Adrienne Silnicki | Service de la recherche

Les personnes qui militent pour les services de garde à l’enfance ont lancé un grand « hourra ! » lorsqu’elles ont pris connaissance du plan en la matière contenu dans le budget fédéral 2021.  Enfin, leur appel a été entendu : le gouvernement fédéral va prendre des mesures pour réduire le fardeau financier que représentent les services de garde. D’ici la fin de 2022, les frais de garde devraient diminuer de moitié en moyenne dans l’ensemble du pays et, d’ici 2025-2026, ils seront en moyenne de dix dollars par jour. C’est une nouvelle emballante, mais elle dépend de la coopération des provinces et des territoires. 

Une leçon majeure apprise tout au long de cette pandémie a influencé le budget : l’économie a besoin de services de garde, les familles ont besoin de services de garde, les femmes ont besoin de services de garde, les enfants, surtout ceux qui sont financièrement défavorisés, ont besoin de services de garde.

Certaines provinces sont en bonne voie de faire des services de garde à dix dollars une réalité. Le Québec a été la première province à mettre en place un système de garde universelle. Terre-Neuve-et-Labrador offre la garderie à 25 dollars par jour. La Colombie-Britannique cherche à étendre ses projets pilotes à dix dollars et son modèle de garde sans interruption qui couvre certaines des premières années de l’enfance. Cependant, des provinces comme l’Ontario et l’Alberta réclament plus de flexibilité et rechignent à la préférence du fédéral pour des services de garde sans but lucratif. 

Les problèmes de recrutement et de rétention du personnel de garde persistent, principalement en raison de la faiblesse du salaire et des avantages sociaux. Où est l’engagement envers le personnel qui fournit ces soins ? Le budget fédéral 2021 a reconnu que le personnel est nettement sous-rémunéré, mais il n’a pas proposé de correctif. Il ne contient pas d’obligation pour les provinces et les territoires d’augmenter le salaire, de fournir des avantages sociaux et de s’assurer que le personnel puisse vivre dans la dignité à la retraite.

Les services de garde sont déjà aux prises avec un roulement élevé et un faible recrutement. Or, ce secteur repose fortement sur le travail des femmes racisées et des nouvelles arrivantes. C’est probablement ainsi que le gouvernement a réussi à maintenir une rémunération aussi basse depuis si longtemps. Dans le système actuel, augmenter les salaires revient à augmenter les frais des parents. Le personnel des services de garde était réticent à en demander plus, craignant d’imposer un fardeau aux familles des enfants dont il a la garde. Cela doit changer. Nous devons faire augmenter les salaires, faire en sorte que ces hausses ne soient plus transférées aux parents, offrir des avantages sociaux et un régime de retraite, et nous assurer que ces héroïnes méconnues de la pandémie soient reconnues et récompensées à leur juste valeur. L’économie ne peut pas se redresser sans que les femmes en bénéficient et la participation des femmes à la reprise passe par l’accessibilité des places en services de garde. Le gouvernement fédéral doit aussi s’engager envers le personnel des services de garde.