Tori Murray holding up a book

Ottawa (Ontario)
 SCFP 2357

« Sans nous, la bibliothèque serait essentiellement un entrepôt. »

Pendant mes études à la fin de mon adolescence en Angleterre, j’ai travaillé à la bibliothèque de mon école. Des années plus tard, après avoir déménagé au Canada et fondé une famille, j’ai commencé à faire du bénévolat à la bibliothèque de l’école de mon enfant et à me rendre régulièrement à la bibliothèque municipale en famille.

Puis mon mari a perdu son emploi, et c’est là que j’ai postulé au programme de bibliothéconomie et technique de l’information du Collège Algonquin. Ça a été la meilleure décision de ma vie. J’ai compris que c’était ma vocation, depuis mon tout premier emploi dans une bibliothèque quand j’étais adolescente.

Ça fait maintenant huit ans que je travaille à l’école secondaire St. Matthew. Au début, j’appréhendais un peu de travailler dans une école secondaire. J’avais occupé d’autres postes en bibliothèque à Industrie Canada, dans une association médicale et à la Bibliothèque publique d’Ottawa, où j’ai mené des activités de sensibilisation dans les quartiers défavorisés, dirigé un club de lecture d’été et planifié des contes hebdomadaires pour favoriser l’alphabétisation dans les logements sociaux et les services de garde éducatifs à l’enfance municipaux. Ça me remplissait de joie de partager des histoires avec la communauté et de voir les enfants s’illuminer en me parlant d’un bon livre. Ça fait tellement du bien.

Travailler à l’école St. Matthew, c’est à la fois différent et semblable. Les élèves ont toujours hâte de me parler de leurs lectures, et c’est beau de voir leur joie! Je me sens vraiment chez moi à St. Matthew. Il y a quelque chose d’unique à notre école qui fait que l’ensemble du personnel se sent aussi comme ça.

Dans mon travail de bibliotechnicienne, j’effectue toutes les tâches habituelles comme la circulation, le catalogage, la mise en rayon et la présentation des livres. Mais je fais plusieurs autres choses qui peuvent paraître surprenantes. Chaque jour de travail est une nouvelle aventure, et j’adore ça!

Par exemple, j’organise des séances d’étude sur des romans et des « dégustations » de livres. Chaque semaine, je lis des histoires aux élèves en rattrapage. J’offre de l’aide à l’utilisation des Chromebooks, des photocopieurs et des projecteurs de la bibliothèque, et j’aide à résoudre les problèmes informatiques. J’enseigne aussi aux élèves comment utiliser notre imprimante 3D.

Je dirige des clubs, dont un défi de groupe Minecraft et des clubs de lecture. Nous avons des bacs de laine pour tricoter, un mur de Lego, des jeux de société et un grand écran pour les jeux Nintendo Switch. Le dernier jour de l’année scolaire, je transforme la bibliothèque en zone de jeux.

La bibliothèque de St. Matthew contribue activement à nourrir l’amour de la lecture et de l’apprentissage. Les élèves peuvent explorer leur personnalité, être eux-mêmes, et apprendre ce qui les intéresse. Comme employée de bibliothèque, je m’assure que les élèves ont tous les outils nécessaires pour réussir. Puisque l’une de mes priorités est de créer un espace sécuritaire à la bibliothèque pour les élèves 2ELGBTQI+, je collabore avec une personne enseignante pour soutenir le groupe de la Fierté de notre école.

Nous nous adaptons constamment afin d’offrir les ressources que les élèves veulent et méritent. Sans nous, les élèves auraient une moins grande variété de livres et de services à leur disposition, et la collection de la bibliothèque se dégraderait. Une bibliothèque, c’est un lieu vivant. Sans son personnel, la bibliothèque serait essentiellement un entrepôt. Ça ne sert à rien d’avoir une bibliothèque sans personnel spécialisé!

J’aime les gens. J’aime les collègues et les élèves avec qui je travaille, et j’aime passer du temps à la bibliothèque pour accueillir toutes les situations. Mais il y a aussi des choses qui m’inquiètent.

Le personnel des bibliothèques ne roule pas sur l’or. Même si j’ai un emploi à temps plein 12 mois par année, j’ai peur que le conseil scolaire décide de supprimer entièrement mon poste ou de le réduire à un contrat de 10 mois. Ma famille a déjà du mal à s’en sortir. Ce serait un coup dur pour nous financièrement.

J’aimerais que notre bibliothèque ait un meilleur financement et que les bibliotechnicien(ne)s de mon conseil scolaire soient mieux reconnu(e)s. Le ministère ontarien de l’Éducation doit comprendre que les bibliothèques scolaires sont importantes, et investir pour les vitaliser.

À l’automne 2022, j’ai participé à la grève du CSCSO. C’était ma première grève et c’était incroyablement stressant et effrayant. J’étais aussi chef de piquet. Nous nous sommes battu(e)s pour faire reconnaître le travail du personnel scolaire et faire entendre nos voix. Nous avons distribué des tracts dans une épicerie de ma communauté pour que le public comprenne les enjeux. Le soutien que nous avons reçu est… indescriptible! C’était puissant, revigorant et inspirant. J’ai beaucoup appris sur le syndicat et sur la façon dont je veux que les choses fonctionnent. Il faut travailler ensemble. Une seule voix ne fait pas beaucoup de bruit, mais ensemble, notre pouvoir est colossal!