Cette semaine plus de 600 membres du SCFP sont réunies à Vancouver pour la Conférence des femmes du SCFP. La secrétaire-trésorière nationale du syndicat, Candace Rennick, les a exhortées à consacrer leur temps à tisser des liens les unes avec les autres afin de renforcer la solidarité au sein de notre syndicat.
« Nous avons plus que jamais besoin de force et de solidarité, car nous risquons de subir des revers majeurs », a-t-elle dit dans le cadre de son discours d’ouverture, dimanche soir. « La misogynie, le racisme, la violence et la haine sont en hausse. La plupart des gouvernements au Canada sont conservateurs ou pires, et les chefs des partis de droite poussent la politique canadienne de plus en plus vers la droite. »
Malgré ces menaces, l’histoire du SCFP prouve que lorsque le syndicat s’organise, se mobilise et mène une lutte vigoureuse, il peut réaliser des gains. Même dans les difficultés de la pandémie, a souligné Mme Rennick, le SCFP a remporté des victoires décisives. Au niveau fédéral, les travailleuses et travailleurs ont obtenu dix jours de congé de maladie payé comme norme minimale et un congé payé en cas de violence conjugale dans presque tout le pays. Le gouvernement fédéral priorise enfin des services de garde éducatifs à l’enfance universels en promettant 30 milliards de dollars sur cinq ans et au moins 9,2 milliards de dollars par année après 2025-2026.
« Ces gains, et bien d’autres trop nombreux pour être énumérés ici, ont été remportés grâce à la persistance de femmes, avec les femmes du SCFP occupant des fonctions de leadership », a-t-elle souligné.
Candace Rennick a applaudi le courage des milliers de femmes du SCFP au Québec qui participent au Front commun des syndicats du secteur public, en santé et en éducation, des membres du Nouveau-Brunswick qui ont organisé une grève générale contre le gouvernement provincial, et du personnel des conseils scolaires ontariens qui ont débrayé malgré la menace d’amendes énormes et de mesures disciplinaires lorsque Doug Ford a tenté d’utiliser la loi pour brimer leur droit à la négociation collective.
« Voilà à quoi ressemble le pouvoir de notre syndicat », a conclu Mme Rennick. « C’est à ça que ça ressemble quand les femmes du SCFP s’unissent. Voilà le changement, l’élan que les femmes leaders du SCFP peuvent apporter lorsque nous impliquons la base et que nous travaillons collectivement au sein d’une équipe de direction. »
Le président national Mark Hancock s’est adressé aux participantes dans un discours vidéo. « C’est un moment important pour les femmes », a-t-il déclaré. « Au sortir de la pandémie, nous devons nous assurer que les employeurs et les gouvernements reconnaissent les grands sacrifices consentis par nos membres en nous témoignant un peu de respect à la table de négociation ou lorsque vient le temps de rédiger leurs budgets. »
« C’est également un moment important pour le SCFP », a conclu Mark Hancock, soulignant que la conférence est née des résolutions du dernier congrès visant à créer un milieu syndical sécuritaire pour tout le monde. « Je tiens à vous promettre de faire de notre syndicat un endroit où les femmes peuvent s’épanouir, où les femmes et tous les membres en quête d’équité se sentent en sécurité et valorisées, et où leurs voix sont entendues. »
Saisir le moment
Le premier panel de la conférence s’est intéressé au contexte politique actuel. La directrice des Services nationaux du SCFP, Sylvia Sioufi, a interviewé Bilan Arte, conseillère nationale en Droits de la personne au Congrès du travail du Canada, la députée fédérale de Winnipeg- Centre Leah Gazan, l’économiste Armine Yalnizyan et la chroniqueuse et militante Emilie Nicolas.
Les panélistes ont encouragé les femmes à profiter du moment actuel pour intensifier leur lutte pour des salaires équitables et contre la violence fondée sur le genre, en commençant par la mise en œuvre de la convention de l’Organisation internationale du travail sur la violence et le harcèlement. « Il faut que ce traité devienne réalité », a martelé Bilan Arte.
Pour Leah Gazan, l’un des actes les plus violents est de confiner les gens à la marginalité. « Il n’y a aucune bonne raison de maintenir les gens dans la pauvreté. Si on veut mettre fin à la violence, il faut mettre fin à la pauvreté », a-t-elle insisté. Leah Gazan s’est engagée à poursuivre le travail pour faire adopter une stratégie de travail équitable pour les travailleuses de l’économie des soins, incluant à la chambre des Communes.
Pour sa part, Armine Yalnizyan a expliqué que l’inflation était une taxe sur les plus pauvres et qu’il revenait aux progressistes de tirer tout le monde vers le haut. « Le combat féministe est le combat pour l’égalité de toutes les femmes. Il faut que l’économie payée soutienne l’économie bénévole », a-t-elle insisté.
Emilie Nicolas a encouragé les femmes à s’organiser et à faire campagne de manière originale pour accroître la présence des femmes dans l’espace public et pour prendre le contrôle du message plus souvent, en dépit des risques.
« Il y a des gens qui s’en prennent à nous et ils sont en train de s’organiser, incluant par l’entremise de partis politiques, pour nous reprendre le pouvoir. L’une de leurs tactiques est de nous attaquer en ligne », a-t-elle souligné. « Il faut absolument travailler pour éviter que le féminisme ne redevienne pas tabou, comme dans les années 1990. »