Note d’information pour les militants : Ce à quoi le SCFP peut s’attendre du nouveau gouvernement libéral

Archana Rampure | SCFP Services Nationaux

De nombreux Canadiens se sont réjouis le 19 octobre, lorsque le gouvernement conservateur de Stephen Harper a été balayé par une vague d’appui envers le parti libéral. Le nouveau gouvernement adopte une position beaucoup plus socialement progressiste que ses prédécesseurs; sur ce point, c’est positif. Toutefois, son plan économique ne semble pas très différent de celui des conservateurs.

Aujourd’hui, quelques mois après cette élection, nous commençons à avoir une image plus claire de ce que le nouveau gouvernement nous réserve.

Les services de garde à l’enfance

La création d’un programme national de garderies serait le plus important nouveau programme social créé depuis l’assurance-maladie. Nous avons démontré que les garderies sont bonnes pour l’économie et les familles. Les libéraux élaboreront un nouveau régime national de services d’éducation à la petite enfance et de garderies avec un certain financement provenant de leur enveloppe « d’infrastructure sociale ». Mais ce programme pourrait mener à l’augmentation des services de garde d’enfants fournis par le privé.

Les soins de santé

Les libéraux ont promis de « convoquer immédiatement » une réunion des premiers ministres pour négocier un nouvel Accord sur la santé, mais ne se sont pas engagés à annuler les compressions de 36 milliards de dollars du gouvernement Harper. La politique de santé fédérale pourrait bien s’harmoniser à celle de l’Ontario, qui tente de remédier aux lacunes des soins actifs et de longue durée en augmentant les soins de santé privés. En ce qui concerne l’assurance-médicaments, les libéraux soutiennent l’achat en vrac et peut-être un régime d’assurance-médicaments dit « catastrophique », dont on peut bénéficier seulement si les coûts des médicaments dépassent un certain pourcentage du revenu du ménage.

Les régimes de retraite

Lors de la réunion du ministre des Finances libéral en décembre 2015, Bill Morneau, avec les ministres des Finances provinciaux, ont mis en suspens l’expansion du Régime de pensions du Canada (RPC) jusqu’à une prochaine réunion. Bill Morneau n’est pas personnellement pour une expansion du RPC. Il y a donc vraiment des raisons de s’inquiéter. Les libéraux pourraient également tenter d’utiliser des fonds du RPC/RRQ pour privatiser des infrastructures. Enfin, le parti a été muet sur la proposition d’autoriser la conversion rétroactive des régimes de retraite à prestations déterminées en régimes de prestations cibles dans les domaines de compétence fédérale.

L’infrastructure

La grande promesse électorale des libéraux était d’augmenter les dépenses d’infrastructure de 60 milliards de dollars en dix ans. Un total de 125 milliards de dollars sera dépensé dans trois principaux domaines : les programmes sociaux, le transport en commun et les projets écologiques. Le financement du transport en commun sera alloué en priorité aux routes, ponts, corridors de transport, ports et accès frontaliers. Le financement des programmes sociaux sera alloué en priorité aux logements abordables et installations destinées aux personnes âgées, aux services d’éducation à la petite enfance et garderies, et aux infrastructures récréatives ou culturelles. Le financement écologique sera alloué en priorité aux installations locales de traitement des eaux, aux infrastructures capables de résister aux changements climatiques, à l’énergie propre et au nettoyage des sites contaminés pour faciliter les nouvelles constructions.

Bonne nouvelle : le nouveau gouvernement a rapidement éliminé la présélection obligatoire des PPP exigée pour tout projet de plus de 100 millions de dollars. Mauvaise nouvelle : les libéraux se sont engagés à soutenir la « diversification des modes de financement et d’approvisionnement ». Il faut donc s’attendre à une augmentation de la privatisation et de la sous-traitance.

Le droit du travail

Avec l’adoption du projet de loi C-4, les libéraux progressent dans leur engagement à annuler le projet de loi C-377 (divulgation obligatoire des renseignements des syndicats) et le projet de loi C-525 (qui rend la syndicalisation plus difficile dans les domaines de compétence fédérale).

L’éducation postsecondaire

Pendant la campagne électorale, les libéraux ont promis d’augmenter de 3,3 milliards de dollars les bourses du gouvernement fédéral accordées aux étudiants. Les promesses supplémentaires aux étudiants du Canada comprenaient le projet d’expansion du Programme d’aide au remboursement pour s’assurer qu’aucun diplômé ayant reçu des prêts étudiants ne soit tenu de les rembourser avant de gagner un revenu d’au moins 25 000 $ par année, en plus de retarder les frais d’intérêt sur les frais de scolarité.

La réforme démocratique

M. Trudeau a promis que cette élection était la dernière du système uninominal majoritaire à un tour. Il s’est engagé à établir un comité représentant tous les partis pour envisager une réforme électorale (y compris la représentation proportionnelle et le mode de scrutin préférentiel) et une législation sur la réforme électorale dans les 18 mois suivant la formation de son gouvernement.

Les Premières Nations

Une enquête sur les femmes autochtones disparues ou assassinées a été annoncée. Les libéraux ont fait la promesse pendant la campagne électorale de mettre fin à tous les avis d’ébullition de l’eau dans les réserves des Premières Nations au cours des cinq prochaines années. Ils ont également promis d’augmenter les dépenses en éducation et de mettre en œuvre les 94 recommandations de la Commission de vérité et de réconciliation.

Les accords commerciaux

Les libéraux appuient le libre-échange en général, et l’Accord économique et commercial global (AÉCG) et l’Accord de libre-échange du Partenariat transpacifique (PTP) en particulier. Ils ont également indiqué qu’ils veulent conclure des accords commerciaux avec la Chine et l’Inde. Jusqu’ici, ils ont été silencieux concernant l’Accord sur le commerce des services (ACS), un accord qui met les services publics à risque.

Analyse

Le taux de participation a considérablement augmenté lors des dernières élections : de 61,1 pour cent en 2011 à 68,5 pour cent en 2015. En fait, 2,7 millions de Canadiens de plus ont voté en 2015 qu’en 2011.

Le vote total pour le parti conservateur n’a pas beaucoup varié par rapport à 2011. Le NPD a perdu un quart de ses votes. Mais le facteur principal est l’augmentation de la participation électorale, et le surplus des votes a presque entièrement bénéficié au parti libéral.

Ce à quoi le SCFP peut s’attendre du nouveau gouvernement libéral