Message d'avertissement

Attention : cette page est tirée de nos archives. Il se pourrait que notre site Internet contienne des informations plus récentes sur ce sujet. Pour le savoir, utilisez notre moteur de recherche.

Emma Slaney Gose | SCFP 

La pression s’est intensifiée sur les multinationales qui fabriquent des vêtements au Bangladesh pendant les 15 mois qui se sont écoulés depuis le désastre du Rana Plaza, au cours duquel une usine de vêtement de huit étages s’est effondrée, tuant 1 138 travailleurs. Beaucoup de ces entreprises ont accepté de signer un accord garantissant la mise en place de normes de sécurité.  Le mois dernier, sept gouvernements européens ont émis une déclaration conjointe demandant à toutes les marques et à tous les détaillants faisant affaires au Bangladesh de contribuer au Fonds en fiducie du Rana Plaza. Pourtant, un groupe de sociétés refuse obstinément d’offrir des protections aux travailleurs du vêtement et cherche plutôt à affaiblir les droits durement acquis en préconisant la mise en place d’une « Alliance pour la sécurité des travailleurs du Bangladesh » trompeuse.

Pour en savoir plus sur le Fonds de la Rana Plaza

La tragédie du Rana Plaza a incité plus de 180 entreprises, dont une et une seule société canadienne (Loblaws), à signer l’accord sur les incendies et la sécurité des bâtiments au Bangladesh, une entente quinquennale multilatérale qui porte sur les incendies et la sécurité des bâtiments des usines bangladaises travaillant pour diverses sociétés étrangères. Bien avant la tragédie du Rana Plaza, le Centre pour la solidarité des travailleurs du Bangladesh (Bangladesh Centre for Worker Solidarity ou BCWS), ainsi que des syndicats bangladais et des syndicalistes du monde entier avaient déjà commencé à exiger la signature de cet accord indépendant et juridiquement contraignant.  Depuis qu’il est entré en vigueur, l’accord a permis d’obtenir une série de concessions en matière de santé et de sécurité pour les travailleurs touchés – inspections de sécurité indépendantes, échéances pour la mise en œuvre des précautions de sécurité et même le droit de refuser de faire un travail dangereux, entre autres.  À la dernière assemblée générale du Congrès du travail du Canada, tenue à Montréal, Kalpona Akter, directrice exécutive du BCWS et ancienne travailleuse du vêtement elle-même, avait insisté sur l’importance de cet accord pour améliorer les conditions de travail.

Voyez quelles entreprises ont signé l’accord sur le Bangladesh

Bien que cet accord historique ait donné lieu à des gains en matière de santé et de sécurité pour les travailleurs de plus de 1 000 usines, certaines multinationales s’efforcent de l’affaiblir en créant une initiative parallèle qui porte le nom douteux d’« Alliance pour la sécurité des travailleurs du Bangladesh ».  Mieux connue sous le nom de « Plan Wal-Mart/ Gap », l’alliance est dirigée par les prédateurs commerciaux Wal-Mart et Gap, qui soutiennent que leur entente est une « initiative obligatoire de cinq ans » qui améliorera la sécurité dans les usines du prêt-à-porter du Bangladesh.  En fait, ce n’est rien d’autre qu’un rusé strategème pour se soustraire des protections légalement contraignantes.  Essentiellement, l’alliance est un écran de fumée qui cache l’irresponsabilité des entreprises sous un mince vernis de générosité philanthropique. Elle ne cherche pas réellement à empêcher le décès des travailleurs bangladais mais plutôt à protéger les marges de profit déjà très généreuses des grossistes. 

Les défenseurs des travailleurs bangladais, dont Kalpona Akter, croient que les entreprises refusent de signer l’accord, même après le désastre du Rana Plaza, précisément parce qu’il est légalement contraignant et qu’il rend leur obligation d’assurer la sécurité dans les usines exécutoires en vertu de la loi. « L’autre » alliance est une tentative cynique pour faire échouer de véritables efforts envers la protection des travailleurs entreprise par des multinationales qui refusent de payer pour assurer la sécurité des lieux de travail tout en essayant de sauver la face après que le désastre du Rana Plaza eut dévoilé au grand jour leur horrible exploitation à grande échelle des travailleurs bangladais.  Une série d’entreprises de haut niveau comme Canadian Tire, Costco, Giant Tiger, la Compagnie de la Baie d’Hudson, Target et Sears se sont jointes à Wal-Mart et à Gap et ont refusé de signer l’accord, choisissant plutôt d’adhérer à l’alliance.

Agissez pour empêcher qu’une autre tragédie ouvrière ne se reproduise au Bangladesh

Aidez le Congrès du travail du Canada à faire pression sur l’entreprise canadienne Lululemon pour qu’elle signe l’accord du Bangladesh en envoyant une lettre.

Appuyez les travailleuses et travailleurs du vêtement du Bangladesh en faisant un don au Réseau de solidarité des maquilas.

Devant un gouvernement répressif et corrompu, l’accord avait fait naître un nouvel espoir chez les travailleurs bangladais, entre autres en forçant la fermeture  d’usines dangereuses et en exigeant de meilleures conditions de travail.  Cette tentative cynique des entreprises de détourner la réponse à la tragédie du Rana Plaza montre plus que jamais l’importance de la syndicalisation des travailleurs d’usine et l’adoption de conventions collectives qui garantissent l’application à long terme des dispositions relatives à la santé et à la sécurité. L’alliance doit être vue comme l’escroquerie qu’elle est, et il faut redoubler les efforts pour promouvoir l’accord.  Ce n’est qu’à cette condition que les travailleurs du vêtement du Bangladesh pourront obtenir les conditions de travail équitables qu’ils méritent.