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Il est temps de repenser les services de garde

Le rapport de l’Institut Fraser du mois d’août intitulé The Cost of Raising Children (Ce qu’il en coûte pour élever un enfant) a provoqué une réaction immédiate dans les pages d’opinions des médias, sur Facebook et sur Twitter. Une véritable avalanche d’articles et de commentaires déferle présentement pour réfuter le rapport. Pourquoi une telle réaction? Simplement, parce qu’on ne peut pas affirmer des choses contredisent ce que vivent les gens.

En réalité, trop de familles ont du mal à trouver une place en garderie. Bon nombre sont inquiètes de la qualité des services fournis à leurs enfants. Une majorité de familles doivent improviser pour trouver des solutions pour la garde de leurs enfants qu’elles ont les moyens de se payer. Les jeunes familles subissent des pressions de toutes parts. Aujourd’hui, les jeunes mères et les jeunes pères doivent travailler plus fort et plus longtemps que leurs parents. Beaucoup de familles sont tout simplement en mode survie.

Les services de garde et les politiques de soutien aux familles devraient permettre aux mères et aux pères de travailler ou de faire des études sans avoir à poireauter des années sur une liste d’attente. Ils ne devraient pas non plus avoir à défoncer le budget familial pour faire garder leurs enfants. C’est évident, tous les parents conjuguent mieux leurs responsabilités professionnelles et familiales lorsqu’ils ont l’assurance que leurs enfants sont en sécurité, qu’ils s’épanouissent et qu’ils sont heureux.

Un groupe de syndicats canadiens, de concert avec l’Association canadienne pour la promotion des services de garde à l’enfance, le Child Care Resource and Research Unitet la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants, se sont associés pour lancer une nouvelle campagne visant à faire des services de garde à l’enfance un enjeu central lors de la prochaine élection fédérale.

Nous réunissons des gens afin qu’ils parlent de leur expérience de recherche d’une place en garderie ou encore du coût qu’ils doivent assumer. Nous voulons tenter de dégager des tendances afin de déterminer ce qui fonctionne bien ainsi que les changements qui s’imposent. Nous voulons que les gens comprennent que la situation actuelle n’est pas immuable et  leur donner l’espoir que les choses peuvent changer pour le mieux.

Tout le monde a son histoire

Peu importe que l’on soit un parent, un grand-parent, un ami, une tante ou un oncle, nous avons tous et toutes une histoire à raconter qui illustre pourquoi les services de garde à l’enfance doivent être une priorité des gouvernements. Que ce soit la longueur de la liste d’attente, la débrouillardise affichée en attendant de trouver une place abordable ou des parents qui n’arrivent jamais à trouver de place, les exemples sont nombreux et poignants. L’accès aux services de garde est particulièrement difficile dans les petites collectivités rurales de même que pour les parents qui effectuent certains quarts de travail et pour ceux dont les enfants ont des besoins particuliers.

De nombreux grands-parents doivent réorganiser leur travail et leurs projets de retraite afin d’aider leurs enfants adultes aux prises avec un problème de garde d’enfants. « À cause du coût élevé des services de garde, ma fille compte sur moi pour prendre soin de ses enfants. À mon âge, ce n’est pas facile », a déclaré une grand-mère.

Une autre grand-mère passe deux heures par jour au téléphone avec sa petite fille qui vit à des centaines de kilomètres de chez elle afin de l’aider à faire ses devoirs et de s’assurer qu’elle est en sécurité. Le quart de travail de sa fille a été prolongé et prend fin deux heures après la fermeture du service de garde scolaire,

Un père nous a dit que sa conjointe et lui ont opté pour des quarts de travail décalés -il travaillait de nuit et elle de jour- parce qu’ils ne trouvaient pas de service de garde réglementé et abordable. Ils ont aussi dû déménager plus près du  lieu de travail du père afin qu’il arrive à la maison plus rapidement pour permettre à la mère d’arriver au travail à l’heure. « Nous avons survécu, mais cette façon de faire a été très éprouvante pour notre famille. »

Une jeune mère explique : « Parce que je n’étais pas admissible à une subvention pour frais de garde et que je n’avais pas les moyens de payer les tarifs d’un service de garde réglementé, j’ai dû confier mon enfant à une responsable de garde en milieu familial qui n’avait pas de permis, à vrai dire à une parfaite étrangère. Ça me faisait vraiment peur. »

Le fardeau financier des familles

Des parents nous ont dit avoir été dans l’obligation de vendre leur maison et de devenir locataires pour être en mesure de payer les services de garde. D’autres disent louer des chambres dans leur maison afin de générer un revenu supplémentaire pour payer leur service de garde. Les services de garde représentent la deuxième plus importante dépense d’une famille après le logement. Pour de nombreuses familles, il est impossible de payer à la fois l’hypothèque d’une maison et la garderie.

Certaines personnes remettent à plus tard l’idée de fonder une famille faute d’avoir l’assurance de trouver un service de garde abordable. D’autres renoncent à avoir un deuxième ou un troisième enfant à cause du manque de services de garde de qualité et abordables.

Les parents étaient unanimes : ils souhaitent recourir à des services de garde à l’enfance, mais l’allocation mensuelle fédérale pour la garde d’enfants ne fait rien pour les aider à trouver un service de garde de qualité ni à en assumer le coût.

C’est le bon moment d’agir

Les assemblées de cuisine ont aidé les gens à réaliser qu’il ne s’agit pas d’un problème individuel et qu’il existe ailleurs au Canada et dans le monde des systèmes qui offrent de meilleurs services aux enfants et aux parents. Il est donc possible de faire autrement. Les gouvernements ont un rôle important à jouer pour soutenir les parents en assurant un financement adéquat, en adoptant des politiques publiques efficaces et améliorant la reddition  de comptes.

Presque partout au Canada, le tarif de garde moyen pour un bambin varie entre 600 à 850 dollars par mois. Mais au Québec, il est de 154 dollars par mois. Nous savons, par les études économiques menées au Québec et ailleurs dans le monde, que des services de garde de qualité stimulent l’économie car ils réduisent la pauvreté, soutiennent l’égalité des femmes et favorisent le développement à long terme des enfants.

Le CCPA condamne le rapport de l’Institut Fraser

Pour une réfutation point par point du rapport de l’Institut Fraser, rendez-vous sur le blogue du Centre canadien de politiques alternatives (CCPA ) et lisez l’article de Kate McInturff intitulé Leaving Children Out in the Cold (Abandonner les enfants à leur sort).