Le mythe des pénuries généralisées de compétences et de main-d’œuvre a été déboulonné en grande partie, mais cela veut-il dire que les travailleurs canadiens sont surqualifiés pour leur emploi ou pour les emplois disponibles? C’est en tout cas ce que pensent bon nombre de travailleurs, en particulier les diplômés universitaires sans emploi, qui travaillent dans le secteur de la vente au détail ou qui occupent des emplois manuels.  

La surqualification est particulièrement fréquente chez les immigrants et surtout les immigrantes qui ont des diplômes universitaires provenant de l’extérieur du Canada ou des États-Unis. Ce constat semble indiquer que les obstacles systémiques (manque de reconnaissance des titres étrangers, difficultés de réseautage et racisme) demeurent aussi problématiques que la surqualification.  

Dans l’ensemble, les taux de surqualification des nouveaux diplômés universitaires ont peu varié au cours des deux dernières décennies. Environ 18 % des diplômés universitaires âgés de 24 à 34 ans occupent des emplois qui exigent simplement un diplôme d’études secondaires, et 40 % occupent des emplois qui exigent une scolarité de niveau collégial ou inférieur. 

Au cours des 20 dernières années, les taux de surqualification des titulaires d’un diplôme collégial ou de certificat de métier ont diminué considérablement. Tout de même, plus de 30 % de ces jeunes travailleurs occupaient des emplois qui exigent un diplôme d’études secondaires ou moins.  

Les taux de surqualification diminuent avec l’âge et l’expérience dans la population active. Ils sont quand même de près de 20 % en moyenne.

Est-ce que ce phénomène signifie que les études supérieures ne payent pas? Pas du tout. Compte tenu des droits de scolarité croissants, de la période de prospérité dans le secteur de la construction et l’essor du secteur des ressources naturelles, le retour sur l’investissement dans l’éducation a diminué. Mais les diplômés collégiaux et universitaires gagnent toujours considérablement plus au cours de leur vie que ceux qui ont des études de niveau secondaire. 

Qui plus est, les diplômés universitaires et collégiaux ont des taux de chômage inférieurs et sont en mesure de s’adapter plus facilement lorsque des changements économiques surviennent. Ceux qui ont fait des études supérieures vivent aussi en moyenne cinq ans de plus, car ils jouissent de meilleures conditions socioéconomiques et d’emplois plus sûrs. Une valeur inestimable.