Charles Brenchley et Ronald Boisrond | Service des communications
Les changements technologiques et l’adoption de nouveaux outils se sont accélérés avec la pandémie. En moins d’un an, la formation à distance, le télétravail et les réunions virtuelles qui étaient l’exception sont devenus la norme. Certaines de ces pratiques perdront sans aucun doute de leur attrait lorsque la COVID-19 sera sous contrôle, mais d’autres auront un effet durable sur nos vies et nos emplois.
L’Internationale des services publics définit la numérisation dans les services publics comme l’ensemble des conséquences découlant de l’interaction des usagers et des travailleurs des services publics avec les nouvelles technologies numériques. Heureusement, le SCFP n’a pas attendu la pandémie pour commencer à réfléchir aux effets de la numérisation et de la robotique sur le travail et les travailleurs.
Le document d’orientation stratégique adopté par les délégués au congrès national de 2019 souligne en effet que la nature changeante du travail menace des emplois stables et permanents dans le secteur public et que « l’automatisation, les progrès de l’intelligence artificielle et la portée croissante des réseaux numériques menacent le travail et la vie privée de nos membres. »
Le SCFP-Québec a quant à lui mis sur pied un comité sur les nouvelles technologies pour superviser le développement de l’intelligence artificielle et d’autres technologies comme la 5G, la virtualisation des serveurs et l’automatisation. « En tant que syndiqués, nous serons tous confrontés à ces avancées technologiques d’une manière ou d’une autre, à moyen ou à long terme. Il faut les connaître pour influencer les instances gouvernementales, prévenir les licenciements et négocier des conditions de travail adaptées à ce nouveau contexte », a expliqué le président par intérim du secteur des communications au Québec, Tulsa Valin-Landry.
Pour qu’au net la numérisation ait des effets positifs, nous devons veiller à ce que la promesse d’y recourir pour améliorer la qualité, l’efficacité et l’accessibilité des services publics pour les usagers soit respectée, et ce, en améliorant aussi les conditions de travail et en créant de bonnes possibilités d’emploi.
C’est ce qui est arrivé aux travailleurs municipaux de la Ville de Conception Bay South (Terre-Neuve-et-Labrador), membres de la section locale 3034. La section locale a exercé des pressions pour que ses membres chargés de la collecte des déchets municipaux bénéficient de l’automatisation. Ses efforts ont été récompensés. Les accommodements mis en place grâce à l’automatisation ont en effet permis de régler des problèmes de santé et de sécurité.
« Ramasser les ordures est un travail sale et dangereux. L’automatisation le rend beaucoup plus sécuritaire », a souligné Corey Mitchell, qui travaillait pour un entrepreneur avant que la ville ne ramène les services de gestion des déchets solides à l’interne en 2012, et ce, après 30 ans de services peu fiables et coûteux offerts par le secteur privé.
L’automatisation a été acceptée plus facilement, parce qu’elle a été implantée à l’interne, sans recours à un partenariat public-privé. Le projet a permis aux travailleurs de s’approprier ces changements technologiques qui permettent d’accroître la fréquence des collectes des matières recyclables pour le bénéfice des citoyens.
L’exemple de la section locale 3034 illustre parfaitement les objectifs que nous visons, comme syndiqués, face aux changements technologiques : un meilleur service, aucune perte d’emplois, une meilleure santé-sécurité et plus de transparence.