Dans le cadre de ses efforts de lutte aux changements climatiques, le Canada mettra en vigueur sous peu une tarification nationale minimum sur le carbone. Certaines provinces taxent déjà les émissions de dioxyde de carbone (CO2) et d’autres gaz à effet de serre (GES). Ces taxes ne sont pas uniformes et de nombreuses provinces n’en ont même pas.

La politique environnementale nationale du SCFP appuie la tarification du carbone, pourvu que celle-ci soit progressive et favorise les services publics et la justice environnementale sans nuire aux travailleurs à faible revenu et aux communautés autochtones.

Le gouvernement fédéral exigera de toutes les provinces qu’elles imposent une taxe minimale de 10 dollars la tonne sur les émissions de GES d’ici la fin de 2018 pour l’augmenter à 50 dollars d’ici 2022. À ces taux, la taxe sur le carbone ajouterait 4,4 cents au litre d’essence l’année prochaine, puis 11 cents après 2021. Une taxe sur le carbone de 10 dollars la tonne augmentera les coûts de chaque citoyen d’environ 90 dollars par année. À 50 dollars la tonne, on parle de 450 dollars. Ces coûts varient en fonction de la région et de la situation de chacun.

Il est important de veiller à ce que les revenus substantiels tirés de la tarification du carbone et des émissions de GES soient dépensés de manière à aider les familles, les milieux de travail et les communautés à réduire leurs émissions, particulièrement les familles plus défavorisées car ces coûts additionnels représentant une part plus grande de leur revenu. Cette équité, la politique climatique de l’Alberta l’a atteinte en investissant dans des mesures environnementales complémentaires et en offrant des remboursements aux familles à faible et à moyen revenu.

En 2008, la Colombie-Britannique a été la première province à imposer une taxe sur le carbone de 10 dollars par tonne de CO2. Aujourd’hui, cette taxe est de 35 dollars la tonne. Elle s’applique aux combustibles fossiles (essence, diesel, gaz naturel, charbon) et aux autres émetteurs de GES. Les tarifs sont établis en fonction des émissions produites par un carburant. Cette taxe ajoute en ce moment 7,78 cents au prix du litre d’essence en Colombie-Britannique. Ce n’est pas négligeable, mais ça ne représente que 5 à 7 % du prix à la pompe. Rappelons que d’un mois à l’autre, la fluctuation totale du prix de l’essence est supérieure à ce seuil.

Même en étant la première à instaurer une taxe sur le carbone, la Colombie-Britannique a affiché, au cours des 10 dernières années, une croissance économique de 40 % supérieure à la moyenne nationale. Elle devrait encore dominer le classement de la croissance économique cette année et l’an prochain.

Une taxe sur le carbone à elle seule ralentirait la croissance économique à court terme en retirant de l’argent de l’économie. Mais si les recettes sont dépensées de manière productive pour stimuler l’économie, elle peut dynamiser la croissance économique et créer des emplois tout en protégeant l’environnement.

La tarification du carbone ne représente qu’un volet de la réduction des émissions et de la lutte aux changements climatiques. À elle seule, une taxe sur le carbone devrait dépasser les 200 dollars la tonne pour atteindre les niveaux de réductions nécessaires, ce qui serait dévastateur pour l’économie. Il est beaucoup plus efficace d’utiliser plusieurs outils : réglementation directe des industries polluantes, investissements publics dans des initiatives respectueuses du climat, éducation, recherche et développement.