Emily TurkService des communications du SCFP

Des agents de bord aux employés d’un refuge, plus de 7 800 nouveaux membres se sont joints au SCFP cette année. Et cela ne s’est pas fait par hasard.

Non loin de l’aéroport international de Calgary, il y a un Tim Horton juste assez loin pour être discret. C’est là que Chris Rauenbusch, employé de WestJet, rencontrait certains de ses collègues de travail. Il répondait à leurs questions, partageait de l’information et faisait signer des cartes syndicales avant le début de leur quart chez le transporteur aérien. « J’ai passé quatorze mois à courir dans tous les sens pour rencontrer les gens, chez eux ou ailleurs, raconte-t-il. J’ai même fait signer une carte dans le stationnement! » 

Certains collègues de Chris ont voulu le rencontrer pour signer leur carte syndicale en personne, à l’abri des regards. Ils ne voulaient pas que la compagnie s’en aperçoive. « Ils étaient nerveux, précise l’organisateur. Ils tournaient la tête chaque fois qu’un client entrait. »

Chris fait partie d’une équipe dévouée dont l’engagement et la persévérance ont fait de la campagne de recrutement du SCFP chez WestJet un succès. C’est la détermination de militants internes comme lui qui forment notre syndicat. Sans oublier le soutien essentiel que ceux-ci reçoivent du personnel du SCFP et des membres-organisateurs.

Les organisateurs du SCFP peuvent passer des années à essayer de convaincre les travailleurs d’agir, de surmonter leurs craintes, pour mettre fin au sentiment d’impuissance inhérent à certains lieux de travail. 

C’est un boulot difficile, car il faut établir un climat de confiance. Et ce processus peut provoquer, chez les personnes concernées, un mélange intense de peur, d’anxiété et d’adrénaline, mais c’est aussi satisfaisant.

Jeter les bases

Les travailleurs prennent beaucoup de risques en tentant de se syndiquer. Il revient donc au personnel du SCFP et aux membres-organisateurs de les convaincre que nous disposons des outils et du personnel nécessaires pour remédier aux injustices auxquelles ils sont confrontés au travail. Il faut aussi convaincre les sceptiques de participer plutôt que de rester sur les lignes de côtés.

On commence par comprendre le monde dans lequel vivent et travaillent nos membres potentiels. Nos membres existants sont la clé de ce processus. « On ne syndiquerait pas sans les membres-organisateurs », affirme Kristy Davidson, organisatrice du SCFP. « Ils sont le cœur et l’âme de toute campagne de recrutement. »

Mme Davidson et M. Rauenbusch soulignent le travail acharné depuis un an de nos membres chez Air Canada et Air Transatpour tisser des liens avec le personnel de WestJet dans les aéroports du pays. « Chaque métier a son propre vocabulaire, précise Mme Davidson. Nous ne sommes pas sur le terrain; ce n’est pas notre quotidien. Entre eux, ils se comprennent. »

Les membres et les militants font ce travail bénévolement, à leur rythme, pour bâtir notre syndicat. Et ils le font malgré ce que cela leur en coûte personnellement. « J’ai passé des mois à conduire à travers Calgary pour faire signer des cartes pendant mes jours de congé, » explique M. Rauenbusch. « Mon mari était très excité quand nous avons réussi, mais il a rapidement ajouté : “C’est formidable, je récupère mon mari !” »

Nos raisons

La syndicalisation exige du courage et de la persévérance. Pourquoi le faisons-nous ? Parce que les travailleurs ont besoin du pouvoir collectif associé à l’appartenance à un syndicat.

En gagnant des membres et en faisant augmenter le taux de syndicalisation un peu partout, nous nous renforçons. Cela relève le plancher salarial et améliore les conditions de travail. En retour, cela accroît notre prospérité économique collective. Cela amplifie nos ressources partagées et les programmes qui peuvent aider les membres du SCFP dans les moments les plus difficiles. La syndicalisation permet aux travailleurs de parler d’une seule voix quand ils prennent la défense des services publics et des droits des travailleurs. Enfin, elle nous permet d’exercer une influence politique en faveur d’une société juste et équitable.

Et aujourd’hui, c’est plus important que jamais.

Il est essentiel de renouveler nos membres et d’en gagner de nouveaux afin d’enrayer la vague croissante de privatisations et de compressions dans les services publics. Nous ne pouvons pas nous permettre de rester les bras croisés. Nous aurons besoin de notre pouvoir collectif pour résister aux programmes d’austérité des gouvernements, sonner l’alarme sur la précarité et lutter contre les projets de loi visant à nous priver de nos droits d’association et de négociation.

Grandir en force

En 55 ans d’existence, le SCFP a syndiqué beaucoup plus de travailleurs que tout autre syndicat au Canada.

Avec 665 000 membres, nous sommes, et de loin, le plus grand syndicat du pays. Mais la syndicalisation devient de plus en plus difficile.

La plupart des grands lieux de travail du secteur public sont déjà syndiqués. De plus en plus, les employeurs répondent aux campagnes de recrutement par des poursuites judiciaires. Et l’évolution du monde du travail fait en sorte qu’il est plus complexe de rejoindre les travailleurs et travailleuses.

Les défis sont nombreux. C’est pourquoi nous devons tous mettre la main à la pâte. Cela se traduit par l’instauration d’une culture du recrutement au sein de notre syndicat.

Le SCFP a déjà adopté un nouveau plan audacieux: nous sommes tous des recruteurs. Le document intitulé Grandir en force : un plan de croissance pour notre syndicat est une feuille de route qui nous permettra de perfectionner nos méthodes de recrutement et réclamer de meilleures protections pour nos membres actuels. Et notre plan invite chacun à avoir un rôle dans la croissance de notre syndicat.

Cette année, grâce au travail du personnel du SCFP, de nos membres-organisateurs et de militants internes, plus de 7 800 travailleurs de secteurs variés ont adhéré à notre syndicat. Et cela ne s’est pas fait par hasard. Nous avons fait passer le mot. Nous avons amassé les cartes syndicales. Nous sommes allés au front pour les travailleurs.

Il y a tant de choses dont nous pouvons être fiers.

Mais il reste encore beaucoup à faire. En fin de compte, notre croissance dépend de notre capacité à combler le fossé entre syndiqués et non-syndiqués. Et c’est un travail d’équipe. « Il y a tellement de facettes à la force d’un syndicat » rappelle Mme Davidson. «Dans un syndicat militant, il y a une place pour tout le monde. »

Pour en savoir plus sur le plan d’organisation du SCFP, visitez : scfp.ca/grandir-en-force.