Matthew Stella | Service des communications du SCFP
« Ça a été très révélateur pour moi », a déclaré cette employée de la Bibliothèque publique de Saskatoon. Elle était de passage en Colombie en juillet au sein de la délégation Frontlines incluant des représentants du SCFP, de l’Alliance de la fonction publique du Canada, du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes et du Syndicat national des employés généraux du secteur public.
La délégation voulait voir les effets de l’Accord de libre-échange Canada-Colombie sur le terrain. Les représentants ont aussi discuté des impacts de la privatisation des services publics et assisté à un important exposé sur l’Accord sur le commerce des services (ACS).
« Je connaissais les grandes lignes des accords de libre-échange, je savais que c’était un moyen d’exploiter les populations locales. J’étais aussi au courant que les multinationales, surtout les sociétés minières canadiennes,
avaient mauvaise réputation en Amérique du Sud. Par contre, j’ai été surprise par tout ce que j’ai appris sur l’ACS », a résumé Lisa Worobec.
L’ACS est une entente qui est présentement élaborée en secret par plus de 80 pays. Son intention est de privatiser et de déréglementer encore davantage les services publics. Les négociations sont si secrètes qu’on n’a pu en découvrir l’existence que grâce à une fuite de documents. En tant qu’employée de bibliothèque, Lisa Worobec craint que l’ACS n’accentue la tendance actuelle à la privatisation de l’information.
Elle note que les Colombiens et les Canadiens utilisent des tactiques similaires pour affronter les défis communs auxquels ils font face, les plans de privatisation et les compressions dans les services publics par exemple. Cependant, elle s’empresse de signaler que la Colombie est différente du Canada.
Comme de nombreux pays d’Amérique latine, « la Colombie est devenue la référence pour la privatisation ou la signature d’accords de libre-échange peu ou pas réglementés. Ces accords entraînent un taux élevé d’exploitation chez les travailleurs », a dénoncé Lisa Worobec. Ce système s’accompagne de répression et de menaces de mort envers les militants des droits de la personne et des dirigeants syndicaux. De nombreux Colombiens qualifient ce système le « néocolonialisme ».
Les communautés colombiennes n’ont presque aucun service public et font face à des obstacles énormes. Malgré tout, Lisa Worobec a été témoin d’exemples inspirants d’organisation citoyenne, comme la construction d’installations de traitement d’eau ou la résistance communautaire aux lois empêchant la conservation des semences. Worobec a pu constater le travail de l’Internationale des services publics qui mobilise la population à résister aux plans néolibéraux.
Même si la portée et la sévérité de la privatisation est bien différente entre la Colombie et le Canada, les efforts de résistance doivent traverser les frontières. C’était d’ailleurs ce que voulait montrer la délégation. « Nous y sommes allés par solidarité, non par charité, mais à titre de partenaires. Nous y sommes allés pour apprendre, partager et construire des relations », a conclu Lisa Worobec.