En ce qui concerne les changements climatiques, les cibles sont importantes, mais elles n’ont aucun sens sans un plan pour les atteindre. Hélas, le gouvernement Trudeau nous sert la même bouillie qu’à l’habitude.
Le gouvernement fédéral a récemment déposé le projet de loi C-12, la Loi sur la responsabilité en matière de carboneutralité. À première vue, il s’agirait d’un progrès dans la résolution de la crise climatique. Ce projet de loi vise à créer une économie à émissions de carbone nettes nulles d’ici 2050. Ce serait le premier projet de loi du genre adopté, même s’il convient de noter que l’ancien chef du NPD, Jack Layton, avait fait adopter un projet similaire à la Chambre des communes en 2010, avant que le Sénat non élu le saborde. Le projet C-12 contribue aussi à intégrer les changements climatiques au fonctionnement régulier du gouvernement fédéral.
Cependant, le nouveau projet de loi concentre à tort son calendrier de réduction des émissions sur 2030 et au-delà. De plus, il perpétue la pratique infructueuse consistant à annoncer des cibles, plutôt qu’à les atteindre en réduisant les émissions de gaz à effet de serre qui causent les changements climatiques.
À son congrès national de 2019, le SCFP a adopté à la fois sa politique d’orientation stratégique et la résolution n°33 qui demandent aux gouvernements de reconnaître que nous vivons une crise climatique. De plus, le SCFP demande aux gouvernements d’agir au moyen d’un cadre législatif qui transformerait notre économie et soutiendrait de bons emplois verts, tout en mettant en place des mesures de transition justes pour faire face à la crise climatique. Cela est conforme aux travaux du SCFP avec le Réseau pour une économie verte (REV), qui réclame l’expansion de l’énergie publique propre, entre autres mesures, pour réduire les émissions. Si le projet de loi C-12 met en place une partie du cadre, il ne reflète pas l’urgence de la crise.
Au mieux, c’est un petit pas dans la bonne direction, mais le temps des petits pas est révolu depuis longtemps. Au lieu de reporter jusqu’en 2030, on devrait fixer une cible à plus court terme, 2025 sinon plus tôt, adopter des actions concrètes de réduction des émissions et allouer des fonds pour les mettre en œuvre.
Une crise exige une action immédiate, pas un report à dix ans plus tard. Les libéraux doivent resserrer le projet de loi C-12 plutôt que de repousser le problème.