Ne mobilisez pas. Organisez !

« Contactez les personnes qui ne sont pas déjà impliquées. »

« Allez en profondeur et écoutez. »

« Discutez, tissez des liens. »

Ce sont les conseils qu’avaient les participantes à la table ronde Organiser pour gagner pour les déléguées à la conférence des femmes du SCFP ce mardi.

La discussion réunissait la présidente du Conseil des syndicats des conseils scolaires de l’Ontario (CSCSO), Laura Walton ; l’ancienne députée néo-démocrate de Parkdale–High Park, Peggy Nash; l’ancienne mairesse de Peterborough, Diane Therrien ; et l’organisatrice communautaire Marlihan Lopez.

Sherry Hillier, présidente du SCFP-Terre-Neuve-et-Labrador et vice-présidente générale du SCFP pour la région de l’Est, a lancé la conversation en soulignant l’importance de l’implication des femmes progressistes en politique, à tous les niveaux.

«L’élection de gens qui ont la fonction publique à cœur à des postes de pouvoir peut nous aider dans notre lutte plus large pour l’équité et la justice entre les genres, » a-t-elle dit. En tant que syndicalistes, nous nous battons pour améliorer les lieux de travail. Mais nous nous battons aussi pour améliorer les droits de tout le monde. »

Peggy Nash et Diane Therrien ont avoué à l’assistance que personne ne croyait en elles lorsqu’elles se sont lancées en politique. Mais elles ont persisté, elles ont préparé le terrain, elles ont fait du porte-à-porte, et elles ont fini par donner tort à leurs opposants.

Mme Therrien était au début de la trentaine lorsqu’elle a décidé de se présenter à la mairie de Peterborough en 2018. On lui a dit qu’elle était trop jeune, qu’elle n’avait pas assez d’expérience. Elle n’en a pas cru un mot. « En regardant les gens au conseil municipal, je me disais que je pourrais faire leur boulot bien mieux qu’eux », a-t-elle raconté. Elle a été élue avec 60 pour cent des voix.

Elle attribue sa victoire aux efforts qu’elle a déployés pour avoir des conversations avec les membres de la communauté.

«Organiser, c’est tisser des liens et essayer de trouver une cause commune, a ajouté Mme Nash. Je ne pense pas qu’il y existe des raccourcis: il faut avoir ces conversations et offrir aux gens la possibilité d’agir. »

Pour Laura Walton, les conversations qui ont conduit à la grève des travailleuses et des travailleurs de l’éducation, l’automne dernier, ont été gagnantes, puisqu’elles ont donné aux gens la conviction qu’ils avaient du pouvoir.

« Oui, nous avons battu Ford, a-t-elle lancé. Il mérite d’être battu plus souvent. Mais la vraie victoire, ce sont les voix qui se sont fait entendre et qui se sont libérées. Impossible de remettre le génie dans la bouteille après ça. »

Construire une nouvelle table

Pour Marlihan Lopez, les femmes doivent investir dans les lieux de pouvoir. Selon elle, il n’y aura pas de victoires durables tant que nous n’aurons pas trouvé de moyens de tisser des liens avec des groupes qui ont été marginalisés et dont les voix ont été réduites au silence. Ce ne sera pas facile, car la plupart des institutions hésitent encore à s’attaquer aux problèmes qui touchent les personnes méritant l’équité.

Mme Lopez vient de lancer un nouveau collectif appelé Harambec qui rassemble des féministes noires et propose des ressources pour et par les femmes et les personnes non binaires.

« Il ne s’agit pas d’avoir une plus grande table, a-t-elle dit. Il s’agit de casser cette table, parce qu’elle n’a jamais été faite pour nous. Et, d’ici à ce qu’une nouvelle table soit construite, nous avons besoin de nos propres espaces. Notre libération dépend de la libération des autres.»