La publication des nouvelles prévisions budgétaires du gouvernement ontarien ne doit pas servir de prétexte au premier ministre pour rompre la promesse qu’il a faite, en campagne électorale, de ne pas réduire les services publics ou éliminer des emplois, prévient Fred Hahn, président du SCFP-Ontario.

« Il ne fait aucun doute que le gouvernement libéral précédent avait truqué les livres en sa faveur, explique-t-il. Mais nous savons également que le premier ministre Ford, lorsqu’il était au municipal, a joué avec les chiffres pour tenter de créer une crise fiscale de toutes pièces dans le but de couper des services. Le problème de l’État provincial en est un de revenus. Corriger les problèmes que nous avons dans les soins de longue durée, nos écoles, nos hôpitaux et nos autres services publics, nécessitera plus d’argent, pas moins. C’est un fait indéniable. Et cela signifie qu’il est temps pour les grandes entreprises de commencer à payer leur juste part d’impôts. »

M. Hahn souligne un rapport publié plus tôt cette année, coécrit par Corporate Knights et le Toronto Star, qui comparait les taux d’imposition des particuliers à ceux des sociétés. Selon ce rapport de 20 pages, auparavant, particuliers et sociétés payaient une part égale de l’assiette fiscale pour financer les services et les programmes dont nos communautés ont besoin pour prospérer. Après des décennies de diminution des impôts sur les sociétés, les particuliers paient désormais 3,5 fois plus que les sociétés. Pendant ce temps, les bénéfices des entreprises ont grimpé en flèche tandis que la plupart des individus ont du mal à joindre les deux bouts.

« Il n’est pas étonnant que nous ayons un déficit lorsque de grandes sociétés évitent de payer leur juste part depuis des dizaines d’années », déplore Candace Rennick, secrétaire-trésorière du SCFP-Ontario. « Les Ontariens peinent à s’en sortir. Les nouvelles prévisions budgétaires ne doivent pas servir à rendre nos vies plus difficiles. Nous comptons tous sur nos soins de santé, nos écoles et nos services sociaux. On ne doit pas les réduire. On ne devrait jamais remettre en question la protection et la prise en charge des personnes âgées en soins de longue durée. La question devrait être : comment payer pour tout cela ? »

Malgré les affirmations de nombreux gouvernements conservateurs selon lesquelles la baisse des taux d’imposition des sociétés entraîne de la création d’emplois et un accroissement des investissements locaux, nous disposons de décennies de chiffres qui démontrent que c’est faux. L’investissement des entreprises est demeuré stable en dépit des réductions d’impôts. Même que, selon un rapport du ministère fédéral des Finances à l’époque de Stephen Harper, les baisses d’impôts des sociétés n’ont pas stimulé la croissance de l’emploi, alors que l’investissement dans le logement à prix modique et l’infrastructure publique y réussissent.

« Notre infrastructure physique et sociale s’effondre autour de nous, ce qui ne change pas avec le rapport d’aujourd’hui, conclut M. Hahn. L’Ontario doit renouer avec la prospérité. Pour cela, Ford doit tenir ses promesses envers la population; il ne peut pas couper dans nos services ni dans les emplois. »