’on a utilisé pour acheter des poufs et des fauteuils confortables, ce qui a transformé la bibliothèque en un petit havre de lecture accueillant. J’ai aussi obtenu des fonds de la direction de l’école pour acheter des haut-parleurs Bluetooth, afin de pouvoir faire jouer de la musique douce dans la bibliothèque. Comme les journées peuvent parfois être chaotiques à l’école, la bibliothèque est devenue un espace calme et paisible où les élèves peuvent se détendre.

Pour moi, la bibliothèque, c’est le cœur de notre école. C’est un endroit central où les élèves se rassemblent, lisent, font leurs devoirs, étudient et se détendent. La bibliothèque est essentielle pour l’apprentissage et l’alphabétisation, elle aide les élèves à réduire leur stress et à découvrir de nouvelles choses en stimulant leur imagination. La bibliothèque joue un rôle vital pour développer les compétences et les connaissances qui vont aider les élèves à s’engager dans la vie citoyenne plus tard.

Certain(e)s élèves n’ont pas les moyens d’acheter des livres ou n’ont pas accès à une bibliothèque publique. La bibliothèque de l’école vient faire en sorte que tous les élèves sont exposés à des livres qui seraient autrement peut-être au-delà de leur portée.

J’aime aussi collaborer avec les enseignant(e)s de l’école, en m’assurant que les élèves disposent des livres adéquats pour leurs travaux. La meilleure façon de motiver les élèves à lire, c’est de les enthousiasmer! J’ai le tour de choisir des livres qui intéressent les élèves, même ceux et celles qui disent ne pas avoir vraiment d’intérêt pour la lecture ou trouvent les livres ennuyeux.

C’est beau de voir les élèves être captivé(e)s par les livres que j’ai choisis, puis de les voir en emprunter d’autres dans la même série! C’est le travail d’équipe avec les enseignant(e)s qui permet d’exposer les élèves à des livres qui leur plaisent vraiment. Je suis donc fière de contribuer à favoriser l’apprentissage et la réussite des élèves.

En hiver, surtout les jours de grand froid, il m’arrive souvent d’ouvrir la bibliothèque pendant l’heure du dîner, sur mon temps libre. Je vais toujours me souvenir d’un nouvel élève français qui avait du mal à s’adapter aux températures glaciales. Il ne s’était pas encore fait de nouveaux amis et, quand la bibliothèque était ouverte à l’heure du dîner, il y venait souvent pour échapper au froid. Sa mère m’a confié qu’en ouvrant la bibliothèque pendant le dîner, j’avais fait une grande différence dans la vie de son fils. C’est incroyable de voir que les petits gestes peuvent vraiment avoir un impact positif!

Mon expérience comme employée d’une bibliothèque scolaire est positive, mais il y a des défis qui nous affectent mes collègues et moi. Non seulement nos salaires sont bas, mais nos heures de travail sont établies selon le nombre d’élèves inscrit(e)s dans notre école. Si le nombre d’inscriptions diminue, nos heures vont être réduites.

Au Nouveau-Brunswick, il y a quatre districts scolaires anglophones et trois districts scolaires francophones. Dans certaines écoles anglophones, des postes ont été supprimés en bibliothèque et les enseignant(e)s ont pris en charge une partie des tâches. Certaines autres bibliothèques scolaires ont été fermées et transformées en salles de classe. Ces compressions dévalorisent les bibliothèques scolaires, ainsi que les compétences et la formation de leur personnel.

Ça m’inquiète beaucoup, même si jusqu’à maintenant, je n’ai pas entendu parler de fermetures de bibliothèques dans les écoles francophones de la province.

Un autre de nos défis, c’est que le gouvernement provincial n’alloue que 8 $ par élève pour l’achat de nouveaux livres. Puisque les livres en français coûtent plus cher que ceux en anglais, le budget ne permet pas d’acheter autant de livres dans les écoles francophones. Le nombre de nouveaux livres que je peux acheter pour la bibliothèque de mon école est limité.

On a vraiment besoin de plus de fonds pour remplir nos rayons avec de nouveaux livres que les élèves vont apprécier. Ensemble, avec nos écoles et nos communautés, nous devons continuer à défendre nos bibliothèques, parce qu’elles sont un élément clé de l’éducation et de la réussite des élèves.