Le visage et la composition des syndicats canadiens, dont le SCFP, ont beaucoup changé au cours des dernières décennies et la tendance se poursuivra au cours des dix années à venir.

• En 1990, 60 % de l’effectif des syndicats canadiens était composé d’hommes et ces derniers étaient toujours majoritaires il y a dix ans à peine. Aujourd’hui, 53 % des membres sont des femmes. Si la tendance se maintient, elles seront 60 % d’ici 2030.

• Les taux de syndicalisation ont chuté davantage pour les hommes jeunes et les hommes en général. Ils sont restés relativement stables pour les femmes, le déclin pour les femmes jeunes étant compensé par une hausse chez les femmes plus âgées.

• Il n’existe pas de données sur le nombre de membres racisés ou autochtones, mais leur présence dans les syndicats augmente probablement.

• Il y a vingt ans, plus de syndiqués travaillaient dans le secteur manufacturier que dans tout autre secteur. Maintenant, le secteur manufacturier est passé au quatrième rang, bien après l’éducation, où les travailleurs syndiqués sont deux fois plus nombreux que dans le secteur manufacturier, et les services sociaux, où les travailleurs syndiqués sont presque trois fois plus nombreux.

Le nombre de syndiqués au Canada a continué à croître, pour un total estimé à 4,3 millions de travailleurs en 2015, une hausse de 620 000 individus en 15 ans. Mais la croissance a beaucoup ralenti par rapport aux hausses annuelles de 2 % du début des années 2000, baissant en moyenne à 0,7 % par année au cours de la dernière décennie.

Même si elle a légèrement augmenté l’an dernier, la proportion des travailleurs membres d’un syndicat (taux de syndicalisation) a lentement diminué, passant de 38 % au début des années 1980 à 28,6 % l’an dernier. Malgré tout, le taux de syndicalisation au Canada demeure beaucoup plus élevé qu’aux États-Unis, où il a chuté à 11 %, soit la moitié de ce qu’il était au début des années 1980.

Le SCFP, qui compte près de 639 000 membres, est de loin le plus grand syndicat du Canada. Il représente un syndiqué sur sept au pays. Le deuxième plus important syndicat est le Syndicat national des employées et employés généraux du secteur public (SNEGSP) qui compte 360 000 membres, 
suivi d’Unifor avec 300 000 membres.  

Le taux de syndicalisation varie considérablement en fonction des secteurs. Il est beaucoup plus élevé dans le secteur public, où le taux est passé de 70 % en 2000 à 72 % aujourd’hui. Le taux de syndicalisation le plus élevé aujourd’hui se trouve dans les domaines de l’administration publique, de l’éducation et de la santé et des services sociaux. Ils sont responsables de la croissance globale depuis 2000, l’emploi dans l’éducation et la santé ayant augmenté à un rythme plus rapide que le taux moyen global.

Entre-temps, la syndicalisation 
chez les travailleurs du secteur privé 
a diminué. Le taux pour ce secteur est passé de plus de 18 % en 2000 à 15 % en 2015, ce qui représente une perte totale de 24 000 membres. C’est le 
secteur manufacturier qui a le plus perdu. En effet, il compte maintenant 300 000 travailleurs syndiqués de moins qu’il y a 15 ans. La croissance dans d’autres industries du secteur privé a presque compensé ces pertes, notamment dans la construction, 
qui compte 116 000 nouveaux membres, et dans les services aux entreprises, les services relatifs aux bâtiments et les autres services de soutien où 54 000 nouveaux membres 
se sont ajoutés. 

L’industrie des services aux entreprises, des services relatifs aux bâtiments et des autres services de soutien (y compris les services admi-
nistratifs, le nettoyage, la collecte des déchets et autres services contractuels) est la seule industrie du secteur privé où la syndicalisation a augmenté depuis 2000. La croissance de 
l’effectif y a été la plus forte de tous 
les secteurs, le nombre de ses membres ayant doublé au cours des 15 dernières années. Bien que le secteur ait connu un taux d’emploi élevé en raison de l’augmentation de la sous-traitance, la hausse de la syndicalisation montre ce que peuvent faire des campagnes ciblées destinées aux concierges et aux préposés au nettoyage.

La croissance de l’emploi dans le secteur parapublic devrait augmenter de 1,2 % chaque année au cours des 10 prochaines années. Cette croissance est bien au-dessus de la moyenne nationale globale de 0,8 %, mais en même temps beaucoup plus lente que la moyenne annuelle de 2 % des 10 dernières années dans le secteur public. Au sein du secteur public, il y aura d’importantes différences dans les taux de croissance en emploi : annuellement, l’emploi devrait croître de 1,8 % dans la santé et l’aide sociale, de 0,8 % dans les services d’éducation, de 0,6 % dans les services publics, de 0,3 % en information, en culture et dans les loisirs et d’à peine 0,1 % annuellement dans les administrations publiques.

Globalement, la croissance de l’emploi devrait ralentir. D’une moyenne annuelle de 1,1 % au cours de la dernière décennie, la croissance passera à 0,8 % dans les dix prochaines années, selon le Système de projection des professions au Canada (SPPC) du gouvernement fédéral. Ces projections sont toutefois optimistes. Une étude récente estimait que 42 % de la main-d’œuvre canadienne court un risque élevé d’être touchée par l’automatisation 
au cours des 10 ou 20 années à venir. 

Une bonne partie de cette main-d’œuvre est composée de travailleurs moins bien payés du secteur privé.

La croissance de l’emploi se manifestera surtout dans les industries qui sont déjà hautement syndiquées. Toutefois, le passage à des emplois plus précaires, occasionnels et temporaires dans tous les secteurs rendra plus difficile la préservation de taux de croissance acceptables de syndicalisation.