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L’analyse que fait l’Institut Fraser des salaires dans les secteurs privé et public comporte plusieurs vices graves. Lisez la lettre d’opinion de Paul Moist, président national du SCFP, publiée par Troy Media le 1er mai 2013.
  

Au Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), nous sommes d’accord avec l’Institut Fraser sur un point : l’importance d’avoir une conversation sur les salaires et les inégalités. Cependant, le vrai problème d’inégalité ne se trouve pas entre les travailleurs du public et du privé appartenant à la classe moyenne; elle se trouve entre les gens ordinaires et les riches PDG avec qui travaille l’Institut Fraser. De plus, cette conversation doit avoir pour assises des recherches rigoureuses et une conversation plus large sur l’équité et les salaires au pays.

L’analyse que fait l’Institut Fraser des salaires dans les secteurs privé et public comporte plusieurs vices graves. Premièrement, contrairement à ce qu’il prétend, son rapport ne tient pas compte de la profession. La page 35, où l’Institut Fraser définit l’équation qu’il a utilisée, n’inclut pas la profession dans les variables explicatives, alors que cela devrait être le facteur le plus important.

Deux travailleurs peuvent avoir le même âge, le même sexe, le même état civil, le même niveau de scolarité et la même ancienneté à leur poste, mais l’un est le gouverneur de la Banque du Canada, dans le secteur public, et l’autre travaille au privé comme préposé dans une agence de location. Selon l’analyse de l’Institut Fraser, ces deux individus sont semblables et travaillent dans le même domaine (finances, assurances et immobilier). C’est évident que le salaire du gouverneur de la Banque du Canada est nettement supérieur à celui du commis. On doit obligatoirement tenir compte de l’emploi occupé lorsqu’on compare des salaires.

Selon La lutte des salaires du SCFP, les employés du secteur public touchent une rémunération à peine supérieure (0,5 pour cent) à celle des travailleurs du secteur privé, à emploi similaire. Ceux et celles qui occupent les emplois les moins bien rémunérés, comme les préposés à l’entretien, les cuisiniers, les secrétaires et les commis de bureau, sont généralement mieux payés s’ils œuvrent dans le secteur public. Dans le cas des emplois les mieux rémunérés, comme ceux d’avocat, de comptable, de gestionnaire et de technicien en informatique, c’est le contraire.

L’écart salarial des femmes est moins important au public qu’au privé, grâce, en partie, aux lois et politiques d’équité salariale plus musclées dans les milieux de travail de la fonction publique. D’un autre côté, les hommes du secteur public touchent une rémunération en moyenne 5,3 pour cent inférieure à celle des hommes occupant un emploi similaire au privé. Bien que les moyennes générales s’équivalent (à 0,5 pour cent près), la paie au public est nettement plus équitable selon le sexe, l’âge, la profession ou la région.

Ces échelles salariales plus équitables dans le secteur public reflètent les priorités de notre syndicat : réduire les inégalités, éliminer la discrimination, obtenir l’équité salariale pour les femmes et rehausser le salaire des travailleurs les moins bien rémunérés.

Les échelles salariales du privé ne devraient pas servir de modèle au secteur public. Ce serait une erreur qui ferait en sorte qu’un grand nombre de personnes toucheraient un salaire de misère, tandis que les PDG et les dirigeants feraient des dizaines de millions.

Au contraire, le secteur privé devrait s’inspirer des échelles salariales plus équitables du public, en augmentant les salaires au bas de l’échelle et en offrant une rémunération moins exagérée au sommet. Même le FMI, l’OCDE et le Conference Board sont d’avis que les inégalités croissantes sont mauvaises pour la société et l’économie. Pour aller réellement de l’avant, il faut absolument réduire les inégalités et augmenter les salaires au bas de l’échelle.