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Plusieurs sections locales du SCFP connaissent des difficultés à la table des négociations. Les employeurs cherchent à rogner nos acquis en remplaçant des postes à plein temps par du personnel occasionnel ou à temps partiel à salaire inférieur, en reculant sur les avantages sociaux et les congés de maladie, ou encore en tentant d’imposer une convention collective à deux niveaux.

Il est possible de repousser ces tentatives à la table des négociations, mais cela prend de la stratégie, de la solidarité et de l’organisation. À la Conférence du Conseil des secteurs du SCFP, nous avons entendu trois cas inspirants où une section locale a réussi à protéger les droits des travailleurs et à obtenir des salaires et des avantages sociaux plus équitables.

Edith Cardin, travailleuse affiliée au SCFP 429, a parlé du dossier de l’équité salariale à la Ville de Montréal. Partout au pays, les femmes gagnent moins que les hommes à travail égal. À la Vile de Montréal, l’obtention de l’équité salariale devenait plus pressante à mesure que l’administration substituait des postes à temps partiel aux postes à plein temps. Les deux tiers des temps partiels de la ville sont des femmes.

En se servant de la loi, en localisant les écarts salariaux par la recherche et en posant des actes politiques, le SCFP 429 a décroché des gains concrets pour ses membres. Après une campagne de 12 ans, la Ville de Montréal a enfin accepté de verser les ajustements salariaux qu’elle devait à ses employées.

Mme Cardin a souligné que, même en l’absence d’une loi provinciale sur l’équité salariale, on peut utiliser le mécanisme d’évaluation des emplois pour mesurer les écarts salariaux et réclamer plus de justice.

« Le lien entre l’équité salariale et l’évaluation des emplois est complexe, mais nécessaire, a-t-elle dit. Quand on parle de se battre pour l’équité, il faut le faire pour tout le monde. »

Shawn Tokar et Partricia Carter du SCFP 3085, le syndicat des employés de l’agence Intégration communautaire de Selkirk, ont pris la parole pour présenter une campagne récente visant à hausser le salaire des fonctionnaires les moins bien rémunérés au Manitoba : les travailleurs de première ligne dans les services sociaux et communautaires. Cette campagne a été couronnée de succès.

M. Tokar : « À Selkirk, où les emplois à faible revenu sont la norme et le loyer moyen de 1 200 $ par mois, plus l’électricité, le chauffage, la nourriture, sans parler du prix de l’essence, comment peut-on vivre sur un tel salaire? Comment les gens peuvent-ils régler leurs factures ou obtenir un prêt hypothécaire? Nous avons proposé une échelle salariale qui répondait aux besoins des travailleurs. La contre-offre de l’employeur : un pour cent d’augmentation pour un salaire déjà bas de 11,32 $ l’heure. »

La section locale a maintenu sa demande d’un salaire équitable. Après trois rondes de conciliation, il est devenu clair que l’employeur ne broncherait pas sur la question des salaires. Les syndiqués ont rejeté unanimement l’offre finale de celui-ci, avant d’appuyer le déclenchement de la grève à 94 pour cent.

La section locale a commencé par tenir des piquets d’information pour sensibiliser la population à l’importance du travail des employés de première ligne en intégration communautaire et au bas salaire qui récompense leurs efforts. Cette campagne a aussi permis de mobiliser les syndiqués.

« Au piquet, on a vu de jeunes mères, des grands-mères et de nouvelles embauches, a raconté Mme Carter. Les gens ont commencé à se trouver une voix. C’est fantastique quand les gens comprennent qu’ils ont du pouvoir. »

La nervosité a gagné le gouvernement provincial à l’approche de la date du déclenchement de la grève. À la dernière minute, il a proposé d’augmenter l’enveloppe du secteur de l’intégration communautaire pour permettre à tous les travailleurs de toucher un salaire décent.

« Dans le système, les travailleurs de première ligne sont souvent dévalorisés, a confié Mme Carter. Nous avons eu de la difficulté à les amener à se battre ensemble pour améliorer leur salaire, mais nous avons réussi. J’en ai pleuré, parce qu’en plus d’améliorer le sort des membres de notre section locale, nous avons aidé tous les travailleurs de première ligne de la province. »

La dernière conférencière sur ce sujet a été Janet Bigelow, présidente du SCFP 1048 à Prince George.

Mme Bigelow a raconté qu’elle n’avait jamais cru à l’importance de la politique pour les syndicats, jusqu’à l’élection, à Prince George, d’un maire armé d’un mandat de réduction budgétaire. Et ce maire a rapidement mis en place l’examen des services de base le plus coûteux (par habitant) au pays dans le but d’identifier les économies possibles.

À la table des négociations, la ville a imposé un mandat zéro net, c’est-à-dire que toute amélioration devait être financée par un recul ailleurs dans la convention collective. La ville a aussi tenté de faire accepter une convention à deux niveaux, une baisse de salaire pour certains employés, ainsi qu’une baisse de salaire pour tous les employés.

La section locale s’est démenée pour sensibiliser ses membres à la démarche de négociation et contrer l’interprétation véhiculée par l’employeur. Le personnel de la section a visité chaque lieu de travail pour y organiser des pauses-café-causeries et des réunions de nuit, en plus de diffuser des bulletins d’information.

La ville a réclamé à la Commission des relations de travail la tenue d’un vote sur son offre finale; elle a été rejetée par une vaste majorité des travailleurs.

La section locale a organisé un débrayage d’une journée, puis elle s’est préparée à la grève générale. Une semaine plus tard, elle concluait une entente qui écartait les principales concessions et qui accordait une augmentation de salaire à tous les travailleurs.

« J’ai retenu la leçon, a lancé Mme Bigelow : oui, la politique a sa place dans les syndicats. Depuis quelques années, je me fais un point d’honneur de parler des élections municipales. Nous avons commencé à nos préparer aux élections municipales la seconde même où nous avons signé notre convention collective. »

Les conférenciers ont souligné qu’il est possible de réaliser des gains pour tous les travailleurs si on arrive à motiver les membres et à les faire participer au combat.