On ne devrait pas aller travailler sans savoir quand on pourra rentrer chez soi. Pourtant, c’est la dure réalité de plus de 250 travailleuses et travailleurs de première ligne en services aux personnes ayant une déficience intellectuelle chez Intégration communautaire Algoma.
Aujourd’hui, le SCFP 1880.01 a déposé une lettre signée par environ 70 pour cent de ses membres. Celle-ci appelle à mettre fin à la pratique injuste et dangereuse qui consiste à obliger les employé(e)s à rester au boulot après leur quart de travail. Près des trois quarts des membres ont été contraints de faire des heures supplémentaires ces derniers mois, parfois jusqu’à seize heures, plusieurs fois par semaine.
Les membres craignent de devoir rester au travail pendant les Fêtes. La pétition demande au conseil d’administration d’intervenir, de les aider à conclure un contrat équitable et de garantir que personne ne ratera du temps en famille en raison d’une crise de dotation en personnel dont la direction est seule responsable.
« On travaille dix heures par jour, mais on ne peut pas partir s’il n’y a personne pour prendre le relais, parce qu’on est responsable de la sécurité des personnes dont on a la charge. Alors, on reste », explique un membre qui a souhaité garder l’anonymat pour protéger ses conditions de travail. « On a des enfants ou des personnes à charge qui ont besoin de nous. On a une vie. Mais la direction a créé une pénurie de personnel qui nous oblige à sacrifier notre vie et notre bien-être. »
Cette crise du personnel a commencé il y a plusieurs années, lorsque l’organisme a commencé à fermer des foyers de groupe pour transférer leurs résident(e)s dans des appartements plus petits et des maisons plus petites, dans la communauté. Il s’agissait d’un changement d’orientation admirable qui a accordé plus d’autonomie aux adultes ayant une déficience intellectuelle. Mais le personnel doit maintenant assurer une assistance 24 heures sur 24 dans une trentaine de sites, et le changement de modèle ne s’est pas accompagné d’un investissement dans la main-d’œuvre.
Au lieu d’embaucher suffisamment de gens pour couvrir tous les sites, l’organisme a épuisé son personnel et a refusé les demandes de vacances pour assurer une couverture adéquate.
Les négociations ont débuté en septembre. L’employeur a catégoriquement refusé d’adopter de nouvelles dispositions concernant les heures supplémentaires obligatoires. Il rejette aussi les propositions salariales raisonnables des membres, des propositions qui permettraient d’attirer et de retenir davantage de personnel, bien que le directeur général John Policicchio se soit octroyé une augmentation de 23,5 % au cours des dernières années. Les deux parties reprendront les négociations en janvier.