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En 1999, quand les 650 membres de la section locale 109 du SCFP ont fait une grève de six semaines contre la municipalité de Kingston, une de leurs principales revendications a été d’inclure des clauses sur la sous-traitance dans leur convention collective. Avec Gary Bennett, le maire de l’époque, menant l’attaque, la grève des cols blancs, des cols bleus et du personnel du transport a été dure et amère.

Tout le monde s’accorde pour dire que la section locale 109 avait une des conventions collectives les plus solides dans le secteur municipal. Le Conseil a tout fait pour que cela change.

Ce n’était donc pas une grande surprise quand, un an après, un conseil municipal trop zélé a décidé que le moment était venu de profiter des nouvelles clauses de la convention collective pour faire un peu de « sous-traitance ». Mais le conseil a sous-estimé la force collective des travailleuses et travailleurs municipaux de Kingston, sans parler du mépris de la population pour les affaires négociées dans les coulisses.

Cela a commencé comme la plupart des projets de privatisation, soit par une promesse d’économies de coûts énormes de la part d’une société qui avait des visions de projets pour son avenir. Dans ce cas, une société locale du nom de Robinson Solutions, avec une expérience dans le domaine des services de concierge mais sans expérience réelle dans le domaine du recyclage et de la cueillette des déchets.

Selon la société Robinson, la municipa-lité pourrait économiser 1 million de dollars par année en lui sous-traitant les services.

La nouvelle de ce nouveau projet, parue dans le quotidien local Whig-Standard au début de septembre, a rapidement fait le tour des militantes et militants syndicaux locaux.

  

Naissance d’une coalition

De jour, Karl Flecker travaille comme analyste de politiques au département de l’égalité de l’Université Queen’s. David McDonald est professeur de géographie dans le même établissement.

Tous les deux sont des résidents de Kingston et des activistes communautaires de longue date qui ont vu nombre de manigances qui ont caractérisé le conseil municipal de Kingston au cours des dernières années.

Connaissant bien la lutte que le SCFP mène contre la privatisation dans tout le Canada, ils ont communiqué avec le syndicat pour voir s’il était possible d’en faire un partenaire.

Au même moment, les bruits courraient parmi les membres de la section locale 109 et ils ne se limitaient pas aux membres travaillant avec les déchets solides. Si la municipalité pouvait privatiser les services de cueillette des déchets et de recyclage, qui sait ce qui serait privatisé par la suite?

On a arrangé une rencontre avec Messieurs Flecker et McDonald, au cours de laquelle on a longuement discuté de la possibilité de former une coalition syndicale-communautaire pour s’opposer à la privatisation.

Au dire de Cheryl McArthur, qui a coprésidé la coalition pour le syndicat, « nous savions très bien que nos critiques diraient que le syndicat ne se soucie que des emplois de ses propres membres.

« En formant une coalition, nous avons pu couper court à ces critiques », dit-elle.

Employée de longue date à la municipalité de Kingston, au Service des parcs et des loisirs, elle avait reçu son baptême de feu pendant la grève de 1999, quand elle s’est portée « volontaire » pour présider le comité des communications de la section locale. Elle a rapidement découvert l’importance de la communication pour les membres et à quel point l’opinion publique était essentielle dans les conflits du secteur public.

Le syndicat a accepté de former un petit comité pour travailler avec les activistes communautaires. Avec l’aide du Service des communications du SCFP, la préparation de la campagne d’opposition a commencé presque immédiatement.

La Coalition contre la privatisation de Kingston était née.

  

La campagne de la Coalition

En politique, on dit que tout est dans le choix du moment. Choisir le bon moment et avoir de la chance, pourrait-on ajouter.

La chance aidant, la toute nouvelle coalition de Kingston prenait forme tout juste à la veille des élections municipales de novembre. Cela voulait dire qu’il n’y avait pas de temps à perdre. Mais cela voulait dire aussi que les membres du conseil municipal seraient particulièrement vulnérables.

La coalition s’est employée à faire du projet de sous-traitance des services de cueillette des déchets une question clef de la campagne électorale. Comme la classe politique est actuellement largement critiquée pour le manque total de consultation auprès de la population, le thème de la campagne a été choisi en conséquence…Les déchets de Kingston — ce n’est pas une affaire privée!

M. Flecker de dire : « Faire équipe avec le personnel de la municipalité de Kingston s’est avéré le moyen le plus efficace pour faire échec à ce projet. Nous avons bénéficié dès le début d’un soutien important au sein de la collectivité et de la part des membres de la section locale 109. »

« Certes, il est plus difficile de travailler en coalition…trouver une heure qui convienne à tout le monde pour les réunions, naviguer parmi les différences d’opinion, d’analyse et de stratégie. Mais, en fin de compte, c’est ce qui nous rend plus forts et plus puissants, » dit-il.

La Coalition a rapidement produit de la documentation pour la campagne et manifesté sa présence au sein de la communauté. On a donné des coups de téléphone, dressé la liste des environnementalistes et communiqué avec des conseillères et conseillers sympathisants pour s’assurer que la Coalition obtienne tous les renseignements internes.

On a distribué des dépliants à tous les ménages de Kingston. On a fait une demande pour faire une présentation sur le sujet devant le conseil municipal. La Coalition a choisi trois présentateurs : David Payne, éboueur du SCFP avec 26 années d’expérience; Nancy Bayly, une environnementaliste locale, et David McDonald, le coprésident de la coalition. Avant la présentation, on a tenu un piquetage d’information bien animé qui a attiré beaucoup de monde devant l’hôtel de ville historique de Kingston.

On a surtout essayé de faire pression sur le comité municipal de l’environnement et du transport, qui est le groupe qui devait faire des recommandations au conseil.

Vers la fin octobre, après des semaines de travail assidu et un nombre surprenant d’articles parus à la une de la presse locale, le comité a présenté ses recommandations à l’effet que le conseil actuel ne doit entreprendre aucune action sur la privatisation.

À la dernière réunion du conseil avant les élections municipales, il y a eu un vote retentissant de 16 contre 0.

Actuellement, les membres du nouveau conseil municipal espèrent mener une consultation approfondie auprès de la population que l’on avait précédemment exclue du processus de prise de décision. Ils veulent envisager des nouveaux systèmes de traitement des déchets comme le compostage et la séparation des déchets mouillés et secs. Ils ont promis d’étudier les répercussions que les options envisagées auraient sur le personnel.

Oh, et qu’est-il advenu du maire Gary Bennett qui a mené la lutte amère contre les employés municipaux? Il a essuyé une défaite cuisante aux élections de novembre, de même qu’une demi-douzaine d’autres conseillères et conseillers favo-rables à la privatisation.

La nouvelle mairesse de Kingston, Isabel Turner, dit avoir l’intention de consulter le personnel pour trouver des solutions, plutôt que de se tourner vers la privatisation pour améliorer le service. De plus, la nouvelle mairesse dit que remonter le moral du personnel serait une de ses grandes priorités.

Parlant de la victoire, M. Flecker ajoute : « Nous n’avons pas assez d’occasions de savourer nos victoires pour la justice sociale et le bien de la po-pulation, mais éliminer du conseil municipal une demi-douzaine de partisans de la privatisation a été une victoire qui aura une saveur durable. »

« Je pense que nous avons démontré que les différents groupes communautaires travaillant en coalition avec les membres du SCFP peuvent repousser les privatisations hâtives », d’ajouter M. Flecker

En passant à un registre peut-être encore plus positif, M. Flecker souligne que « les gens de Kingston avaient vraiment envie de travailler main dans la main avec les travailleuses et travailleurs du secteur public, dans une coalition. Franchement, c’était une surprise que de mettre à la porte tous ces partisans de la privatisation du conseil municipal. C’était une surprise qui a laissé plusieurs d’entre eux sans emploi. »

Pour sa part, Mme McArthur de la section locale 109 dit : « Cette victoire ne pouvait pas tomber mieux pour notre section locale. À dire vrai, bon nombre de personnes étaient encore à soigner leurs blessures de la grève et nous avions vraiment besoin de montrer à nos membres que nous n’avions pas perdu notre capacité de combattre. »

Mme McArthur ajoute, « même l’atmosphère à notre party de Noël syndical, cette année, était beaucoup plus à la fête qu’elle ne l’était l’année dernière. Les gens commencent de nouveau à avoir un peu de ce « feu au ventre », et c’est ce qu’il nous fallait. »

  

John McCracken

Je vote pour les éboueurs

  

Je n’ai jamais rencontré les gens qui enlèvent mes déchets, mais je me plais à penser qu’ils ont une vie décente. Je doute qu’ils puissent jamais devenir des gens riches, mais j’espère qu’ils ont leurs propres maisons ou de beaux appartements. J’espère qu’ils ont les moyens de porter les vêtements qu’ils aiment, de manger et de boire ce qu’ils veulent. J’espère qu’ils peuvent amener leurs enfants en vacances tous les ans, et je voudrais qu’ils aient une pension pour leur retraite. Les éboueurs me rendent service, alors cela ne me dérange pas de faire quelque chose pour voir à ce qu’ils aient un salaire décent. Aux prochaines élections municipales, je voterai pour les gens qui enlèvent mes déchets.

Éditorial, John Kearney, Whig-Standard, membre du conseil éditorial communautaire, le 11 octobre

Les PPP sont des « attrape-nigaud, » a-t-on dit à la réunion

Le terme partenariat public-privé est un attrape-nigaud destiné à duper les gens pour qu’ils croient qu’ils peuvent obtenir quelque chose gratuitement, a-t-on dit à une réunion publique sur l’entente de partenariat public-privé proposé hier soir.

Ann Lukit, Whig-Standard, rédactrice, le 31 octobre

Kingston a besoin d’un projet de cueillette des déchets

Comme dans le cas du fiasco du bloc D [un projet de redéveloppement en PPP], le conseil est parti à l’attaque sans objectif. C’est parce que la municipalité manque de stratégie sur les déchets et les produits recyclables. La municipalité doit envisager d’imposer son contrôle, les questions environnementales incluant un projet de réduction des déchets, de séparation et d’enlèvement des déchets mouillés et secs ainsi que le sort des employés municipaux.

Éditorial, Whig-Standard, le 23 octobre

Labour Pains, la publication la plus lue de la campagne électorale

Labour Pains, le bulletin trimestriel de la section locale 109 du Syndicat canadien de la fonction publique est la publication la plus lue de cette campagne. Le numéro spécial rappelle aux travailleuses et travailleurs la grève de 40 jours de l’année dernière et dit aux âmes chanceuses du secteur public qu’à la différence de la plupart des autres travailleuses et travailleurs, elles peuvent élire leurs propres patrons.

Les membres du conseil qui ont soutenu les employés municipaux obtiennent des bonnes notes du syndicat, de même que les espoirs à tendance de gauche dans les districts. On jette des pierres à celles et ceux qui ne soutiennent pas le SCFP, y compris le maire Gary Bennett et le maire adjoint Carl Holmberg.

Ian Elliot, Whig-Standard, rédacteur, le 13 novembre

Garder nos services publics en régie

Nous croyons que la ville a besoin de services de gestion des déchets qui soient contrôlés par la municipalité, prudents sur le plan fiscal et sensibles aux questions de l’environnement. La Coalition contre la privatisation de Kingston et d’autres groupes de citoyens sont prêts à engager un dialogue constructif sur la manière de parvenir à ces objectifs.

Service public signifie un service contrôlé publiquement et responsable face à la population. Service privé signifie un service contrôlé par des intérêts privés et qui n’a aucun compte à rendre sauf aux actionnaires. Nous avons fait des recherches pour le prouver. Partout où les services publics ont été privatisés, au Canada, aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en France, en Nouvelle-Zélande, en Afrique du Sud, en Amérique du Sud, cela s’est traduit par des coûts plus élevés, des tickets modérateurs, des services réduits, une perte d’emplois et des désastres environnementaux que la population doit réparer. Pourquoi ne pas garder publics les services publics?

Commentaire, Whig-Standard, le 12 décembre,

Karl Flecker, David McDonald et Paul Norris