Ce profil offre aux membres du SCFP des renseignements sur le secteur de travail, et ce, dans une perspective nationale. Vous trouverez tous nos profils sectoriels et de plus amples renseignements au scfp.ca.

Survol

Le SCFP est bien implanté dans le secteur des services sociaux, où il représente 54 700 membres répartis dans plus de 500 unités de négociation à travers le pays. Les femmes comptent pour 85 % des membres du secteur. Nos membres offrent une gamme de services et de soutiens à des personnes qui sont souvent vulnérables, marginalisées et démunies. Les travailleuses et les travailleurs des services sociaux du SCFP aident les femmes et les enfants à fuir la violence familiale, protègent les enfants contre la maltraitance et la négligence, en plus de travailler auprès d’adultes ayant une déficience intellectuelle. Les membres du SCFP prodiguent aussi des conseils en matière d’emploi, administrent l’aide sociale et fournissent des services et du soutien aux personnes vivant avec le VIH et le sida, notamment. Ces membres sont à l’emploi d’organismes bénéficiant de paiements de transfert, de municipalités qui offrent des services sociaux et d’organismes communautaires sans but lucratif.

Enjeux

Les gouvernements laissent tomber la population en refusant d’investir dans les services sociaux dont elle a besoin et dont elle dépend. Le sous-financement gouvernemental a provoqué une crise de la main-d’œuvre : les employeurs n’arrivent plus à embaucher et à retenir le personnel en raison de la faiblesse des salaires, des avantages sociaux et des régimes de retraite limités ou inexistants, de la hausse de la violence au travail et de la charge de travail insoutenable. Les travailleuses et les travailleurs sont sous-rémunérés, surmenés, en sous-effectif, stressés et épuisés, ce qui nuit à la qualité des services.

Le financement

Le Transfert canadien en matière de programmes sociaux (TCS) aide à financer les services sociaux, l’aide sociale, les services éducatifs à l’enfance et l’éducation postsecondaire. Le SCFP demande au gouvernement fédéral de mettre en place des mesures immédiates pour atténuer les pressions inflationnistes sur le TCS.

Pour ce qui est des dépenses d’exploitation et des coûts d’immobilisations, le gros du financement des organismes bénéficiant de paiements de transfert provient toutefois des gouvernements provinciaux. C’est le cas, par exemple, pour les sociétés d’aide à l’enfance et les agences de services aux personnes ayant une déficience intellectuelle en Ontario. Les municipalités qui fournissent des services sociaux concluent souvent des ententes de partage des coûts avec les gouvernements provinciaux.

Les organismes communautaires sans but lucratif sont distincts du gouvernement et sont régis par des conseils d’administration bénévoles. Ces organismes dépendent de plusieurs sources de financement fédérales, provinciales et municipales, de dons d’entreprises et de particuliers, de Centraide et d’activités de financement. La dépendance à l’égard de multiples sources de financement signifie qu’il n’y a aucune garantie d’un financement stable, les revenus étant imprévisibles d’une année à l’autre.

Au fil du temps, les gouvernements fédéral, provinciaux et municipaux ont diminué leurs dépenses dans les services sociaux. Après des décennies de réductions du financement gouvernemental, la réticence des bailleurs de fonds à fournir un financement de base stable et une dépendance excessive à l’égard du financement de projets à court terme, la main-d’œuvre, les communautés et l’ensemble du secteur sont sous pression. La baisse du financement gouvernemental a rendu le secteur de plus en plus vulnérable à la sous-traitance et à d’autres formes de privatisation. Cela a également entraîné des problèmes systémiques de recrutement et de rétention du personnel, ainsi qu’une augmentation de la précarité d’emploi.

Privatisation

La privatisation est un symptôme de sous-financement. Dans les services sociaux, la tendance est à la privatisation à la pièce plutôt qu’à la privatisation globale. Au nom de la réorganisation et de la transformation, les gouvernements ouvrent de plus en plus grand la porte à d’autres modèles de prestation de services. Cette stratégie prend plusieurs formes dans le secteur des services sociaux.

Les obligations à impact social (OIS)

Le SCFP a demandé aux gouvernements fédéral et provinciaux de cesser de promouvoir et de soutenir financièrement les obligations à impact social (OIS), une forme de privatisation qui permet au secteur privé de tirer profit de la prestation de services sociaux aux communautés et aux groupes en quête d’équité qui sont souvent vulnérables et marginalisés. 

Des recherches indépendantes ont démontré les nombreuses failles des obligations à impact social. Les investisseurs souhaitent réaliser des profits, pas s’attaquer aux causes profondes des problèmes sociaux systémiques. Comme d’autres formes de privatisation, les OIS s’accompagnent d’honoraires de consultation élevés et entraînent peu d’économies de coûts. L’argent public devrait servir uniquement à la prestation publique des services sociaux, pas à la recherche de profits.

Le financement direct

Le financement direct, également connu sous le nom de financement individuel, est une forme de privatisation où le gouvernement donne de l’argent directement aux parents, aux familles ou aux individus pour qu’ils se procurent des services et des soutiens sociaux. Ce modèle déstabilise le réseau communautaire. Il fait baisser les salaires, détériore les conditions de travail, intensifie les problèmes de recrutement et de rétention du personnel, contribue à la précarisation des emplois et fragmente les services, alors qu’il faudrait plutôt bâtir un réseau cohérent.

L’appel d’offres concurrentiel

L’appel d’offres concurrentiel ouvre la porte à la privatisation en imposant un modèle de marché au secteur des services sociaux. Les organismes communautaires à but non lucratif sont obligés de se faire concurrence entre eux et de concurrencer les organismes communautaires privés pour obtenir des ressources financières, du personnel et des bénévoles qui sont tous déjà limités. Les organismes perdent régulièrement les contrats à leur échéance et doivent alors licencier le personnel. En Alberta, le recours aux appels d’offres s’est développé sous le gouvernement conservateur actuel.

La prestation canadienne pour les personnes handicapées

Les personnes ayant un handicap sont environ deux fois plus susceptibles de vivre dans la pauvreté que les personnes n’en ayant pas. Les femmes et les personnes racisées ayant un handicap sont parmi les plus pauvres des pauvres. Les revenus d’une personne ayant un handicap qui vit dans la pauvreté proviennent en grande partie des prestations d’aide sociale provinciales. 

Le SCFP a exhorté le gouvernement fédéral à accélérer le développement et la mise en œuvre d’une prestation canadienne pour les personnes ayant un handicap. Elle a finalement été annoncée dans le budget fédéral de 2021.

L’offre de services sociaux de qualité ne peut être assurée que par le biais de services publics, à but non lucratif par l’intermédiaire d’un système d’organismes communautaires financés adéquatement, où la main-d’œuvre est rémunérée équitablement et bénéficie d’occasions de parfaire sa formation et ses compétences. Seul un système public correctement financé, où chacun a accès aux services dont il a besoin, permettrait d’éliminer les longues listes d’attente pour les programmes et services, de mettre fin aux réductions de services, d’avoir la capacité de répondre aux besoins changeants, de mettre les infrastructures à niveau, de répondre aux défis du recrutement et du rétention du personnel, ainsi que de bonifier les salaires trop faibles et qui varient grandement à travers le secteur.

La COVID-19

La pandémie de COVID-19 a révélé de nombreuses failles dans la prestation des services sociaux. Tout au long de la pandémie, les employeurs et les gouvernements ont accordé peu ou pas de reconnaissance aux services publics vitaux fournis par le personnel des services sociaux. Pourtant, les travailleuses et les travailleurs prenaient le risque de s’exposer au virus, mettant ainsi leur santé en danger ainsi que celle de leurs proches et des personnes qu’ils soutiennent.

Les négociations

Dans le secteur des services sociaux du SCFP, les négociations se font soit localement, de façon coordonnée ou de façon centralisée. Au Nouveau-Brunswick, à l’Île-du-Prince-Édouard, au Manitoba et en Alberta, il n’y a que des négociations locales, tandis que certaines sections locales de la Nouvelle-Écosse, de Terre-Neuve-et-Labrador, de l’Ontario et de la Saskatchewan ont recours à la négociation coordonnée. En Colombie-Britannique, au Québec et en Ontario, il existe des accords de négociation centralisée.

Les attaques gouvernementales contre la négociation collective et l’arbitrage des différends compliquent les négociations dans le secteur. Le gel des salaires, les lois de retour au travail, l’arbitrage forcé et l’élargissement des services essentiels, des mesures qui s’attaquent aux droits des travailleuses et des travailleurs, ont instauré un climat de négociation difficile.

Le climat de négociation d’après pandémie devrait être encore plus difficile. On s’attend à ce que de nombreux gouvernements adoptent de nouvelles politiques d’austérité qui entraîneront des compressions budgétaires, une réduction des dépenses de programmes, des gels et des réductions de salaire imposés, des licenciements et un appétit accru pour la privatisation. Cela se traduira aussi par des demandes de concessions de la part des employeurs à la table de négociations.

Malgré ces défis et bien d’autres, les sections locales du SCFP du secteur des services sociaux ont réalisé des gains notables à la table de négociations au cours des deux dernières années, la plupart des augmentations salariales annuelles obtenues se situant entre 1 et 2 %.

Régimes de retraite

La plupart des membres du SCFP du secteur des services sociaux bénéficient d’un régime de retraite. Plus des trois quarts des sections locales en ont un, et plus de la moitié de ceux-ci sont des régimes à prestations déterminées. Il existe plusieurs types de régimes dans le secteur, notamment les régimes de retraite municipaux, le Healthcare of Ontario Pension Plan (HOOP) et le Régime de retraite multi-secteur (RRMS).

Le SCFP est parvenu à négocier avec beaucoup de succès l’implantation du RRMS dans de nombreux petits milieux de travail. Par exemple, grâce à la négociation coordonnée, les membres de 86 % des unités de négociation ontariennes dans le domaine des services aux personnes ayant une déficience intellectuelle cotisent maintenant au RRMS.

CAMPAGNES

La Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) et ses affiliés du secteur public, dont le SCFP, ont visité plusieurs endroits dans la province dans le cadre de la campagne Toujours debout. Cette campagne rend hommage aux travailleuses et aux travailleurs des services sociaux, de la santé et de l’éducation qui ont continué à fournir des services publics vitaux tout au long de la pandémie.

Le SCFP-Manitoba s’est joint au Manitoba Government and General Employees› Union (MGEU) et au Syndicat des travailleurs et travailleuses unis de l’alimentation et du commerce (TUAC) pour faire campagne en faveur du personnel de l’intégration communautaire. Cette campagne a connu un énorme succès, le budget provincial prévoyant le versement d’allocations de soutien salarial à ces travailleuses et à ces travailleurs.

Au niveau national, le SCFP réclame la création d’une commission économique des soins qui serait chargée d’élaborer une stratégie nationale des soins. Nous réclamons aussi l’instauration d’un salaire minimum de 25 dollars l’heure pour tous les emplois du secteur des soins financés par le gouvernement fédéral. Le SCFP exerce également des pressions dans le but d’améliorer les conditions de travail dans le secteur, comme davantage de possibilités d’emploi à temps plein, des congés de maladie payés, l’accès aux régimes d’avantages sociaux et de retraite, davantage de possibilités de formation, une meilleure prévention de la violence dans les milieux de soins, et des services de santé mentale de qualité pour le personnel.