Les changements technologiques ne sont pas toujours dans l’intérêt des travailleurs.
En fait, on peut voir clairement dans l’histoire les moments où ces changements ont bouleversé, supplanté et dévalorisé le travail d’êtres humains. Du métier à tisser à la chaîne de montage jusqu’à la « révolution » numérique, la technologie non contrôlée démocratiquement par les travailleurs a fini par leur nuire, et ce, au nom du progrès.
Les perturbations numériques d’aujourd’hui suivent la même tendance.
Prenons l’exemple des postes en libre-service dans les bibliothèques. Ce sont de nouvelles machines grâce auxquelles les usagers peuvent enregistrer leurs emprunts de livres ou d’autres documents en les glissant sous un lecteur numérique. Les documents sont munis d’un code à barres relié à une technologie appelée « identification par radiofréquence » (IRF). Le code à barres contient un émetteur à faible portée activé par le lecteur numé- rique. Les gens peuvent emprunter très rapidement plusieurs documents en quelques « bips ».
Les postes en libre- service « permettent aux employés des bibliothèques de se concentrer sur les services aux usagers », peut-on lire sur le site web du réseau des bibliothèques publiques d’Ottawa. Le fabricant de cette technologie vante « l’économie de temps grâce à laquelle le personnel peut se consacrer à d’autres activités, comme le service personnalisé aux utilisateurs ».
Le mot-clé ici, c’est peut.
Cela peut sembler prometteur, mais les gestionnaires de bibliothèques publiques, par exemple à North Vancouver, Ottawa et Halifax, en profitent plutôt pour réduire les heures de travail et supprimer des emplois. Ceci augmente la précarisation du travail déjà présente dans nos réseaux de bibliothèques. Les employeurs comptent sur les usagers pour se servir de la technologie et faire le travail des employés.
Mais votre syndicat réagit. Les travailleurs de bibliothèque du SCFP ont de nombreuses suggestions pour repenser nos bibliothèques à l’ère numérique – sans pour autant aller vers l’automatisation complète et le bénévolat, qui élimineraient assurément des emplois.
En faire plus grâce à la technologie et « trouver de nouvelles façons de se rapprocher des communautés sont des priorités pour les membres du SCFP », a affirmé Allison Hardman, de la section locale 561 à la bibliothèque publique de Coquitlam.
« Les employés maîtrisent déjà très bien les nouvelles technologies et veulent contribuer à accroître l’offre de services des bibliothèques. La communication, aussi bien en ligne qu’en personne, est au cœur des activités de toute bibliothèque moderne. Et les membres du SCFP doivent être associés à cette démarche », a-t-elle ajouté.
C’est ce sentiment de partenariat qui permet de rendre la technologie et nos milieux de travail inclusifs et équitables. La collaboration ne s’automatise pas, même en cette ère de perturbation numérique. Comme la solidarité, elle se pratique.