Dan Crow | Service de la recherche du SCFP
Généralement, en vertu du système de négociation collective en vigueur au Canada, les travailleurs de chaque lieu de travail négocient directement avec leur employeur unique. En cette période marquée par l’austérité gouvernementale et la privatisation, cette fragmentation des négociations peut être problématique pour les syndicats. En effet, la taille des lieux de travail, et donc des unités de négociation (notamment dans le secteur public et le secteur des services), diminue, ce qui réduit la force collective des travailleurs.
Dans ce contexte de fragmentation, le secteur des conseils scolaires de l’Ontario fait figure d’exception avec des négociations locales et des négociations centralisées qui se déroulent en parallèle. Les syndicats régis par la Loi sur la négociation collective dans les conseils scolaires (LNCCS) négocient un accord central couvrant toutes les questions monétaires (salaires, avantages sociaux et autres) et des accords avec chaque conseil scolaire pour les questions directement liées aux lieux de travail (ancienneté, embauche, mise à pied et rappel, notamment).
Dans la foulée de l’adoption de cette loi, le SCFP a mis sur pied le Conseil des syndicats des conseils scolaires de l’Ontario (CSCSO) chargé de négocier la convention collective centrale des 55 000 membres du secteur. C’est la plus grosse table de négociations au SCFP, ce qui vient avec des avantages, mais aussi des défis.
Parmi les avantages, soulignons que le pouvoir collectif des 55 000 membres de décrocher une bonne convention collective du SCFP est accru, même face à un nouveau gouvernement conservateur qui réduit les impôts tout en promettant de diminuer les dépenses gouvernementales dans les services publics essentiels.
Le premier défi consiste toutefois à rejoindre les 55 000 membres et à les convaincre de participer aux actions qui renforcent le pouvoir syndical. Le deuxième est aussi de taille : coordonner les négociations locales des 111 unités de négociation sur les principaux enjeux.
Pour relever ces défis, le CSCSO collabore avec les sections locales à l’élaboration de plans stratégiques pour atteindre les objectifs suivants : tenir des conversations individuelles avec l’ensemble des membres, obtenir l’appui de la population et, en collaboration avec nos alliés, établir de bonnes relations avec les conseillers scolaires afin qu’ils rendent des comptes sur la qualité de l’éducation publique offerte. Grâce aux négociations centralisées et coordonnées à l’échelle du secteur, le CSCSO négocie vers l’avant. Le CSCSO tente aussi de faire de la négociation un enjeu politique, notamment en soulevant la question de l’expansion du système d’éducation publique. Les sections locales scolaires mobilisent d’ailleurs leurs membres et les citoyens pour qu’ils s’impliquent politiquement et dénoncent l’austérité.
Le SCFP a recours à ces stratégies de négociations sectorielles coordonnées depuis des années. Elles ont permis de réaliser des gains importants pour les membres. Le SCFP utilise aussi des modèles de négociation centralisée qui donnent de bons résultats. Le CSCSO est la preuve que le SCFP peut relever les défis posés par un gouvernement hostile en utilisant la planification stratégique pour accroître le pouvoir syndical.