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Dans des milliers de lieux de travail et de collectivités du Canada, les travailleuses et travailleurs du secteur public savent à quel point il est important de pouvoir diriger sa vie professionnelle. Ce sont les 570 000 membres du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), le plus grand syndicat au Canada, celui dont la croissance est la plus rapide.

Dynamisme, force et militantisme sont les trois mots qui décrivent le mieux le SCFP, un syndicat qui lutte pour les emplois et les droits des travailleuses et travailleurs, et qui défend les services publics qui soutiennent notre mode de vie. Les membres du SCFP fournissent ces services dans les municipalités, les hôpitaux, les foyers de soins infirmiers, les maisons pour personnes âgées, les écoles, les universités, les bibliothèques, les garderies, les services publics comme l’eau et l’électricité, les organismes de services sociaux, les lignes aériennes, la radiotélévision, les transports publics et d’autres secteurs des transports.

Une solide démocratie qui s’appuie sur la base

Bien que le SCFP soit le plus grand syndicat du Canada, en un certain sens, il est aussi le plus petit. Avec plus de 2 200 sections locales qui ont entre une demi-douzaine de membres et plus de 15 000, le SCFP combine le soutien, les ressources et la solidarité d’un immense syndicat dont chaque section locale dirige ses propres affaires. Cette combinaison unique est la raison du magnétisme du SCFP et de sa démocratie populaire solide. Au SCFP, les membres prennent les décisions et élaborent les politiques à tous les niveaux, des assemblées locales aux congrès nationaux.

Les membres et la direction du SCFP mènent leurs luttes section locale par section locale et province par province, chaque victoire créant une percée et une base pour la lutte suivante. Chaque bataille revêt aussi une dimension politique puisque les mesures gouvernementales déterminent les niveaux et les genres de services que les membres fournissent dans leurs lieux de travail. En conséquence, le SCFP est devenu l’un des syndicats canadiens les plus actifs au plan social et politique. Nos membres ont fait campagne lors de maintes élections municipales et scolaires pour des candidates et candidats progressistes, et ils ont toujours appuyé le Nouveau Parti Démocratique aux plans fédéral et provincial (sauf au Québec). Les membres se sont mobilisés, sont allés chercher un appui populaire et ont travaillé au sein de coalitions pour influencer tous les paliers de gouvernement.

S’organiser dans nos propres rangs pour accroître notre force

Depuis sa fondation en 1963, un des grands objectifs des activités du SCFP a été de recruter de nouveaux membres afin de protéger les travailleuses et travailleurs vulnérables et de renforcer le syndicat.

Nous en avons fait du chemin depuis nos débuts, alors que de nombreux travailleurs et travailleuses du secteur public hésitaient à devenir membres d’un syndicat. Leur hésitation est disparue lorsqu’ils et elles ont constaté que la syndicalisation pouvait leur donner le pouvoir nécessaire pour obtenir d’importantes améliorations à leurs conditions de travail et bonifier leurs emplois. Les travailleuses et travailleurs des hôpitaux, des municipalités et de l’hydroélectricité ont adhéré en grand nombre au SCFP. Une des plus importantes victoires a été remportée en 1966, lorsque le syndicat a obtenu le droit de représenter 9 000 travailleuses et travailleurs de l’hydroélectricité au Québec. À la fin de 1969, le SCFP comptait 130 000 membres, près du double de ce qu’il comptait au moment de sa fondation, six ans plus tôt. En peu de temps, le syndicat a attiré de nouveaux membres d’autres secteurs, comme celui des services sociaux et des centres d’accueil et foyers pour personnes âgées.

Une part importante de la croissance récente du SCFP est due aux fusions avec d’autres syndicats, comme l’Association du personnel navigant des lignes aériennes canadiennes, le Syndicat canadien des travailleurs et travailleuses en éducation, et le Syndicat des employés d’hôpitaux de la Colombie-Britannique. Ces groupes en sont arrivés à la conclusion que l’adhésion à un plus grand syndicat leur donnait une meilleure chance de combattre les employeurs publics décidés à restructurer et à réduire leurs effectifs, ou les gouvernements désireux de restreindre les droits des travailleuses et travailleurs.

Le SCFP continue également de connaître d’importants succès dans la syndicalisation des travailleuses et travailleurs non syndiqués (plus de 10 000 par année depuis quelques années). Avec le virage marqué vers la privatisation des services publics, le SCFP représente maintenant un nombre croissant de travailleuses et travailleurs dont le travail est en voie de privatisation.

Un chef de file dans les luttes pour l’égalité

En 1967, le SCFP a marqué l’histoire syndicale quand ses membres ont élu Grace Hartman au poste de secrétaire-trésorière nationale, la première femme à occuper un poste de direction au sein d’un syndicat canadien. (Voir Crean, Susan, Grace Hartman, a Woman for Her Time, New Star Books, Vancouver, 1995). La même année, le SCFP a effectué sa première percée en matière d’équité salariale lorsque les employées de la ville de London en Ontario ont obtenu l’élimination de la discrimination salariale, enchâssée dans des grilles salariales distinctes pour les hommes et les femmes.

Aujourd’hui, le SCFP se distingue encore. Les femmes constituent 60 % de son effectif. De plus, le syndicat compte aussi des membres de milieux ethniques et culturels divers.

Les femmes du SCFP ont livré leurs premières luttes pour obtenir le droit de prendre la place qui leur revient au syndicat. Elles ont acquis de la force et de l’influence au SCFP et ont obtenu le soutien de leurs collègues masculins dans leur recherche de l’égalité au travail, dans le syndicat et dans la société. Le syndicat a inscrit l’équité salariale à l’ordre du jour des négociations collectives et du programme législatif des gouvernements, et il a réussi cette percée économique dans certains endroits. Nous avons lutté contre le harcèlement et pour les congés de maternité payés. Nous avons défendu l’instauration d’un programme de garderies universel, ainsi qu’un meilleur salaire et de meilleures conditions de travail pour le personnel des garderies.

Aujourd’hui, les luttes pour l’égalité sont différentes mais tout aussi capitales que celles des années passées. Nos luttes pour l’emploi et l’équité salariale ainsi que pour l’élimination du racisme et de la discrimination sous toutes ses formes reflètent notre détermination à résister à une intensification de la stratégie de la droite visant à diviser et à affaiblir les travailleuses et travailleurs. En 1998, le SCFP et ses syndicats du personnel ont gagné une cause fondamentale : la Cour d’appel de l’Ontario a reconnu le bien-fondé de la contestation du SCFP concernant la Loi de l’impôt sur le revenu, et a permis au régime de retraite du personnel du SCFP d’accorder des prestations de conjoint survivant aux gais et aux lesbiennes à son emploi.

La défense des droits des travailleuses et travailleurs

Dans les années 1970, après une période de prospérité et d’expansion du secteur public, le courant a commencé à se retourner contre les travailleuses et travailleurs. De nombreux gouvernements ont adopté la ligne dure contre les syndicats et ont privé de leur droit de grève certains groupes de travailleuses et travailleurs du secteur public. En 1975, le gouvernement Trudeau a instauré le contrôle des salaires, ce qui a poussé un million de travailleuses et travailleurs, dont 100 000 membres du SCFP, à déclencher une grève générale d’une journée, la plus importante grève générale de l’histoire du Canada.

 

Ces mesures ont été suivies de vagues de déréglementation, de sous-traitance et de compressions dans les années 1980. En 1981, 16 000 travailleuses et travailleurs des hôpitaux de l’Ontario ont déclenché une grève illégale de huit jours pour obtenir de meilleurs salaires et une amélioration de leurs conditions de travail. La présidente nationale et deux autres dirigeants syndicaux ont été condamnés à la prison. Deux ans plus tard, les membres du SCFP de la Colombie-Britannique dressaient des piquets de grève, avec d’autres personnes à l’emploi du secteur public, dans le cadre d’une immense campagne intitulée Opération solidarité , contre le programme de compressions du gouvernement Bennett.

Les années 1990 ont vu émerger des tendances destructrices nommées restructuration, réductions d’effectifs et privatisation. Les membres du SCFP se sont retrouvés avec des demandes de concessions, des pertes d’emploi et des tentatives de miner les conventions collectives de la part des employeurs. Nos sections locales ont mené certaines des luttes les plus longues et les plus dures de leur histoire contre les employeurs et, dans de nombreux cas, contre les gouvernements provinciaux.

La défense des conventions collectives

Au Nouveau-Brunswick, 20 000 membres du SCFP ont déclenché une grève générale illégale à l’échelle de la province pour empêcher le gouvernement McKenna de détruire les conventions collectives et d’imposer des concessions. Les travailleuses et travailleurs sont retournés au travail avec leurs conventions collectives intactes.

Les membres du SCFP de l’Ontario ont lutté contre le soi-disant contrat social du gouvernement néo-démocrate, qui imposait une diminution de salaire de 5 % sans rien offrir en retour. Le contrat social a non seulement envenimé les relations entre le SCFP et le NPD provincial, mais il a aussi entraîné des débats majeurs et d’importantes divisions au sein du mouvement syndical.

Les membres du SCFP au Québec ont lutté contre le gouvernement Bourassa qui voulait ignorer les règles de la libre négociation collective et, par la suite, contre le gouvernement Bouchard, qui menaçait de réduire de 6 % les salaires des travailleuses et travailleurs des municipalités et des transports. Plus de 10 000 travailleuses et travailleurs se sont rassemblés à Québec pour protester contre les compressions.

Les travailleuses et travailleurs des buanderies d’hôpitaux de Calgary, membres du SCFP, ont déclenché une grève illégale pour empêcher leur employeur d’offrir leurs emplois en sous-traitance au soumissionnaire le plus bas, ce qui a entraîné une grève sauvage de milliers d’autres travailleuses et travailleurs hospitaliers. Ces personnes ont bénéficié d’un soutien incroyable de la part d’autres travailleuses et travailleurs et de la population albertaine, et elles ont obligé le gouvernement Klein à reculer et à réinjecter de l’argent dans les soins de santé.

La défense des services

Bon nombre des batailles menées pour défendre les travailleuses et travailleurs du secteur public étaient aussi destinées à préserver les services publics. Le SCFP a organisé de nombreuses activités pour défendre les programmes sociaux, par exemple en créant le Groupe de travail national du SCFP sur les foyers de soins infirmiers, qui a dénoncé le côté sombre de l’industrie des foyers de soins privés à but lucratif. Dans les villes et les municipalités, dans les législatures provinciales et au plan fédéral, les membres du SCFP ont défendu un secteur public fort parce qu’il est la pierre angulaire de notre société.

En 1992, le syndicat a lancé une campagne nationale énergique et innovatrice pour sauvegarder l’assurance-maladie. La campagne combinait des activités populaires de signature de cartes d’allégeance dans les collectivités canadiennes à une émission de télévision spéciale pour discuter de la crise dans notre système de santé. Ce projet a sonné l’alarme sur la menace sérieuse qui pèse sur les programmes sociaux les plus précieux du Canada, et a préparé le terrain pour d’autres syndicats et d’autres activités de coalition pour soutenir l’assurance-maladie.

La lutte pour un avenir meilleur

Aujourd’hui, le fondement même de notre bien-être social et économique est en jeu. Ce ne sont pas seulement les salaires et les conditions de travail des employé-e-s du secteur public qui sont menacés. Ce sont nos emplois, les services que nous offrons et les collectivités dans lesquelles nous vivons. C’est notre mode de vie.

Les bons emplois bien payés disparaissent et sont remplacés par des emplois précaires à temps partiel ou occasionnels, mal payés et offrant peu d’avantages sociaux. Au cours des dix dernières années, le pourcentage des membres à temps partiel du SCFP a augmenté, chose incroyable, de 118 %. Aujourd’hui, le SCFP représente 120 000 travailleuses et travailleurs à temps partiel. Notre infrastructure sociale se désintègre aussi, à mesure que les services publics qui profitent à nos communautés disparaissent ou sont convertis en entreprises du secteur privé, mues uniquement par le profit.

Pour édifier un avenir meilleur dans le prochain millénaire, nous devons lutter pour reconstruire le secteur public et lui redonner une position de force. Nous consacrons des ressources à la participation et à la mobilisation plus efficaces de tous nos membres. Nous voulons que chaque membre du SCFP entreprenne cette lutte.

Nous édifions aussi notre pouvoir par un recrutement constant auprès des travailleuses et travailleurs non syndiqués. Au cours des dernières années, nous avons syndiqué un nombre record de personnes. Nous tentons de rejoindre les gens de couleur, les Autochtones et les personnes handicapées, de même que les jeunes dont les possibilités d’avenir s’amenuisent de jour en jour. Nous voulons atteindre le demi-million de membres avant le nouveau millénaire.

Un syndicat plus stratégique

Nous avons tiré beaucoup de leçons précieuses de notre histoire. Nous sommes mieux informés, plus actifs et plus stratégiques.

Alors que la plupart des sections locales du SCFP négociaient seules il n’y a pas si longtemps, les négociations provinciales ou régionales sont maintenant courantes dans nombre de nos secteurs. Ainsi, nous avons plus de pouvoir pour exiger des améliorations et résister aux demandes de concessions.

D’un bout à l’autre du pays, nous avons déclaré la guerre à la privatisation. Nos membres organisent des campagnes populaires et politiques pour faire obstacle à la privatisation, tant dans leurs collectivités qu’au plan national. Nos cibles vont des hôpitaux privés en Albert, à la privatisation du logement social à Terre-Neuve; des partenariats entre le secteur public et le secteur privé dans les écoles de la Nouvelle-Écosse et de la Colombie-Britannique à la vente du contrôle de l’eau en Ontario et à l’échelle du pays; des autoroutes à péage privées au Nouveau-Brunswick à l’Accord multilatéral sur les investissements (AMI), un accord commercial qui pourrait créer les conditions favorables à la privatisation systématique de tous les services publics.

De plus en plus, nos luttes nous amènent à travailler avec d’autres syndicats, avec des groupes populaires et avec les usagers des services publics. Par exemple, nous avons formé des coalitions en Ontario pour organiser des Journées d’action destinées à réagir aux attaques du gouvernement Harris contre les services publics et les droits sociaux et syndicaux.

Il est clair que les gens veulent être protégés contre les ravages sociaux et économiques de la mondialisation, pour eux-mêmes, pour leurs enfants et pour les générations futures. Ces personnes veulent vivre dans une société qui sait faire preuve de compassion. Elles veulent travailler ensemble pour changer les choses.

À l’aube du nouveau millénaire, aucune lutte n’est plus importante, pour le SCFP, que la lutte pour la sauvegarde des services publics et de nos emplois. Chaque jour, nous écrivons un nouveau chapitre de l’histoire avec nos luttes, petites et grandes, parce que nous savons que nous pouvons changer les choses, pour les travailleuses et travailleurs et pour les gens qui vivent dans les collectivités que nous desservons.