L’année dernière, Ricki Tofflemire a pensé devoir quitter son poste de préposée aux services de soutien à la personne, un poste qu’elle occupait depuis des années. Cette mère monoparentale de deux enfants travaillait à temps partiel au Community Living Essex County (CLEC), dans le sud-ouest de l’Ontario, mais travaillait 50 heures du jeudi au samedi. Elle n’avait plus rien à offrir à ses enfants.

« J’étais vidée émotionnellement. J’étais épuisée et malade. Je rentrais à la maison, fatiguée, mais je ne pouvais pas dormir, sachant que je retournais au travail dans quelques heures », a déclaré Ricki Tofflemire, qui a longtemps dû compter sur l’aide de ses parents. « Mes enfants avaient besoin de moi, mais je ne pouvais pas être là. Les mercredis soirs étaient toujours les plus difficiles. Mes enfants se fâchaient, sachant qu’on ne se reverrait pas avant plusieurs jours. »

La situation de Ricki Tofflemire n’est pas un cas isolé. Les membres du SCFP 3137 – qui représente près de 600 travailleuses et travailleurs des services de développement et le personnel administratif du CLEC – doivent régulièrement rester pour une longue période après la fin de leur quart de travail. D’autres travaillent 70 heures par semaine, mais on leur refuse des postes à temps plein, ainsi que le salaire et les avantages sociaux qui les accompagnent.

La pratique des heures supplémentaires forcées – lorsqu’un(e) membre du personnel effectue un quart de travail prévu de 12 heures, mais peut se voir forcer de rester un jour entier ou deux sans que ses heures supplémentaires soient adéquatement rémunérées – a été au cœur des négociations. Jusqu’à présent, la direction du CLEC a accepté de verser une rémunération supplémentaire, mais elle refuse de faire quoi que ce soit pour régler les problèmes systémiques qui mènent à l’épuisement professionnel et qui ont presque forcé Ricki Tofflemire à quitter l’agence. Ce refus a conduit à un vote de grève quasi unanime la semaine dernière : environ 400 membres ont voté à 97 % en faveur de la grève.

« Que notre temps soit payé, c’est le strict minimum, mais cela ne suffira pas à mettre fin à cette pratique. On se fait dire que les heures supplémentaires sont obligatoires. Cette pratique nous prive de nos droits comme travailleuses et travailleurs et de notre capacité à avoir une vie personnelle et à être là pour notre famille », explique Paul Brennan, travailleur de première ligne et président du SCFP 3137. « Il y a souvent des membres qui viennent me voir, qui sont au bout du rouleau et qui cherchent un autre emploi. Cette offre n’y changera rien. Elle n’apportera ni équilibre ni bien-être. L’agence doit rendre ces emplois plus attrayants afin de pouvoir recruter et retenir du personnel qualifié. »

L’agence fonctionne actuellement avec environ 100 employé(e)s de moins que ces dernières années, malgré l’augmentation de la demande de services, ce qui a accru la pression sur le personnel toujours en poste.

« J’aime ce travail et je suis fière d’aider les adultes atteints de troubles du développement à vivre pleinement leur vie. Mais je ne peux pas le faire au détriment de ma famille, a déclaré Ricki Tofflemire. Si les choses ne changent pas, je ne vois pas d’avenir ici. »

L’équipe de négociation du SCFP 3137 retourne à la table pour la dernière journée de négociations prévue le 29 février.