Le Syndicat canadien de la fonction publique est déçu de la décision rendue aujourd’hui dans l’affaire Janus c. AFSCME (la Fédération américaine des employés des États, des comtés et des municipalités), affirmant qu’elle affaiblit le pouvoir des travailleurs du monde entier.
La Cour suprême des États-Unis, dans une décision à cinq contre quatre, a décidé de dépouiller les syndicats de leur capacité à percevoir des « droits de représentation ». Ces droits sont similaires à des cotisations syndicales pour les travailleurs qui bénéficient de conventions collectives sans avoir signé leur carte syndicale. Vingt-deux États autorisent actuellement les syndicats du secteur public à percevoir des droits de représentation.
« Cette décision réduira la capacité des syndicats à recruter et à négocier au nom de millions de travailleurs américains », prévient le président national du SCFP, Mark Hancock. « Plus important encore, elle privera les syndicats des ressources dont ils ont besoin la défense du progrès et de la justice sociale, qui ont toujours été au cœur du mouvement syndical. »
En réalité, ce jugement pourrait bien transformer le secteur public en une zone de « droit au travail » à la grandeur des États-Unis. Les lois sur le droit au travail compliquent la vie aux travailleurs qui souhaitent se syndiquer et négocier collectivement pour obtenir de meilleurs salaires, avantages sociaux et conditions de travail. Dans les États qui se sont dotés d’une telle loi, le taux de pauvreté est nettement plus élevé et les salaires sont inférieurs de 3,1 %, en moyenne.
Janus c. AFSCME aura des répercussions négatives pour des millions de travailleurs américains, en particulier pour les femmes qui constituent 58 pour cent de la main-d’œuvre du secteur public. C’est également un sérieux revers pour les groupes minoritaires, pour lesquels un emploi syndiqué dans le secteur public a historiquement servi de tremplin essentiel à l’accession à la classe moyenne.
« C’est un pas dans la mauvaise direction », ajoute le secrétaire-trésorier national du SCFP, Charles Fleury. « Même si cette décision nous déçoit, elle ne nous découragera pas. Avec l’AFSCME, nous continuerons ensemble notre lutte pour de meilleurs salaires, de meilleures conditions de travail et une vie meilleure pour tous les travailleurs canadiens et américains. »
M. Hancock promet que le SCFP intensifiera ses activités afin de sensibiliser les gens aux répercussions néfastes qu’une loi sur le droit au travail peut avoir pour les travailleurs, la société et l’économie canadienne. « Les 650 000 membres du SCFP s’opposeront à tout gouvernement qui tenterait d’attaquer notre mouvement syndical et de nous retirer nos droits », dit-il.