Ce profil offre aux membres du SCFP des renseignements sur leur secteur de travail, et ce, dans une perspective nationale. Vous trouverez tous nos profils sectoriels et de plus amples renseignements sur le site scfp.ca.

SURVOL

Le SCFP représente plus de 200 000 travailleuses et travailleurs de la santé d’un océan à l’autre. Environ 190 000 d’entre eux sont membres d’une section locale entièrement dédiée au secteur de la santé (hôpitaux, soins de longue durées, santé publique et communautaire, soins à domicile, Société canadienne du sang, Héma-Québec). Les autres sont membres d’une section locale municipale ou du secteur des services sociaux.

Le SCFP représente des travailleuses et travailleurs de la santé dans toutes les provinces, et les effectifs les plus importants se trouvent en Ontario (Conseil des syndicats d’hôpitaux de l’Ontario ou CSHO), en Colombie-Britannique (Syndicat des employés d’hôpitaux ou SEH), au Québec (Conseil provincial des affaires sociales ou CPAS), au Manitoba, en Saskatchewan et au Nouveau-Brunswick. La pandémie de COVID-19 illustre plus que jamais à quel point le réseau et le personnel de la santé sont essentiels pour promouvoir et protéger la santé, la sécurité et l’intérêt du public en général. Partout au pays, les travailleuses et les travailleurs de la santé sont en première ligne de la crise sanitaire actuelle, mettant leur santé et leur sécurité à risque pour protéger chacun de nous.

ENJEUX

Les soins de longue durée

Depuis le début de la pandémie, les soins de longue durée ont fait couler beaucoup d’encre au Canada. En effet, 52 % des décès liés à la COVID-19 sont survenus dans des centres de soins de longue durée et des maisons de retraite, alors qu’ils n’accueillent que 1,13 % de la population canadienne. Nos gouvernements ont très mal protégé la vie des plus vulnérables contre la COVID-19.

La pandémie n’est pas à l’origine des problèmes que nous voyons dans le réseau de soins de longue durée. Elle met plutôt en lumière des problèmes qui existaient déjà, en plus de les aggraver, surtout en ce qui concerne la pénurie chronique de personnel et les horaires de soins inadéquats. Ces dernières années, plusieurs sections locales et divisions du SCFP ont milité pour la hausse du nombre d’heures de soins dans les centres de soins de longue durée. Après une campagne de plusieurs années menée par le SCFP-Ontario et la Coalition ontarienne de la santé, une nouvelle loi a été adoptée en 2021. Celle-ci portera à quatre heures par jour en moyenne les heures de soins par résident(e) dans les centres de soins de longue durée de l’Ontario d’ici 2025.

La santé et la sécurité

Tout au long de la pandémie de COVID-19, les travailleuses et les travailleurs de la santé du pays qui ont été salués comme des héros, ont dû faire face à de sérieux défis, notamment :

  • le manque d’EPI adéquat et approprié
  • un taux d’infection à la COVID-19 élevé
  • la peur de transmettre la COVID-19 à leurs proches
  • le surmenage, le stress, l’épuisement professionnel et leurs effets négatifs sur la santé mentale

Le SCFP poursuit ses efforts pour assurer la santé et la sécurité des travailleuses et des travailleurs de la santé en militant pour que les conventions collectives garantissent l’accès aux EPI, pour que les stocks d’EPI soient suffisants pour les urgences futures et pour accroître la production d’EPI au pays. Le SCFP demande aussi que le principe de précaution soit appliqué lors des urgences de santé publique, afin que les gouvernements et les employeurs prennent toutes les précautions raisonnables pour protéger la santé et la sécurité du personnel, sans avoir à attendre de certitude scientifique. Il est inacceptable que les travailleuses et les travailleurs de la santé aient dû composer avec des sacs à ordures comme blouses de protection, des masques périmés et des armoires d’EPI verrouillées.

Les membres du SCFP ont mené une campagne de sensibilisation à la violence au travail. En Ontario, le CSHO a négocié un nouvel article visant à identifier et à lutter contre la violence au travail, ainsi qu’à engager les employeurs à suivre une formation sur la désescalade et l’évaluation des risques à l’échelle de leur organisation afin de réduire le nombre d’incidents violents envers les travailleuses et les travailleurs.

La privatisation

Les intérêts privés érodent petit à petit notre système de santé public et la privatisation crée des problèmes dans toutes les sphères du réseau. On n’a qu’à penser à la privatisation des opérations chirurgicales, des soins de longue durée, des soins à domicile, des soins de santé virtuels et de la collecte de plasma. À cela s’ajoutent la sous-traitance des services de soins directs ou de soutien et le recours croissant aux agences de recrutement. Les partenariats public-privé (PPP) sont aussi présents dans le secteur. Des contrats à long terme pour la construction, le financement, l’exploitation, l’entretien ou la propriété d’installations publiques, comme des hôpitaux ou des centres de soins de longue durée, sont donc conclus avec le secteur privé.

Les membres du SCFP se battent pour défendre et améliorer les services de santé publics partout au pays. Dans une victoire récente, le SEH, la division du SCFP qui représente les travailleuses et les travailleurs de la santé en Colombie-Britannique, a obtenu que le personnel affecté aux services privatisés de nettoyage et de préparation de repas redevienne à l’emploi de l’autorité sanitaire, après 20 ans de privatisation. Cette victoire est un pas vers l’équité et la justice pour plus de 4000 travailleuses et travailleurs réguliers et occasionnels.

La charge de travail

Tous les secteurs de la santé connaissent une pénurie d’effectifs qui se traduit par une charge de travail écrasante pour le personnel et une détérioration des soins pour le public. Les effectifs dans le secteur de la santé étaient déjà réduits en raison de la complexité croissante des conditions médicales auxquelles les patients sont souvent confrontés. La pandémie a exacerbé la situation, de nombreux travailleurs et travailleuses quittant le secteur pour des emplois offrant de meilleurs salaires et conditions de travail.

La situation est si grave qu’il n’y a tout simplement pas assez d’employé(e)s prêts à occuper tous les postes vacants dans le secteur de la santé. Depuis deux ans, le nombre de postes vacants est en hausse pour plusieurs professions du domaine de la santé : augmentation de 190 % pour les infirmières et infirmiers auxiliaires autorisées, de 81 % pour les aides, aides-soignants et préposé(e)s aux bénéficiaires, et de 100 % pour les technologues médicaux. Cela signifie que le personnel de première ligne est toujours ou régulièrement en sous-effectif, ce qui crée des charges de travail impossibles à gérer et entraîne une augmentation de la violence contre les travailleuses et les travailleurs. Il reste beaucoup à faire pour rendre le secteur de la santé plus attrayant: il faut notamment améliorer les salaires et les conditions de travail, offrir plus d’emplois à temps plein et accroître les effectifs.

 

NÉGOCIATIONS

Les types de négociations

Il existe différentes structures de négociation dans le secteur de la santé à travers le pays. Les syndiqué(e)s qui travaillent dans les hôpitaux, les soins de longue durée et les soins à domicile négocient ensemble en Colombie-Britannique, en Saskatchewan, au Manitoba et au Québec. Dans plusieurs cas, la négociation commune couvre le secteur public, alors que d’autres conventions collectives existent pour les soins de longue durée et les soins à domicile à but lucratif. Dans plusieurs provinces, dont la Colombie-Britannique, le Manitoba et la Nouvelle-Écosse, des conventions collectives distinctes sont négociées pour les groupes professionnels du secteur de la santé (services de soutien, infirmières et infirmiers, etc.).

Souvent, les sections locales du SCFP collaborent étroitement avec d’autres syndicats de la santé pour défendre des revendications communes, parfois au sein de coalitions officielles. Dans la plupart des provinces, les travailleuses et les travailleurs de la santé ont le droit de grève, sous réserve des lois sur les services essentiels. En Ontario et à l’Île-du-Prince-Édouard, l’arbitrage est automatique en cas d’impasse dans les négociations.

Le Conseil de la santé du SCFP-Î.-P.-É. représente nos membres dans les hôpitaux et les centres de soins de longue durée publics de la province., alors que la section locale 2523 du SCFP représente les travailleuses et les travailleurs du centre privé Atlantic Baptist Nursing Home. À Terre-Neuve-et-Labrador, les syndiqué(e)s de la santé du SCFP négocient avec la province aux côtés d’autres membres du secteur public du SCFP-T.-N.-L qui travaillent dans les commissions scolaires, le logement, à l’Assemblée législative, dans les bibliothèques publiques et les maisons de transition et de groupe. Les sections locales de la santé de l’Alberta négocient leurs propres conventions collectives.

Au Nouveau-Brunswick, le Conseil des syndicats d’hôpitaux du Nouveau-Brunswick ou CSHNB (section locale 1252 du SCFP) négocie une convention collective centrale au nom de 22 sections locales du SCFP de la province, tandis que le Conseil des syndicats des foyers de soins du Nouveau-Brunswick négocie une convention centrale au nom des employé(e)s de 51 foyers de soins sans but lucratif représentés par le SCFP dans la province. Avec ses 12 sous-unités, la nouvelle section locale 5446 du SCFP représente les syndiqué(e)s des centres de soins de longue durée gérés par Shannex.

En Ontario, la plupart des sections locales de la santé du SCFP négocient de façon centralisée via le CSHO, ce qui constitue une référence dans le secteur hospitalier. Les sections locales représentant les syndiqué(e)s travaillant dans les soins de longue durée ou à domicile négocient habituellement leurs propres conventions collectives.

La restructuration des soins de santé

Plusieurs gouvernements provinciaux ont apporté des changements majeurs au secteur de la santé ces dernières années, forçant souvent des fusions et des votes de représentation au niveau syndical. En Saskatchewan, les soins de santé ont été regroupés sous une même régie en 2018. Le SCFP est en train d’établir un partenariat officiel de négociation avec l’UIES-Ouest afin de négocier une convention collective pour le secteur. Au Québec, le nombre de centres locaux de santé et de services sociaux est passé de 182 à 34 en 2017. Cela a entraîné des fusions et des votes de représentation, qui ont permis au SCFP d’accueillir plus de 3000 nouveaux membres.

Au Manitoba, la Loi de 2017 sur la restructuration des unités de négociation dans le secteur de la santé a réduit le nombre d’unités de négociation à 18. L’année suivante, après une série de fusions et de votes de représentation, le SCFP est devenu le plus grand syndicat de la santé de la province, représentant huit unités de négociation et gagnant 9000 nouveaux membres. En Nouvelle-Écosse, neuf régies de la santé ont été fusionnées en 2015, avec quatre conventions collectives par groupe professionnel. En 2022, le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador a annoncé son intention de fusionner les quatre régies régionales de la santé de la province, même si toutes les données indiquent qu’une telle centralisation détériorerait la prestation des services de santé.

Les enjeux clés

Les salaires, la santé et la sécurité, ainsi que la charge de travail sont des enjeux clés abordés lors des négociations menées par les sections locales de la santé du SCFP. Les travailleuses et les travailleurs souhaitent obtenir des hausses salariales décentes qui suivent le rythme de l’inflation. Les sections locales négocient aussi pour obtenir un meilleur soutien en matière de santé mentale pour leurs membres, des protections en cas de pandémie et des mesures visant à réduire la charge de travail.

En 2021, au Nouveau-Brunswick, les membres du CSHNB ont participé à une grève générale regroupant plus de 20 000 travailleuses et travailleurs de divers secteurs (éducation, métiers, transport, buanderie, services sociaux, justice, collèges communautaires, Travail sécuritaire NB et services correctionnels), réalisant des gains salariaux importants et obtenant l’équité salariale pour les travailleuses et les travailleurs occasionnels qui étaient auparavant payés moins pour effectuer le même travail.

En 2022, le CSHO a mobilisé ses membres et le public autour de la pénurie de personnel dans les hôpitaux ontariens, de l’insécurité des emplois et de l’abrogation du projet de loi 124, qui limite les hausses salariales à un maximum de 1 % de la rémunération totale pendant trois ans.

Pour résoudre la crise du personnel en santé, il faut des conventions collectives qui répondent aux besoins des travailleuses et des travailleurs et garantissent une amélioration des salaires, des effectifs et des mesures de santé et de sécurité.

Les régimes de retraite

Près de 90 % des membres du SCFP qui œuvrent en santé ont accès à un régime de retraite agréé. Pour 60 % des membres, il s’agit d’un régime à prestations déterminées. La plupart des membres du SCFP travaillant dans le domaine de la santé participent à de grands régimes de retraite multi-employeurs. Certains sont destinés uniquement aux travailleuses et aux travailleurs de la santé et aux secteurs connexes. D’autres s’adressent au personnel des municipalités ou à l’ensemble de la fonction publique. La plupart de ces régimes multi-employeurs sont à prestations déterminées.

CAMPAGNES

Repenser les soins de longue durée

Le SCFP a lancé la campagne nationale Repenser les soins de longue durée afin d’exercer des pressions sur les élus pour régler les problèmes du secteur. Nous leur demandons notamment d’intégrer les soins de longue durée au système de santé public, de les réglementer en vertu de la Loi canadienne sur la santé et de les financer adéquatement. Nous demandons aussi au gouvernement fédéral de déployer et d’appliquer des normes nationales de soins, notamment en ce qui concerne la dotation en personnel, en plus d’éliminer la propriété à but lucratif des établissements. Pour en savoir plus, visitez le repenserlessoins.ca.

L’assurance-médicaments

Le SCFP fait campagne aux côtés de la Coalition canadienne de la santé pour la création d’un régime national d’assurance-médicaments. Un tel régime permettrait de réduire le coût des médicaments sur ordonnance par habitant et de garantir aux patient(e)s un accès universel et équitable aux médicaments prescrits, et ce, au moment opportun. En décembre 2021, le SCFP, la Coalition canadienne de la santé et 19 autres organisations et expert(e)s en santé publique ont envoyé une lettre conjointe au premier ministre et aux ministres concernés pour demander au gouvernement fédéral d’agir immédiatement afin d’instaurer un régime d’assurance-médicaments public et universel.

La création d’un tel régime fait partie de l’entente entre le NPD et les libéraux fédéraux et une loi est prévue d’ici la fin de 2023. Un formulaire national de médicaments essentiels et un plan d’achat en gros sont prévus d’ici juin 2025. Nous devons continuer à exercer des pressions pour que l’entente PLC-NPD soit respectée et qu’un régime universel d’assurance-médicaments à payeur unique soit mis en place.

Non à la privatisation de la collecte de plasma

Le SCFP collabore avec des syndicats et des organismes sans but lucratif partout au Canada pour promouvoir l’expansion de la collecte de plasma auprès de donneuses et donneurs bénévoles. Ces dernières années, plusieurs provinces ont permis à des entreprises à but lucratif de payer des gens pour leur plasma et de le vendre ensuite sur le marché international. Les données internationales et les recommandations de l’enquête Krever au Canada confirment qu’il est préférable que la collecte soit faite auprès de bénévoles. Le SCFP continuera de promouvoir le déploiement des collectes de plasma de la Société canadienne du sang, qui font appel à des donneuses et des donneurs bénévoles, ainsi que de bonnes pratiques de dépistage qui assurent la sécurité des donneuses et donneurs de plasma et de sang.